Avec vue sur la rentrée littéraire (27) - Métailié

Par Pmalgachie @pmalgachie
il me semble, mais peut-être me trompé-je, que l'on publie de plus en plus d'ouvrages chez Métailié. Si la qualité reste constante, personne ne s'en plaindra...
Wu Ming, Manituana (20 août)
Traduit de l'italien par Serge Quadruppani
1775. Dans la vallée mohawk, non loin de la frontière canadienne, un monde baptisé Iroquirlande, où les six tribus iroquoises ont tissé des liens de sang avec des Écossais et des Irlandais, voit avec inquiétude ses terres ancestrales menacées par l’avidité des colons qui veulent se libérer de la couronne d’Angleterre. Ne vaut-il pas mieux “un despote à mille milles que mille despotes à un mille”? Une ambassade est envoyée auprès du roi George, à Londres, pour renouveler l’alliance avec la couronne. En son sein, Joseph, l’interprète indien qui deviendra chef de guerre, le Grand Diable, guerrier mohawk redouté et lecteur de Shakespeare, Peter, adolescent peau-rouge qui joue du violon et combattra dans les armées du roi, Esther, qui a le don des visions comme sa tante Molly, la mère des nations iroquoises. Coqueluches de la cour, après en avoir découvert les rituels grotesques en même temps que l’art des feux d’artifice, la Tamise puante, la misère des rues, les bandes de détrousseurs déguisés en Mohawks, ils retourneront combattre pour leurs terres.
A travers le destin de personnages de légende qui ont pourtant réellement existé, le récit, basé sur une immense documentation historique, nous restitue la vie quotidienne et les combats dans la forêt, les jeux, les rites cruels, la magie, la nature grandiose et la barbarie déguisée en progrès.
Dans ce livre, best-seller en Italie et ailleurs, le collectif de cinq auteurs italiens dénommé Wu Ming allie le souffle des grands récits épiques aux ressorts palpitants du roman-feuilleton pour nous raconter la naissance des États-Unis d’Amérique vue du côté des perdants de l’Histoire.
Stéphane Dovert, Le cannibale et les termites (20 août)
Les Papous sont des chasseurs de têtes et des cannibales: tout le monde sait ça. Un groupe d’honnêtes touristes étrangers, pris en otage par les nationalistes à moitié nus, va en faire l’amère expérience. Mais si les apparences étaient trompeuses ? Si les sauvages n’étaient pas toujours ceux que l’on croit et que, derrière l’enlèvement, se cachaient des enjeux plus complexes ? Entre mythes millénaristes, fantasmes d’Occidentaux et rationalité militaire indonésienne, des personnages qui n’avaient rien pour se rencontrer se croisent et se télescopent. Entre un agronome que les noix de cajou n’intéressent plus, une jeune enseignante idéaliste, l’héritier américain d’une chaîne de restauration rapide et un groupe de Papous nationalistes, la forêt sert de lien et les lianes de barreaux. Cochons sauvages, rites initiatiques, kangourous arboricoles et anthropologues égarés tissent un écheveau plein de surprise où, plus que la survie, c’est le sens de la vie et les valeurs de notre civilisation qui sont en jeu. Et lorsqu’en arrière-fond l’argent s’échange et la diplomatie s’agite…
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Alicia Dujovne-Ortiz, L'Etoile rouge et le poète (20 août)
Traduit de l'espagnol par Claude de Frayssinet
En 1947, à Paris, un jeune poète uruguayen se laisse séduire par une femme entreprenante, l’épouse et la ramène à Montevideo. Elle se nomme Africa de las Heras, elle a fait la guerre d’Espagne à la tête de miliciens. Elle est chargée par le KGB de monter un réseau pour introduire des espions soviétiques aux USA. Qui pourrait soupçonner l’épouse espagnole d’un poète anticommuniste déclaré?
A Montevideo, Africa est une couturière à la mode qui cache son poste émetteur radio au milieu des machines à coudre, l’antenne parmi les cordes à linge. Pendant la guerre, la capitaine des milices a été parachutée sur les lignes allemandes, elle a aussi été secrétaire de Trotski et fiancée de son assassin. Depuis son bureau moscovite son officier traitant la manipule au gré des besoins de la Cause et écrit un roman délirant entre un poète fasciné par le pouvoir des objets et une femme extraordinaire, émouvante, impitoyable.
Cette rencontre improbable entre deux êtres incompatibles nous raconte aussi le régime stalinien, le contrôle absolu et le soupçon permanent. Avec la complicité d’une réalité plus folle que toutes les fictions, mêlant documentation rigoureuse et sens de l’humour, Alicia Dujovne-Ortiz construit un roman passionnant.
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Cristovão Tezza, Le fils du printemps (3 septembre)
Traduit du brésilien par Sébastien Roy
  
