Obama, Sarkozy et le narcissisme

Publié le 07 juin 2009 par Juan
Les médias en font-il trop ? La visite éclair de Barack Obama en Europe a suscité nombre de commentaires ironiques, y compris sur ce blog, sur l'agenda français du président américain.
Obama s'en fiche
Arrivé vendredi soir sur le sol français, Obama a préféré passer la soirée à l'ambassade américaine, place de la Concorde à Paris, à quelques mètres du Palais de l'Elysée, plutôt que de dîner avec son homologue français. Le lendemain soir, même topo. La famille Obama est sortie dîner "en privé" dans le 7ème arrondissement de Paris, après une visite de la cathédrale Notre Dame vers 19H30. Le couple Sarkozy pouvait disposer.
Samedi midi, devant les journalistes, Nicolas Sarkozy a montré un agacement certain. Un journaliste français demanda à Barack Obama les raisons d'une visite aussi brève. Le président américain répondit que son planning était trop serré (ce qui ne l'empêche pas plusieurs heures en famille lors de son séjour à Paris), que Nicolas Sarkozy était un "ami" qu'il pouvait appeler à tout moment («Je crois que vous prêtez trop de signification à mon emploi du temps»), et, last but not least,que Sarkozy parlait si vite que leurs rencontres n'avaient pas besoin d'être longue. Ouch ! Avec un ami pareil, Nicolas Sarkozy n'a qu'à bien se tenir...
Alors que la question ne s'adressait pas à lui, Nicolas Sarkozy embraya avec hargne et agacement:
«Vous croyez qu'on n'a pas autre chose à faire que de faire des belles photos en papier glacé?  Vous pensez qu'avec la crise économique internationale, le chômage aux Etats-Unis, le chômage en France, le chômage en Europe, le problème de l'Iran, on a que ça à faire de calculer, est-ce qu'on va prendre un bon restaurant ensemble ou est-ce qu'il va passer une nuit de plus ici ? Vous croyez que les gens attendent simplement qu'on soit là tous les deux en se tenant la main? Ils veulent des résultats, que sur des dossiers comme l'Iran ou la Corée du Nord, on soit en harmonie globale»

Les deux chefs d'Etat ont masqué autant que possible leurs divergences. Et Sarkozy sa jalousie ou sa rancune.... "l’illusion aura été parfaite" a commenté un journaliste de 20minutes. En France, tout le monde a bien sûr remarqué que le Monarque se cherchait une belle page de pub pour le scrutin du lendemain.
L'important était ailleurs
Aux Etats Unis, la presse s'intéresse peu à ses enjeux egotiques. L'essentiel du déplacement de Barack Obama était son discours du Caire. Barack Obama est un "visiteur qui embarrasse" le monde musulman, rapporte le rédacteur en chef d’Al-Hayat: "Notre célèbre visiteur en a visiblement embarrassé plus d’un. Il a démontré que le Grand Satan [nom donné aux Etats-Unis, notamment par l’Iran] demeure toujours séduisant." Effectivement, le positionnement politique de nombre d'intervenants sur la scène politique proche et moyen-orientales était plus aisé quand le locataire de la Maison Blanche s'appelait George W Bush et appelait à la guerre des civilisations...
"Le message est clair. Il n’y a pas de place pour le terrorisme, quel que soit le prétexte. Il faut un Etat palestinien, mais sa création présuppose une reconnaissance du droit à l’existence de l’autre Etat [Israël]. La création d’un Etat palestinien est dans l’intérêt des Palestiniens, des Israéliens et des Américains. On ne peut pas accepter une extension des colonies israéliennes. L’Iran a le droit à l’énergie nucléaire civile, mais pas à la bombe. Le respect des convictions [religieuses] et des droits des minorités et des femmes ainsi que la liberté d’expression sont des demandes qui doivent être satisfaites. Le profond respect dont Obama a fait preuve vis-à-vis du monde musulman met celui-ci au défi de créer, lui aussi, les conditions d’un partenariat. Il faudra patienter avant de savoir si le monde musulman a vraiment le désir et la capacité de s’insérer dans un partenariat d’intérêts communs, de dialogue et de solutions négociées." (Source : Courrier International)
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