Pay what you want

Publié le 12 juin 2009 par Lejoursanspub @babetauvray

Pendant la crise, les affaires continuent. Denis Robert

Comme tout le monde sait, c’est en période de récession qu'il faut aiguiser les esprits et faire marcher la fantaisie. Jusqu'à imaginer l'inimaginable. Tous les moyens sont bons pour survivre à la crise.
Comme cette agence de pub qui lance le « Pay-what-you-want »

L'idée est originale et nouvelle, au moins pour la pub. En 2004, un restaurant londonien [1] avait lancé la formule "Pas de prix sur le menu". Les clients payaient ce qu'ils voulaient pour leur repas.

Ce concept a été adopté, des années plus tard, par d'autres restaurateurs, comme le très médiatisé Sam Lippert, propriétaire de Java Street Cafe, dans le Ohio. En France, ça commence timidement. Quelques restaurants se sont lancés depuis "la crise” , et apparemment, les clients n'en profitent pas trop, certains paient même plus.

Il faut dire que c’est presque plus embarrassant pour le client que pour le restaurateur. À combien évaluez-vous du Foie Gras de Canard Grillé Rhubarbe Rose Pochée et Framboises au Jus d’Hibiscus ? Et combien donneriez-vous pour une superbe assiette de dessert où les biscuits au cœur coulant, servis chauds, sont couverts d'un parfait glacé au chocolat ? On va tous se transformer en experts des papilles, en Papes de la gastronomie, en pro du guide Rouge de Michelin et décider touts seuls comme des grands du montant de l’addition ?

Mais le "Pay-what-you-want" ne s’arrête pas là. Après la restauration c'est la musique qui prend le relais à l’occasion du lancement du nouvel album de Radiohead, en 2007. Le groupe lance une opération unique en son genre : les internautes peuvent télécharger leur album "In Rainbows" sur le net et payer ce qu'ils veulent. Même rien du tout. Une formule suivie depuis par Saul Williams et Barbara Hendricks.

Par la suite ce sont les hôtels qui suivent le mouvement. La chaîne Ibis à Singapour ou l'Espagnol Appartements Resort sur la Costa del Sol offrent des séjours qui coûtent... ce que les clients sont prêts à payer.

Les consommateurs décident de plus en plus de la valeur d’un bien ou d’un service. Nous allons assister à la naissance de l'économie de la confiance ?
Ca ne fait que commencer et on n’est pas au bout des surprises.

Pendant les soldes du 6 au 10 mai 2009, c’est Brandalley qui propose aux internautes de fixer leur propre prix sur leur site. Des marques comme American Apparel, Adidas, Armani, Dolce & Gabbana, Torrente, Levi’s Kid et des milliers d’articles de mode au prix fixé par les gens. Une opération très culottée, même si limitée dans le temps. On responsabilise le consommateur et on se fait une super pub à l'œil. Le site a pu déstocker ses vêtements, déchaîner la presse et augmenter sa notoriété sans dépenser un kopec pour la pub. Mais pas une grosse réussite financière : 85 % des internautes n'ont payé les articles que 1 ou 2 euros la pièce.

Pensez-vous que les publicitaires pourraient pratiquer le «Pay-what-you-want » pour sortir de la crise ? Ça y est, c'est fait. Harb Leber, un jeune créatif bourré d’idées et de talent qui, malgré un diplôme prestigieux d'une grande école de Virginie (VCU Brancenter), avait du mal à trouver un job, a décidé de donner des emplois à des gens, à commencer par lui.

Après avoir mis aux enchères sur ebay les services de 40 stagiaires pendant 3 mois (vendus à $ 17,655!) il a créé l'agence Nil. Son agence propose à ses clients de payer ce qu'ils trouvent juste. Le prix est à leur discrétion, à part bien évidemment les frais de recherche et de production.

C'est original, irrévérent et amusant. Es ce que les clients auront une idée de la valeur des créations ? Il ne nous reste qu'à atteindre la suite. Une chose est sûre, si Harb Leber réussit, le modèle pourrait être repris par d'autres. Dans ce cas, si l'annonceur peut payer sa pub ce qu'il veut, l'envers aussi me semble plausible. Pourquoi le consommateur avant d'acheter ses produits, ne fixerait pas son prix ? A quand une boite de lessive, un Coca, des petits gâteaux et un Big Mac "Pay-what-you-want" ? Pendant la crise, les affaires continuent.

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Notes

[1] http://parossi.blogspot.com/2004/10/economics-of-trust.html