Hyperhidrose

Publié le 12 juin 2009 par Marieclaude

On parle d'hyperhidrose, du grec hidrôs qui signifie sueur, pour décrire la production excessive de sueur. Sur la base de quel critère peut-on qualifier la transpiration « d'excessive »? Si l'excès de sueur paraît évident en cas de fièvre ou de bouffée de chaleur, celui-ci est plus difficile à cerner lorsqu'il n'est pas associé à une maladie ou un état particulier. Certains auteurs ont quantifié un seuil normal de production de sueur (en nombre de litres par heure), mais il est plus pratique de considérer l'hyperhidrose comme toute transpiration incommodante difficilement contrôlable par l'usage de déodorants ou d'antisudorifiques usuels.

Transpirer est un phénomène physiologique normal qui a pour fonction de réguler la température corporelle. L'activité physique ou une chaleur humide ont pour effet d'augmenter la température du corps. Pour abaisser sa température interne, le corps produit de la sueur qui, en s'évaporant, le rafraîchit. Chez certaines personnes, ce phénomène normal est amplifié.

Parce qu'il s‘agit d'un sujet tabou, peu de gens osent consulter un médecin pour discuter transpiration. Pourtant, de nombreuses possibilités de traitements s'offrent à eux.

Types

L'hyperhidrose n'affecte souvent qu'une partie du corps, comme les pieds, les aisselles, les paumes des mains ou le visage. Ce type d'hyperhidrose, appelée hyperhidrose localisée, toucherait 0,5 % de la population et débute généralement à la puberté. L'hyperhidrose localisée se manifeste principalement chez les personnes qui éprouvent une gêne sociale, des rougissements, des palpitations cardiaques, etc. . Ces symptômes –incluant la transpiration - sont le résultat de la stimulation du système nerveux sympathique (qui stimule l'éveil de l'organisme et permet la réaction de fuite). De 30 % à 50 % des personnes atteintes ont un parent proche souffrant d'hyperhidrose2. Pour l'instant, on ignore comment la transmission s'effectue d'une génération à l'autre.

Lorsque la sueur émane exagérément de tout le corps, on parle d'hyperhidrose généralisée. Cette situation s'observe surtout chez les personnes atteintes d'une maladie, par exemple de diabète, d'hyperthyroïdie, d'une infection chronique, d'une atteinte à la moelle épinière ou d'un cancer. Elle peut aussi être le signe d'une hypoglycémie grave. Aussi, les personnes obèses et les femmes durant leur ménopause ont de fortes de chances d'avoir des sueurs sur tout le corps.

Cette fiche porte essentiellement sur l'hyperhidrose liée à aucune autre maladie.

Les glandes sudoripares

De 2 à 4 millions de glandes sudoripares sont réparties à la surface de notre peau. Leur densité varie d'une région à l'autre. Elles sont, par exemple, dix fois plus denses aux pieds et aux mains que dans le dos. Sous le contrôle du système nerveux sympathique, ces glandes produisent en moyenne 1 litre de sueur par jour, mais en cas d'hyperhidrose, cette production peut aller jusqu'à 1 litre de sueur par heure.

Conséquences

Dépendamment de son ampleur, l'hyperhidrose peut se vivre difficilement par les personnes qui en sont atteintes. Cela serait plus particulièrement le cas des femmes, généralement plus soucieuses de leur esthétique. L'hyperhidrose peut préoccuper constamment l'esprit et provoquer un malaise important en public, ce qui mine les relations. La personne se retrouve alors dans un cercle vicieux, puisque la sueur elle-même est vécue de manière gênante, et que la gêne déclenche les sueurs...

Pour ce qui est des conséquences physiologiques, les personnes atteintes d'hyperhidrose sont évidemment plus à risque de déshydratation. En outre, la sudation rend la peau plus sensible à diverses affections :
- des infections (le pied d'athlète, une infection des ongles);
- de l'eczéma de contact;
- des boutons de chaleur;
- une mauvaise circulation sanguine (engelures, maladie de Raynaud);
- des odeurs désagréables, surtout aux pieds.

Symptômes

  • Une transpiration excessive aux pieds, aux aisselles ou aux paumes des mains, plus rarement au cou, au tronc et aux jambes, et très rarement au visage.
  • Une transpiration sur tout le corps en cas d'hyperhidrose généralisée.

Personnes à risque

  • Les personnes ayant un parent proche souffrant d'hyperhidrose.
  • Les personnes souffrant de phobie sociale.
  • Les personnes obèses.

Facteurs de risque

Les causes de l'hyperhidrose n'étant pas bien connues, aucun facteur de risque n'a été identifié.

Voici quelques facteurs connus pour déclencher des sueurs, qui sont les mêmes qu'on souffre ou pas d'hyperhidrose :

- une chaleur ambiante élevée;
- des émotions générées par un état de stress ou d'anxiété;
- l'activité physique;
- certains aliments (aliments chauds, épicés, contenant de la caféine ou de l'alcool).

Prévention

Il n’existe aucun moyen de prévenir l’hyperhidrose. Toutefois, il est important de prendre conscience des éléments qui causent les sueurs pour apprendre à les surmonter, ou sinon, les éviter. Voici quelques exemples.

Apprendre à se détendre. Dans le cas où les émotions sont un déclencheur des sueurs, les techniques de relaxation fournissent des outils précieux pour apprendre à prévenir ou réduire la transpiration. Il existe différentes techniques, comme le yoga, la méditation et le biofeedback. Le Dr Andrew Weil conseille aussi d’effectuer des exercices de respiration3.

