Little mess sunshine

Publié le 14 juin 2009 par Boustoune


Hasard de la programmation des salles, une semaine après avoir suivi les tribulations de l’apprenti croque-mort de Departures, nous partons à la rencontre de deux sœurs ayant décidé de monter une entreprise spécialisée dans le nettoyage… de scènes de crime et d’accidents violents !
Ben oui, il faut bien que quelqu’un se charge du boulot… Vous n’imaginiez tout de même pas que c’étaient les policiers qui faisaient le ménage après avoir relevé les empreintes et cherché les indices ? Vous voyez David Caruso et les Experts mettre le tablier et briquer le parquet tout éclaboussé de sang ? Non, hein ? Pas plus que vous n’imaginez Monsieur Propre et Canard WC en train de diriger une affaire criminelle…
Alors pour ces basses besognes, il y a Sunshine Cleaning… C’est ainsi que se nomme la petite entreprise créée par les soeurs Lorkowski. L’idée vient de l’aînée, Rose, lassée de faire le ménage chez des particuliers pour des clopinettes. Mère célibataire, elle se doit de gagner plus d’argent pour payer les frais d’inscription de la nouvelle école de son fils, une structure privée spécialisée dans les cas difficiles. Alors, quand elle prend connaissance de cette activité plutôt lucrative, elle n’hésite pas une seconde et décide de créer sa propre entreprise. Dans le secteur, ce ne sont pas les clients qui manquent – on est aux Etats-Unis... - et Rose peut compter sur son amant policier pour être prévenue avant tout le monde des « opportunités »… Bien que leurs relations soient parfois tendues, elle entraîne dans l’aventure sa sœur Nora, une grande gigue un peu dépressive qui vient de perdre son emploi.
 
Le film montre leur difficile apprentissage de ce métier hors normes et bien peu ragoûtant, pour lequel elles n’étaient pas préparées, et dont elles ne connaissent même pas les contraintes légales. En résultent des péripéties souvent drôles, mettant les deux sœurs dans des situations peu confortables.
Le scénario pourrait se contenter de cette trame narrative exaltant l’esprit d’initiative, l’audace et la débrouillardise, et vantant le mérite des travailleurs issus des classes moyennes, qui doivent se battent pour leur survie et celle de leurs familles.
Mais il bifurque insensiblement vers un peu plus d’émotion. En se confrontant aux morts, Rose et Nora se sentent peu à peu à revivre et retrouvent confiance en elles. Ce qui va leur permettre de retrouver une certaine complicité, de renouer un dialogue autrefois rompu et de guérir les blessures du passé, liées à la disparition précoce de leur mère…
Humour, tendresse et liens familiaux. Humilité et tolérance. Les ingrédients de cette petite comédie indépendante américaine sont les mêmes que pour Little Miss Sunshine, même si la recette manque ici un peu de piment, et paraît plus fade. La filiation est revendiquée. On retrouve les mêmes producteurs, Peter Saraf et Marc Turtletaub, et l’acteur Alan Arkin. L’inénarrable grand-père de Little Miss Sunshine évolue ici dans un registre assez similaire, patriarche toujours embarqué dans des combines foireuses, mais totalement dévoué à ses filles et à son petit-fils…
 
La mise en scène a cette fois été confiée à Christine Jeffs, une cinéaste néo-zélandaise dont on avait pu apprécier la sensibilité dans Rain, présenté à la Quinzaine des réalisateurs il y a cinq ans. Elle se tire plutôt honorablement de sa première incursion dans le registre de la comédie, même si on peut déplorer le manque de folie de l’ensemble.
Mais si le film s’élève au-dessus de la moyenne, c’est grâce à son énergique duo d’actrices.
Amy Adams apporte son charme et son ingénuité à Rose, et s’affirme un peu plus comme une des actrices en vogue du cinéma américain, après ses prestations dans Miss Pettigrew, Doute ou Il était une fois. Face à elle, Emily Blunt fait preuve d’une belle présence et confirme elle aussi son potentiel. Leur complicité évidente illumine cette histoire de famille tendre et émouvante.
 
Même si Sunshine cleaning n’est pas aussi décapant qu’il le devrait, le film de Christine Jeffs est une petite comédie qui balaie les idées noires et fait souffler un agréable vent de fraîcheur. Si vous envisagez une nouvelle orientation professionnelle mais que vous ne savez pas quoi faire, si vous avez envie d’apprendre comment gagner sa vie en profitant de la mort, mais que vous n’avez pas envie de sortir les mouchoirs devant Departures, ou tout simplement si vous avez envie de voir une sympathique petite comédie sans prétention, alors Sunshine Cleaning est fait pour vous…
Note :