Bubbles Strike * Tintin et l’Alph-art [Dossier Spécial]

Publié le 20 juin 2009 par Artificier

Titre : Les aventures de Tintin et MilouTintin et l’Alph-art (tome 24 – inachevé)

Auteurs : Hergé (scénariste et dessinateur)

Editeur : Casterman

CHOIX

Si je vous dit BD, vous me dites naturellement Tintin. Tout le monde a lu Tintin (ou alors il faut corriger ça rapidement). Quand j’étais jeune, je me souviens que chaque mois j’allais avec mon père acheter un nouveau tome des aventures du reporter belge et de son chien Milou. Une fois la collection complétée, j’ai découvert qu’il existait un dernier tome qu’Hergé n’avait pu achever avant sa mort. Mais je ne l’ai jamais lu car les dessins sont sous forme d’ébauches, le texte est grossièrement écrit et par dessus tout il manque les 20 dernières pages des 62 qui composent habituellement un album Tintin. Et récemment, cherchant une BD un peu spéciale pour un numéro spécial de Bubbles Strike, je tombe sur ce volume qui me regarde de travers en me disant « T’es sûr que tu connais vraiment Tintin ?« . Des menaces ? Un défi ? 01h00 du matin ? Peu importe,  Dans 30 minutes je serais fixé. D’une pierre deux coups, je vais peut être trouver réponse à la question qui me hante depuis pas mal de temps : Et puis d’abord c’est quoi l’Alph-art ?

SYNOPSIS

Pas de synopsis cette fois-ci nom d’un Bachi-bouzouk ! C’est du Tintin

GRAPHISMES

Niveau coloration, zéro, c’est black & white pour tout le monde. Quelques crayonnés bleus et rouges viennent parfois renforcer l’effet maquette des planches de dessins. Même « niveau de qualité»  pour les coups de crayon : si l’on commence à voir fleurir les décors sur certaines pages, la plupart ne présentent que de grotesques personnages simplifiés au possible frisant le dessin d’un enfant. Autant dire que pour les exigeants, va falloir faire un effort…

Chose très importante à savoir, j’ai lu la version avec transcription des dialogues et découpages graphiques, certes plus chère que l’édition classique, mais qui permet un vraie lecture de l’œuvre : sur la deuxième de couverture, on trouve un fascicule qui retranscrit tous les dialogues comme pour une pièce de théâtre, et sur la troisième de couverture, on trouve un calepin qui présente chacune des planches (le tout au format BD classique). Les conditions de lecture sont idéales. Je recommande fortement.

AVIS PERSONNEL

P**** de b***** de m**** ! Qu’est-ce que c’est cool d’enfin retrouver Tintin dans une nouvelle aventure. Ça fait du bien de dépoussiérer une série qui a marqué son enfance et de se rendre compte qu’elle est toujours aussi vivante. J’y retrouve Tintin, Milou, Haddock, et bien d’autres : lintroduction laisse place à une scène d’anthologie où personnages secondaires s’enchainent comme si  Hergé leur faisait jouer l’acte d’une comédie, sorte d’hommage à cette série. Pourtant l’histoire ne vient pas mettre fin aux aventures du jeune reporter mais bien les relancer à travers une nouvelle intrigue. Et comment le pourrait-elle de toute façon ? Il manque toujours ces 20  dernières pages, et c’est cette fin qui est magique, car l’histoire s’arrête brusquement et ironiquement à un point critique du récit. Que va-t-il se passer ? Qui es notre homme mystère ? Comment devait se terminer cette enquête ? Hergé avait-il prévu de conclure la série avec ce dernier tome  de manière spectaculaire ? Nous ne le sauront probablement jamais. Après une lourde déception de ne pouvoir tourner que des pages blanches, je me dis que ce tome restera à jamais l’un des plus grands mystères de la Bande-dessinée, et c’est tant mieux. J’en connais une partie, suffisamment, peut-être trop… Pas de regret quand même !

Cette BD est unique, voir les travaux préparatoires d’Hergé est tout simplement génial. C’est un bout d‘histoire de la réalisation d’une bande-dessinée que nous offre là un des maitres du genre. Pour en revenir à ma question initiale : Et puis d’abord c’est quoi l’Alph-art ?, j’ai enfin trouvé ma réponse, mais je laisse au Capitaine Haddock le soin d’y répondre.

SÉRIE

Les aventures de Tintin et Milou se composent de 24 volumes réalisés entre 1929 et 1983 (54 ans de Tintin en effet!), et Hergé a été clair sur la pérennité de son œuvre : nul ne pourra poursuivre la série. Malgré ses volontés, et devant le considérable mystère de l’inachevé Tintin et l’Alph-art, une poignée de dessinateurs ont tenté d’imaginer ce qu’Hergé n’a eu le temps de nous révéler. Ainsi, quelques versions pirates du dernier volume de la série ont circulé avec les 20 pages manquantes conçues par ces rebelles.

AUTEUR

Hergé, alias Georges Prosper Rémi, est un reporter, photographe, dessinateur et scénariste qui a débuté sa carrière en 1925 dans le journal belge Le Vingtième Siècle, où il y va être responsable du supplément pour enfant Le Petit Vingtième, et y dessiner les aventures de Les aventures de Flup, Nénesse, et Poussette et Cochonnet (rien de très révolutionnaire… mais Hergé n’est pas encore scénariste). Découvrant ensuite les comics américains, il va tout de suite en emprunter certains codes, dont les bulles de dialogues qui permettent aux personnages de s’exprimer, chose encore inconnue en France. C’est ensuite qu’il commence à relater les aventures en pleine Russie communiste d’un journaliste globe-trotter et de son fidèle compagnon canin  : Tintin aux pays des soviets. C’est à partir de travaux très documentés et de récits de plus en plus engagés qu’Hergé va créé l’une des plus grandes séries de l’histoire de la BD.

ACTUALITÉS

Le musée Hergé à récemment ouvert ses portes à Louvain-la-Neuve en Belgique. Côté cinéma, Steven Spielberg et Peter Jackson planchent sur l’adaptation du Secret de la licorne et du Trésor de Rackham le Rouge. Le premier réalisé par l’américain devrait sortir au printemps 2011, tandis que le second réalisé par le néo-zélandais sortira un an plus tard. Au casting : Jamie Bell en Tintin, Andy Serkis en Capitaine Haddock, Daniel Craig en Rackham le Rouge, et même Gad Elmaleh en Omar Ben Salaad. Le tout évidemment en motion capture pour respecter au mieux les traits de dessins d’Hergé (et naturellement éviter une troisième guerre mondiale avec les fans).

Ceci est la première planche de la BD, et de loin, la plus aboutie.