Modifier son alimentation. Éviter de boire des boissons chaudes (thé, café, tisanes), de même que l’alcool, qui augmentent la température corporelle. Attention également aux plats épicés. L’ail et l’oignon, quant à eux, donnent à la sueur une odeur forte.

Traitements médicaux

Avertissement. Une hyperhidrose soudaine non expliquée, une hyperhidrose accompagnée d’une perte de poids ou qui se produit essentiellement la nuit peut être le signe d’une maladie sous-jacente et nécessite une consultation médicale. Une prise en charge immédiate doit se faire si la transpiration est accompagnée de douleur dans la poitrine et de faiblesse.

Les traitements vont, selon la gravité du problème, des antisudorifiques à base de sel d'aluminium au chlorure d'aluminium, à l'ionophorèse, à l'injection de toxine botulinique et, en dernier recours, à la chirurgie.

Antisudorifiques

On confond souvent antisudorifiques et déodorants, deux produits aux effets forts différents. Les déodorants masquent les mauvaises odeurs en les remplaçant par des parfums, tandis que les antisudorifiques diminuent la production de sueur. Les antisudorifiques sont produits à base de sels métalliques (aluminium ou zirconium) qui obstruent les conduits des glandes sudorifiques. Ils ont en plus des propriétés antibactériennes. Les antisudorifiques ont le désavantage de provoquer des irritations, des rougeurs et des démangeaisons chez certaines personnes.

Les antisudorifiques peuvent être appliqués sans problème sur les mains, les pieds et les aisselles. Toutefois, les antisudorifiques en vente libre sont généralement insuffisants. Des antisudorifiques plus puissants, par exemple le Drysol®, une solution d’alcool éthylique contenant 20 % de chlorure d’aluminium, peuvent être obtenus sur ordonnance par un médecin ou un dermatologue.

Dans les cas plus graves

Thérapie cognitivo-comportementale, antidépresseurs. Lorsque la composante psychique est importante, certains médecins prescrivent des tranquillisants, des antidépresseurs ou des anxiolytiques. Une thérapie cognitivo-comportementale peut également être recommandée.

Ionophorèse. L’ionophorèse consiste à utiliser un courant électrique pour diminuer la sécrétion de sueur. Elle est indiquée pour les personnes qui souffrent d’une hyperhidrose grave aux mains ou aux pieds. Les mains, par exemple, sont immergées dans deux bacs d'eau, dans lesquels on met une électrode reliée à un appareil qui génère un courant de 20 milliampères. La séance dure une vingtaine de minutes et est répétée plusieurs fois par semaine. Une fois que la personne connaît bien les procédures, elle peut se procurer un appareil et faire ses traitements à la maison. Cette méthode doit être poursuivie pour conserver son efficacité. Elle comporte néanmoins certaines contre-indications. S’informer auprès de son dermatologue.

Injection de toxine botulique. L’injection de la toxine botulique (Botox®) s’utilise depuis peu pour traiter temporairement l’hyperhidrose grave des aisselles, des paumes des mains et du visage. La toxine botulique bloque les transmissions nerveuses en direction des glandes sudorifiques. L’effet des injections persiste durant environ quatre mois. Cependant, le traitement nécessite plusieurs injections sous-cutanées. Présentement, on dispose de peu de renseignements sur son efficacité et ses effets secondaires à long terme4.

Traitements chirurgicaux

Sympathectomie thoracique. Cette chirurgie, qui consiste à détruire de manière définitive les ganglions sympathiques qui innervent les glandes sudoripares, traite l’hyperhidrose des aisselles et des mains. L’intervention peut être faite avec un laparoscope, ce qui réduit à la fois la taille de l’incision et le temps de convalescence. Néanmoins, il se peut qu’une hyperhidrose compensatrice se produise dans le dos ou à l’arrière des jambes.

Excision des glandes sudoripares. Par chirurgie, il y a moyen d’aller enlever une partie des glandes sudoripares des aisselles. Les complications locales sont rares.

Conseils pour un meilleur confort au quotidien

  • Se laver quotidiennement pour éliminer les bactéries qui logent sur la peau.
  • Se sécher correctement après le bain. Bactéries et champignons ont tendance à proliférer sur une peau humide. Surveiller particulièrement la peau des orteils. Au besoin, saupoudrer les pieds d’un produit antisudorifique après le séchage.
  • Boire beaucoup d’eau pour compenser les pertes, ce qui peut aller jusqu’à 4 litres par jour. L’urine doit être claire.
  • Changer tous les jours de chaussures si la sueur est localisée aux pieds. Les chaussures ne sécheront probablement pas en une nuit. Il est donc préférable de ne pas mettre la même paire deux jours de suite.
  • Opter pour des chaussures en cuir et des chaussettes en coton ou en laine. Durant la pratique d’activités sportives, porter des chaussettes de sport adaptées et des chaussures avec semelles absorbantes ou antifongiques. Changer de chaussettes une à deux fois par jour.
  • Aérer le plus souvent ses pieds.
  • Choisir des vêtements en tissus naturels (coton, laine, soie) qui permettent à la peau de respirer. Pour les activités sportives, privilégier les fibres « respirantes » qui permettent à la transpiration de s’évaporer.
  • Utiliser des antisudorifiques la nuit sur la paume des mains et la plante des pieds. Préférer les antisudorifiques sans parfum.
  • Porter des vêtements appropriés à la température ambiante. Avoir à portée de la main un vêtement de rechange.

Bonne journée,

Marie claude

ref: Passeport.sante.net