la transhumance

Par Richard Gonzalez

 

sur la route de Mysore, Karnataka, août 2008

On avance avec des rêves et puis on en vit d’autres, sans toujours s’en rendre compte. D’une saison à l’autre, d’un monde vers le monde. Le vrai rêve d’une vie est invisible parce que sa peau colle à nos souliers du jour. Le vrai rêve est notre vie, tant qu’elle bouge, tant qu’elle file, sur sa route vertigineuse d’étroitesse et de feuillées, à peine martelée par le sabot des monstres dociles.
« Voilà ma route ! C’est celle-là, là-bas, qui se cachait dans le vallon ! C’est peut-être celle-là, c’est peut-être une autre. Ne la cherche pas, va ; va devant toi, tout ça c’est la route ! C’est l’arbre de toutes les routes ; dans ses embranchements, il tient la peau du monde debout, comme l’arbre du sang tient ta peau écartée et sonore dans le vent, ô homme ! Va là-dessus avec ta charge et ton temps ! » (Jean Giono, Rondeur des jours)