Un braquage et un incendie qui tombent à pic

Publié le 09 juin 2009 par Letuyo

A Nice, la délinquance recule. Mais à la veille de soutenir sa proposition de loi sur les bandes violentes, Christian Estrosi ne rate pas une occasion de crier au loup.

L’occasion était trop belle. Pensez donc : à deux jours de la présentation de son texte sur les bandes violentes devant la commission des lois de l’Assemblée nationale, voilà deux faits divers impliquant plusieurs auteurs dans sa bonne ville de Nice ! Une aubaine. Samedi matin, un vol à main armée au bureau de Poste de l’Ariane; quelques heures plus tard, au milieu de la nuit, un incendie volontaire déclenché sur une conduite de gaz du quartier des Moulins.

Attention, il n’y a aucun lien entre ces deux événements. Aucun blessé à déplorer non plus, fort heureusement. Juste deux frayeurs pour quelques dizaines de personnes. Juste de quoi entretenir le « sentiment d’insécurité », comme l’on dit. Sentiment que la mairie ne fera rien pour apaiser. Tout au contraire, Christian Estrosi allait même s’employer à souffler sur les braises. « Que l’Etat renforce sa présence ! s’indignait le député-maire dans Nice-Matin de ce lundi. Les policiers de terrain sont de qualité, mais c’est la hiérarchie locale qui n’organise pas suffisamment leur présence, le dimanche et la nuit »

Résultat : au petit déj ce lundi matin, il y avait réunion de crise au menu de la préfecture. Autour du directeur de cabinet du préfet, les patrons de la police et pas moins de 6 adjoints au maire de Nice ont pris place. Ce branlebas de combat pour réagir, rappelons-le, à la fermeture d’un bureau de poste pris pour cible par des malfaiteurs armés et à un incendie volontaire, dont les auteurs présumés (deux mineurs et un jeune majeur) ont d’ailleurs été interpellés très rapidement.

Lundi matin, le député-maire n’avait pas fait le déplacement jusqu’à la salle de crise de la préfecture des Alpes-Maritimes. Alors c’est le placide Rudy Salles qui s’est chargé de s’indigner : « nous sommes face à des problèmes liés aux bandes violentes. Nous avons à faire progresser la loi ». Les enquêtes de police sont certes en cours, mais l’adjoint au tourisme a déjà réalisé son diagnostic (ces faits sont des violences en bande organisée) et livré ses solutions (il faut plus de flics sur le terrain, de nouvelles caméras de surveillance et un arsenal juridique plus sévère).

Au fait : selon les statistiques officielles, la délinquance de voie publique a baissé de 25% depuis 2006 à Nice, et le taux d’élucidation est passé de 21% à 30%. Mais depuis qu’il souffle sur les braises, les probabilités pour Christian Estrosi d’obtenir un siège au gouvernement en qualité de secrétaire d’Etat à la sécurité publique sont, dit-on, en forte hausse.

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