Ne te retourne pas de Marina de Van

Publié le 04 juin 2009 par Orsérie - Le Journal Du Beau & Du Bien-Etre
Personnalité à part dans le cinéma français, Marina de Van reviens 5 ans après “Dans ma peau” avec “Ne te retourne pas”, un drame teinté de fantastique, étrange et inquiétant, et surtout déstabilisant.

    Jeanne vient de se faire refuser le manuscrit de son nouveau roman, un livre dans lequel elle tente de reconstruire l’histoire de son enfance évaporée pour une raison qui dans un premier temps nous échappe totalement. En rentrant chez elle, une scène de famille banale puis une table qui semble avoir changé de position. En faisant la remarque à son mari, Jeanne met le doigt dans un engrenage régressif ou tout ses repères sont soudainement brouillés.

Le film fonctionne d’abord sur un fait simple : nos vies modernes sont articulées autour des objets qui nous entoure. Dès lors qu’une chose change de place sans raison apparente, le changement peut-être perceptible physiquement et induire une crainte légitime. Ne te retourne pas fonctionne sur ce principe là et tout le travail de Marina de Van consiste à brouiller les repères sensoriels, non seulement de son héroïne, mais des spectateurs aussi. En cela, Ne te retourne pas marche assez bien, car l’étrange ambiance qui plane sur le film nous contamine assez facilement. Reste que notre sentiment est ambigu, on adhère difficilement à cette histoire mais une certaine fascination s’exerce malgré tout, notamment tout du long du processus de transformation physique de Sophie Marceau en Monica Bellucci. L’exercice était périlleux, mais l’effet marche plutôt bien.

Esthétiquement aussi, le film nous laisse sur une étrange impression. L’image est très lisse, la photo hyper léchée, mais ne séduit pas du tout. Tout est en ordre, dans un certain ordre, propre, droit, rangé, à sa place. Même les espaces de désordre sont trop parfaitement désordonnés pour ne pas paraître factices. On est donc dans un monde clinquant, un peu irréel, une façade. Cela aide à la décomposition du monde de Jeanne, en même temps que nos repères de spectateurs sont eux aussi brouillés.
En clair, tout ce qui compose le film dans un premier temps se retrouve inversé à un moment, y compris la langue dans laquelle les personnages parlent, passant soudainement du français à l’italien.

Les doubles au cinéma sont légions, et pas forcément une garantie d’émotions fortes. Marina de Van arrive à offrir un film original, inquiétant, et s’en tire honorablement même si elle peine à convaincre.
Il m’est difficile de porter un véritable jugement sur ce film, ni trop sûr d’avoir aimer, ni trop sûr d’avoir déserté en cours de route. Je reste à cette impression mitigée. Le film devrait lui largement diviser son public.

B.T

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