Bitterroot de James Lee Burke

Par Sylvie

POLAR AMERICAIN

Editions Rivages, 2007
Nous avons beaucoup entendu parlé de James Lee Burke, il y a quelques mois avec la sortie de l'adaptation au cinéma de son roman Dans la brume électriqueréalisé par Bertrand Tavernier. Il faut savoir que James Lee Burke est l'un des grands classiques contemporains du roman noir avec notamment Georges Pelecanos ou encore Dennis Lehane.

Sa patte : une description très poétique et lyrique de l'Ouest américain et de la Louisiane, un refus de l'intrigue manichéiste et des personnages hantés par le mal et la vengeance.

Deux personnages favoris, des flics rongés par la culpabilité, David Robicheaax et Billy Bob Holland, un ex texas ranger, devenu avocat après avoir tué accidentellement son coéquipier. Depuis, son fantôme le poursuit, donnant une petite teinte fantastique à ses romans.
Alors que Dans la brume électriquese déroule dans les bayous (marécages) de Louisiane, ce roman a pour cadre la Bitterroot Valley, paysages magnifiques du Montana, au nord-ouest des Usa, à la frontière canadienne : éden forestier, paradis de la chasse et de la pêche, paysages grandioses de vallées et de canyons sur fonds de massifs montagneux. L'auteur exalte cette nature préservée avec une écriture souvent très poétique...mais l'éden n'est que naturel : il décrit une faune humaine tourmentée, hantée par la culpabilité et la vengeance : les personnages, s'ils sont tous marqués par le sceau du mal, brillent par leur épaisseur et leur originalité ; le mal prend différents visages : la jeune indienne ivre de vengeance après l'enlèvement de son petit frère, un écologiste fanatique vétéran du Vietnam, un mafieux, un écrivain alcoolique, une "pédale" qui sert de souffre-douleur à des gangsters pédophiles...
Dans le roman de James Lee Burke, l'intrigue est minimale : Billy Bob Holland enquête (à sa manière !) sur le viol de la fille de son ami, le Docteur Voss, fervent défenseur de l'environnement, défendant l'intégrité de la Bitterroot Valley contre l'extraction minière menée par le gangster.
Le point de départ de l'intrigue n'est qu'un prétexte à lever le rideau sur une galerie de personnages certes pourris mais pourtant profondément humains. James Lee Burke n'écrit pas à proprement parlé un roman noir qui dénonce les tares d'une société.
Ce qui l'intéresse, ce sont les conséquences du mal sur la psychologie des personnages, ces formidables bêtes humaines. Un coup de coeur pour Wyatt Dixon, ce clown tragique des rodéos et Terry  Whintespoon, petite pédale soumise qui finira par se révolter sur le tard.
L'auteur alterne les passages d'introspection où les personnages sont rongés par leur culpabilité et leurs doutes et les passages de dialogue souvent hilarants.
Je compte bien lire d'autres titres !