Rue des Martyrs : le cabaret Le Carillon

Par Bernard Vassor

PAR BERNARD VASSOR

Ce cabaret fut fondé par Georges Léon Stiers*, dit Tiercy qui avait débuté "aux Décadents", le cabaret de la rue Fontaine (16 bis). Sur l'affiche, nous voyons une concierge se sauver... C'était Tiercy lui-même qui dans ce déguisement s'enfuyait au son de la chanson qu'il avait composée et qui obtenait un très grand succès : "Ah ! mes enfants" C'est moi la concierge d'la maison qui fait l'coin Pleurez mes beaux yeux car j'en ai bien besoin, Ah ! mes enfants !" Le cabaret était situé en réalité à l'angle de la Cité Charles Godon, au premier étage dans un grand atelier avec comme décor une chaire imposante surmontée d'une grande cloche, ce qui justifia le nom de ce cabaret. On pouvait y entendre parfois Paul Delmet. Après le spectacle, qui coûtait deux francs, le café du rez-de-chaussée accueillait les fêtards qui pouvaient ecouter un jeune débutant Henri Dreyfus qui changea de nom un petit peu plus tard et connut lui aussi la célébrité dans le quartier de Montmartre. Tiercy ayant pris "un bouillon" de vingt mille francs céda l'établissement à Alfred Bertrand, auteur dramatique qui fonda la "Société du Cornet" avec Paul Delmet et Georges Courteline. Bertrand Millavoye,patronyme d'Alfred Bertrand qui confia la direction à Fursy, nouveau nom et anagramme d'Henri Dreyfus, qui avait d'abord fait précéder son nom de la particule "de". L'été, dans le jardinet attenant, un tribunal humoristique : "Les Assises du Carillon" où des acteurs étaient chargé de juger l'actualité du moment*. C'était la chanteuse Violette Dechaume qui représentait la partie civile, et Bertrand Millevoye était l'avocat de la défense. Georges Courteline en fit une comédie en un acte : Un client sérieux repésenté pour la première fois le 24 août 1896**, qui d'ailleurs fut jouée au Carillon. ce coup d'essai fut suivi par d'autres joyeuses pièces : Le Gendarme est sans pitié, Théodore cherche des allumettes, la Peur des coups....." Un gros succès également pour Paul Héric et Marcel Hourette : Totote aux enchères, pièce jouée par Mademoiselle Violette Dechaume et messieurs Verdier et Daunis. *Né à Lille en 1861, ancien étudiant en pharmacie, vendeur de produits chimiques. Après avoir fait faillite, créa "Le Sans-Soucis" et ensuite rue de la Chaussée d'Antin le "Théâtre Tiercy" où il choisit de mourir le jour de l'inauguration. **Cela ne vous rappelle-t-il pas une émission radiophonique avec Pierre Desproges et Claude Villers ? (C'est également dans cet immeuble que Frédéric Chopin avait donné pour la première fois la"Marche funèbre") mise à jour le 6 juin 2009 ** Dans la deuxième édition, le nom de Violette Dechaume a disparu, et le nom de "Mapipe a été rayé ?...