Ca, ça fait du bien !

Par Mamancelib
L'une des plus grandes frustrations des professeurs est de souffrir d'un manque de reconnaissance de notre travail : quel enseignant n'a jamais entendu qu'on était toujours en vacances ou en grève, qu'avec seulement 18 heures de cours par semaine on n'avait pas à se plaindre (les corrections, les prépas de cours et les réunions se font sans nous !), qu'on était les rois de l'arrêt maladie (sauf que les chiffres prouvent qu'il y a autant d'arrêt maladies que dans n'importe quelle entreprise !), que nous étions très bien payés (parlez-en à ma banquière...)... Bref, en clair et en résumé, les profs sont des nantis de la société... (Je peux rajouter "ou pas" ?)....
Alors, quand on rencontre des gens suffisament lucides pour ne pas croire en ces inepties, et que de surcroît, on nous témoigne un peu de reconnaissance et qu'on nous félicite pour le travail accompli, ça prend tout de suite beaucoup de valeur à nos yeux.
Quand des élèves vous demandent si vous n'auriez pas eu votre mutation pour le lycée où ils vont l'année prochaine et qu'ils sont déçus que vous leur répondiez non, ça fait chaud au coeur. C'est peut-être la façon qu'ont trouvée ces élèves-là pour vous dire que vos cours vont leur manquer... et on se dit alors qu'on n'a peut-être pas si mal fait notre travail...
Quand la déléguée des parents d'élèves reste à la fin du conseil de la classe dont vous êtes professeur principale pour vous parler, vous vous dites que c'est sûrement pour un problème à régler... Et bien, non : "Madame MC, je voulais vous remercier pour l'application, le temps et l'énergie que vous avez consacrés à cette classe... Vraiment, ils ont eu de la chance de vous avoir en tant que professeur principale et vous avez fait un travail énorme. Merci. J'espère vraiment que mon fils vous retrouvera l'année prochaine".
Et là, on se sent pousser des ailes. Cette classe dont j'étais prof principale a été une horreur, ni plus ni moins. J'ai passé un an à les traquer, à tenter de remettre dans les rails ceux qui dérapaient, à construire des projets professionnels, à rencontrer des parents, pour un résultat bien en-deça du temps passé. Mais, ça m'a touchée qu'un parent se rende compte du travail titanesque que j'avais fourni dans cette classe. C'est si rare !
Quelques mètres plus loin, je rejoins une autre collègue de mon équipe pédagogique : "Tu sais, MC, ça fait un moment que je voulais te le dire, mais les conseils de classe avec toi sont un réel plaisir : tu mènes tout ça d'une main de maître, tout est carré, tu sais où tu vas et tu connais bien tes élèves. Vraiment, c'est rare... Et puis, tu sais, nous, les profs, nous avons eue de la chance que ce soit toi la prof principale de cette classe difficile : avec un autre prof, la fin d'année aurait été terrible. Là, même si ils nous ont fait suer jusqu'au bout, on les a à peu près tenus grâce à toi... Et puis, c'est si agréable d'être dans ton équipe : tu as toujours le sourire, toujours un mot pour chacun... Vraiment, MC, je veux être à nouveau dans ton équipe l'année prochaine !".
Vous ne pouvez pas imaginer le sentiment de satisfaction professionnelle qui m'a envahi en deux secondes. Déjà, que cette collègue chevronnée me fasse ce genre de compliments, ça m'a étonnée et touchée. En plus, recevoir en si peu de temps les compliments d'un parent d'élève et d'une collègue, ça m'a vraiment fait sourire.
Et puis, et surtout, je sais que ça y est, ma "réputation" est faite à Dinoland : moi qui me faisais du souci, à la fin de l'année passée, en quittant mon établissement, parce que j'allais devoir à nouveau me faire connaître des élèves et des collègues dans un nouveau collège, je crois que c'est fait. Il me semble que les élèves ont cerné ma personnalité d'enseignante et que mes collègues savent à qui ils ont à faire. Et pour le coup, la prochaine rentrée s'annoncera plus sereine.
Ces petits bouts de reconnaissance, qu'ils viennent des élèves, des parents ou des collègues, sont si rares qu'on les apprécie vraiment. On les goûte, on les savoure, on les met dans un coin de notre tête pour les jours de crises de foi professorale et on les conserve comme de précieux trésors... parce que cette reconnaissance de notre travail est si rare et si précieuse pour nous, que oui, ce sont de véritables trésors...