Antichrist - De Lars Von Trier

Par Kilucru

Antichrist
Un film de Lars Von Trier
Avec Charlotte Gainsbourg, Willem Dafoe
Prix d’interprétation féminine pour Charlotte Gainsbourg - 62ème Festival de Cannes 2009

Synopsis

Un couple en deuil se retire à " Eden ", un chalet isolé dans la forêt, où ils espèrent guérir leurs coeurs et sauver leur mariage. Mais la nature reprend ses droits et les choses vont de mal en pis...
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Quand l’irréparable survient !
Annoncé par une séquence toute en ralenti, le prologue, noir et blanc, opposant la violence du désir et le plaisir charnel des parents au destin tragique de l’enfant. Ainsi débute le film et s’achève le prélude sur une procession derrière un trop petit cercueil et une mère, une femme qui s’effondre sans un mot alors que les larmes coulent et s’expriment sur le visage du père.
Retour à la lumière naturelle, d’une chambre d’hôpital, acte I la douleur, celle qui engloutit Charlotte Gainsbourg, surnageant à peine assommée par les cachets apparemment sans autre effet que l’oubli, que celui d’apaiser une blessure trop vive. A l’opposé son époux psychothérapeute est lui partisan d’une méthode comportementale reposant sur une analyse : examinons les peurs, les souffrances, ces démons intérieurs. Quitter l’hôpital, affronter les peurs cachées de la jeune femme, là où elles semblent le plus prononcées : partir pour Eden, tel est le défi qu’ils s’imposent et ce malgré une certaine réticence de son épouse.
Là au milieu des bois, dans une ambiance très particulière et ne serait- ce qu’en cela le film est une réussite, lumières, couleurs presque jaunies, comme si le temps avait délavé la réalité. Là donc se passera le deuil, Acte II, presqu’une accalmie avant la tempête, celle du désespoir, Acte III.
Raconter ce film est une gageure, véritable huis clos entre une femme et son compagnon cette œuvre fourmille cependant d’une présence, celle des animaux des bois aux apparitions surprenantes, et enfin ce qui semble meubler l’espace, bruits explicites ou pas, la forêt englobant de ses arbres la maison, la forêt véritable matrice, et ce parfum voulu par l’auteur, ce léger sentiment de surnaturel, cette part d’ombre, réelle au fond de nous, que nous projetons tout autour de nous..et puis bien sur l’inexplicable..Serait-ce « le chaos» ?
Violent oui, abrupt encore plus, mais comment mieux expliquer une douleur, un désespoir, une brutale souffrance, tellement forte qu’elle peut conduire à l’impensable! Souffrir dans sa chair, faire souffrir, s‘attacher l’autre au propre comme au figuré, balayer cet objet du désir, oui autant de points délicats, qui ont pu, qui doivent même heurter! Quand à l’affrontement final, oui il s’agit bien de cela il existe certainement différentes interprétations possibles et faut il à tout prix en choisir une ? Je m’en sens pour l’instant bien incapable !
Une chose est certaine ce film ne laisse pas indifférent et quoi qu’il en soit « ne tirez pas. . »...sur le cinéaste. .qui ose encore!
Et puis ce film est tellement riche, emmené visuellement par les deux seuls acteurs, au jeu exceptionnel, justement récompensé pour Charlotte Gainsbourg par le Prix d’interprétation féminine face à Willem Dafoe et son insondable visage anguleux !