Cristovão Tezza nous raconte l’histoire d’un père et de son fils trisomique. Sans aucune trace de sentimentalisme ou de commisération, le discours du narrateur sur le père est surprenant. Entraîné par l’analyse sèche des sentiments intimes et des émotions avortées, le lecteur découvre l’originalité de ce point de vue qui transforme l’expérience humaine en littérature. Le père du petit Felipe n’a pas de nom, il a été hippie, a fait du théâtre, est un écrivain qui accumule les refus d’éditeurs, vit aux crochets de sa femme, dans une position d’adolescent prolongé. La naissance d’un enfant atteint du syndrome de Down va le placer en face d’une réalité qui le remet en cause. Il va d’abord tenter de fuir en souhaitant la disparition de l’enfant, puis son perfectionnement par diverses pratiques et gymnastiques à la mode, jusqu’à découvrir les petites victoires de la vie, la passion partagée pour le football.
Plus que l’histoire d’un enfant anormal, il y a ici une belle réflexion sur la paternité et la maturation d’un point de vue sur le rôle d’un père. Ces réflexions fuient l’émotion facile. La distance littéraire exceptionnelle de ce texte a valu à l’auteur les prix les plus prestigieux de la scène littéraire brésilienne.
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Paul Claudel, La crise: Amérique 1927-1932 (3 septembre)
De mars 1927 à 1933, Paul Claudel est ambassadeur de France à Washington. A peine arrivé aux États-Unis, il parcourt le pays où sa notoriété littéraire lui vaut de nombreuses invitations, et très vite, il s’interroge sur “la prospérité américaine, ses causes, ses conditions et les dangers qui la menacent”.
Au lendemain du Jeudi noir, il n’est pas surpris et décrit à Aristide Briand, son ministre, les circonstances d’une crise qu’il lui avait déjà annoncée.
Ces lettres ont gardé en 2009 une justesse et une actualité troublantes.
Pablo de Santis, Le Cercle des Douze (10 septembre)
Traduit de l'espagnol par René Solis
  
A la veille de l’inauguration de l’Exposition universelle de 1889, les plus célèbres détectives du monde et leurs assistants ont rendez-vous à Paris pour une réunion du Cercle des douze, l’organisation qu’ils ont créée. Dès les premiers jours, l’un d’eux est assassiné sur la tour Eiffel encore en chantier. Aux côtés de Viktor Arzaky, détective polonais vivant à Paris, le jeune Sigmundo Salvatrio, fils d’un cordonnier de Buenos Aires, mène une enquête qui l’entraîne dans les zones d’ombre de la ville lumière, où se terrent sectes ésotériques et autres ennemis du progrès.
Dans le Paris de la fin du XIXe siècle, Pablo de Santis trouve un cadre idéal pour explorer des thèmes qui lui sont chers, à la lisière du rationnel et du fantastique. Le jeune Sigmundo va découvrir que la ville entière est une écriture secrète à déchiffrer, et que la vérité se cache peut-être sur les lèvres de la Sirène, danseuse dans une mer de glace…