Jour de vote, jour d’abstention

Publié le 07 juin 2009 par Lbouvet

Si l’on était aussi cynique que certains responsables politiques français, on dirait qu’ils ont tout fait pour que cette journée exceptionnelle de démocratie – les citoyens de 27 pays élisent en même temps leur Parlement – se transforme en jour d’abstention record (plus de 60% selon les derniers sondages). Or l’abstention a toujours (au moins) deux significations en démocratie : elle témoigne d’un désintérêt ou d’une lassitude de la part des électeurs, et elle favorise mécaniquement les candidats et les partis qui parient sur elle – c’est souvent le cas des partis protestataires qui mobilisent un électorat plus motivé et plus restreint que celui des grands partis de gouvernement. Une fois cet accablant constat dressé, restent deux questions : comment en est-on arrivé là ? Que faire pour éviter à nouveau un tel échec démocratique ?

Cette chronique a déjà beaucoup répondu à la première question depuis deux semaines. En réponse à la seconde, on ne peut qu’émettre un certain nombre de souhaits : que l’on parle (dans les médias notamment) de ce qui se passe dans les institutions européennes au quotidien et pas seulement tous les cinq ans pendant les élections ; que les responsables politiques français intègrent la dimension européenne dans leurs préoccupations sans faire de l’Europe le bouc émissaire de leurs insuffisances ou de leurs lâchetés ; que les citoyens, à leur tour, comprennent que ce qui se joue à Bruxelles et à Strasbourg détermine leur avenir au moins autant si ce n’est plus que ce qui se décide à Paris.

En ce jour de vote, c’est ce qui devrait compter avant tout. Bien plus en tout cas que le triste spectacle d’une classe politique française enfermée dans des certitudes en forme d’impasse.

Chronique publiée dans le quotidien Nice Matin le 7 juin 2009.

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