Les jardins d'économie d'eau...

Par Greg Catel

Vous le savez, ou pas, mais il y a de très nombreuses années, j'étais paysagiste. Un métier qui m'a fait rencontrer des gens, passionnés, et maîtres dans l'art de mettre en scène un jardin. Parmi eux, un ami, un vrai, Pascal Le Normand. Installé aujourd'hui à Marrakech, il s'intéresse de très près à la relation entre jardin et eau... Petits conseils d'un spécialiste...


Illustrations : Marion Le Normand


L'eau devient rare. C'est un fait, et il est impossible de passer outre le triste constat de l'état
de notre planète.
Depuis tout temps, l'homme est particulièrement lié à l'eau et à l'exploitation qu'il en fait et d'autre part au jardin de par son côté symbolique et fonctionnel.

Aujourd'hui le problème qui se pose majoritairement dans toutes les sociétés est le suivant : comment exploiter au mieux les ressources en eau ? Et pour nous concepteurs paysagistes, notre mission devient double : comment mettre en valeur les espaces de la couverture de verdure terrestre tout en diminuant la consommation en eau ?


Cette approche du jardin et des espaces verts est possible, par plusieurs techniques et solutions adaptables en fonction des climats, même les plus chauds. C'est à partir d'informations existantes et par un travail de recherche, que nous avons pu réunir les facteurs nécessaires pour tendre à cet équilibre entre la beauté d'un site et la réduction de sa consommation en eau.

«Le choix des plantes est un élément non négligeable, il se fait grâce à une étude précise du développement de l'individu végétal sur site à Marrakech, en fonction de la course du soleil, du travail du sol, plusieurs espèces présentes des qualités certaines, endémiques ou pas».

En effet, un choix végétal ciblant des espèces adaptables à des conditions de sécheresse évitera, sur le court terme, de mauvaises surprises dans votre jardin, et sur le long terme, atténuera de façon certaine
votre consommation en eau.

A ce facteur, nous pouvons ajouter le travail du sol. Tout, d'abord, lors de la plantation, avec l'élargissement du trou, et l'apport de matière organique, et des amendements à décomposition lente pour assurer un bon ancrage et le développement des racines dans le sol.

Ensuite, par la mise en place d'un paillage sur le sol. Celui-ci peut être organique avec des copeaux de bois par exemple ... ou minéral (décoration). Et enfin, l'entretien, premièrement en suivant le vieil adage
qui dit: "un binage vaut bien deux arrosages», c'est-à dire qu'il faut briser la croûte superficielle de la terre pour l'aérer et ainsi laisser remonter par capillarité l'humidité du sous sol, qui est donc profitable aux végétaux, puis en limitant l'utilisation de produits chimiques.

Il est ensuite possible de récupérer les eaux de pluies (terrasses, ruissellements, gouttières, drainages...) dans une bâche à eau enterrée, et, même les eaux usées de la maison par le biais de bassin de purification dans le jardin, là aussi la mise en place et l'efficacité sont assurées par un choix végétal précis. Une étude de mini station d'épuration est à concevoir en parallèle des aménagements du jardin d'économie d'eau.

Pour finir, l'agencement général du jardin, la décoration, le design et l'architecture extérieure, participent
entièrement à la réussite de la conception d'un jardin d'économie d'eau.

«Il faut savoir que lorsque nous parlons de jardin d'économie d'eau, ce n'est pas forcément un jardin de type désertique; le choix végétal, l'existence de microclimat, le jeu des couleurs, les senteurs, les perspectives, et donc les ambiances créées, participent pleinement au dénouement du jardin».

Pascal le Normand - Paysagiste conseil
www.marocopaysages.com