Abades la cite fantome

Publié le 21 juin 2009 par Solentenerife

Abades est un petit village de bord appartenant à la commune de Arona sur la côte sud-est de Tenerife.
Le village tel que vous le trouverez est très récent (fin des années 1980) et se compose de quelques 800 maisons blanches aux volets verts, au style fortement inspiré du charmant village de Arico El Nuevo.
Au cœur du village on trouve une place carrée bordée de cafés, supérette et un centre de plongée pour découvrir les fonds sous-marins de Tenerife.
Abades dispose effectivement d'une jolie baie protégée des vents, avec une plage de sable noir où il fait bon se prélasser.
C'est donc un lieu de villégiature à l'ambiance calme, bien éloignée des gros complexes touristiques du sud comme Las Americas et Los Cristianos.
L'Eglise veille
Le plus surprenant ne se trouve pas dans le village, mais le surplombe... une étrange bâtisse surmontée d'une croix évoquant une église jamais achevée et que les tinerfois ont surnommée l'ermitage.
Les curieux, graviront donc la colline pour découvrir l'édifice et trouveront en une cité fantôme, avec une trentaine de bâtiments sur lesquels temps semble s'être arrêté, digne d'un décor de western !
Epidémie de lèpre
Il s'agit en fait d'une léproserie qui a été édifiée ici pour la ville d'Arico à la fin de la Guerre Civile Espagnole. Effectivement à cette époque la lèpre est un fléau qui ne concerne pas moins de 197 personnes, seulement sur l'île de Tenerife. On pense alors que la solution est d'isoler les malades, de les regrouper dans un lieu loin afin d'éviter tout risque de contagion.
Le régime franquiste décide alors de la construction de cette léproserie sur le territoire d'Abades et le projet est confié à José Enrique Marrero Regalado (1897 - 1956) un architecte canarien originaire de Granadilla de Abona. (on lui doit de nombreuses constructions sur Tenerife, comme le marché Nuestra Señora de Africa, le Cabildo, la Casa Cuna, le Cine Victor, ou la Basilique Nuestra Señora de Candelaria).
Le projet est ambitieux et prévoit de nombreux bâtiments : réfectoires, infirmerie, dortoirs, école et la fameuse église surmontée de sa croix (n'oublions pas le rôle important de l'Eglise Catholique dans le régime franquiste).
Abandon du projet
Mais dans les années 40 les premiers traitements de la lèpre apparaissent et il s'avère que les malades sont mieux traités à leur propre domicile... les travaux de la léproserie sont alors arrêté et elle n'accueillera jamais aucun malade.
En revanche elle recevra d'abord les membres de la Phalange espagnole puis enfin dans les années 1960 les militaires pour des exercices de tir.
La cité fantôme aujourd'hui
En 2002, le Ministère de la Défense abandonne définitivement les lieux en cédant terrain et bâtiments pour la coquette somme de 17 millions d'Euros à un promoteur italien qui souhaitait y construire un énorme complexe touristique... projet d'envergure qui fut très rapidement stoppé dés 2003 par une loi moratoire sur le tourisme.
Aujourd'hui, l'étrange cité fantôme balayée par les vents sert donc de repère pour les promenades des curieux, les raves délirantes et les balles de paint-ball ont pris la relève de celles de l'armée.