Humeur en miettes

Publié le 14 juin 2009 par Jlhuss

De Gaulle, homme de la France, élu par les Français mais gouvernant pour Elle. Pompidou, homme de culture, élu par dépit amoureux et gouvernant pour oublier qu’il n’était pas poète. Giscard, homme du centre, élu au centre et gouvernant pour son d’estaing. Mitterrand, homme de droite, élu à gauche et gouvernant pour son plaisir. Chirac, homme de gauche, élu à droite et gouvernant au pif. Sarkozy, premier homme de droite élu à droite, gouvernant à droite et sans honte, le petit sagouin !

La gauche s’obstine à appeler « conservateurs » ceux qui se remuent pour avancer, et « progressistes » ceux qui trépignent sur place. Dire systématiquement « les progressistes » en parlant des gens de gauche, c’est un peu comme ressasser «la déesse aux belles cuisses » en parlant non pas d’Aphrodite comme Homère, mais de la grosse du troisième comme le petit vieux du second.

La gauche n’imagine pas que l’écologie, la culture, l’éducation, la justice, la générosité, la morale, le salut puissent se concevoir en dehors d’elle. Cette certitude canonique a conduit le PS en deux décennies dans l’état de stupeur où on le voit : tout nu, brigandé de toutes parts et n’osant même plus réclamer, comme Harpagon pour ses voleurs, « des gênes, des potences et des bourreaux ».

Julien Dray et ses Rollex, c’est l’effet boomerang du bling-bling, mais sans les sous. Le trotskisme et l’UNEF mènent à tout, même au burlesque.

Le succès de Cohn-Bendit dans les urnes, c’est comme un concert des « années bonheur », le retour de Michel Delpech à la Cigale. La nostalgie est toujours ce qu’elle était. Mais je l’avoue, à voir ce qui monte, on se dit que Dany le Vert au fond c’est pas si mal, même vert de gris.

Donc, pour canarder Bayrou en 2012 au décollage, outre lui-même, il y aura désormais Nanard et Dany.

Les Socialistes en quête d’un leader charismatique ? Ils avaient Ségolène Royal, la seule chez eux qui, bien cornaquée, aurait pu en cinq ans mettre un peu de poids dans sa grâce, séduire en convainquant, entraîner, rénover. Mais les caciques la détestent. En 2007, ils l’ont soutenue avec des pincettes, en 2008 moquée puis frustrée de son sacre à Reims. A suivre. Le PS, ou l’art de se couper les jarrets.

Dans une société médiatique, préférer Martine Aubry à Ségolène Royal c’est comme échanger un séjour à Biarritz contre un week-end à Saint-Flour.

Le Président de la République bientôt devant le Parlement en congrès à Versailles. En principe pourquoi pas ? Mais dans les faits, imaginez qu’un Mamère se mette à siffler, un Mélenchon à lancer le bazar, tous les « progressistes » à quitter la salle au milieu du discours !  C’est le côté Bashung de Sarko : « Osez, osez, Joséphine ». J’aime assez.

En traitant de liberticide la loi Hadopi, le PS a vexé les artistes, autant dire joué les curés qui se mettraient à dos leurs bigotes en soutenant en prêche qu’on ira tous au paradis.

« Home », nouvelle évangile de l’écologie, financé par Pinault, ce suppôt du capitalisme ! Pas un mot de reconnaissance nulle part pour les 15 millions d’euros donnés par ce mécène trop nanti pour être honnête, et qui cherche, cela va sans dire, à se faire pardonner à bon compte tous ses crimes, le sang des travailleurs, l’asservissement de la presse etc.

Bayrou sur le net : « Quand on tombe de cheval, il faut remonter. » Oui, mais quand on est soi-même le canasson ?

Arion

[dessins Croquignolet ]