Jean-Pierre Brouillaud : Jeu, set et match

Par Gangoueus @lareus
Après les émotions suscitées par le sacre de Roger Federer à Roland Garros, j’ai saisi la coïncidence de nouvelle opération Masse critique du site Babelio pour me plonger dans l’univers d’une autre légende du tennis mondiale, j’ai nommé Guillermo Vilas.
Je ne savais pas trop dans quelle galère je m’embarquais en abordant ce premier roman. Le quatrième de couverture n’était pas forcément très prolixe en information. Le cadre du tennis professionnel m’a accroché, pour mon bonheur de lecteur.
Le thème est celui des impacts d’une addiction. Une étrange passion étreint le personnage narrateur qui nous livre ces états d’âme. Depuis son adolescence morne, sans éclats, il voue une adulation sans borne pour le joueur argentin Guillermo Vilas. Peut-être que pour ceux et celles qui ne sont pas au fait de l’histoire de tennis, une précision mérite d’être précisée : Vilas a réussi en 1977 un petit chelem, en remportant trois des quatre tournois majeurs sur une même année. Depuis, seul Mats Wilander, Pete Sampras et Roger Federer ont réalisé cet exploit.
Etrange relation entre un fan et le joueur. Vilas reste cependant en toile de fond de ce roman. Le lecteur découvre comment notre universitaire a réussi à placer cette icône au centre de sa vie, en procédant à la collecte de toutes sortes d'objets touchant de près ou de loin à la carrière professionnelle du joueur. Cette fascination qui dans un premier temps va séduire son épouse va prendre des proportions dévastatrices avec la découverte d’Internet et toutes les possibilités titanesques de cet outil de communication. Notre héros ne va plus en dormir. Son compte en banque non plus.
La descente aux enfers du personnage quoique très instruit dépasse le cadre du tennis et on suit cet universitaire dans ce qui s’apparente de plus en plus à une folie. Il n’a pas les clés de sa tragédie, il la définit comme une marginalité, une quête singulière incomprise par son entourage.
Le propos de Jean-Pierre Brouillaud est clair, les situations burlesques sont quelques peu attendues. Je dirai qu’il n’y a pas de réelle surprise dans l’écriture ou dans la trame de ce premier roman. Mais voilà, on est embarqué dans l’histoire un peu folle de cet homme et comme si elle faisait écho en nous, on a envie qu’il dépasse sa détresse.

Jean-Pierre Brouillaud offre avec beaucoup d’humour, une chaleureuse réflexion sur une forme d’addiction, l’internet et le mode de société dans lequel nous vivons.
Une belle surprise. Bonne lecture.
Source Photo Vilas, Charly W. Karl



Jean-Pierre Brouillaud, Jeu set et match

Edition Buchet Chastel, 1ère parution en 2009, 171 pages