Handicap et scolarisation : du bluff et des mots

Publié le 22 juin 2009 par Zelast

sur Politique.net :

Scolarisation des enfants handicapés : comment faire du chiffre tout en faisant des économies
publié le jeudi 18 juin 2009 à 17h28

En septembre 2007, quelques mois après le clash Sarkozy/Royal lors du débat du second tour de la présidentielle, le gouvernement avait annoncé la création de 2 700 postes d'auxiliaires de vie scolaire pour améliorer l'accueil d'enfants handicapés en milieu scolaire classique. En mars 2008, après les manifestations d'handicapés, le gouvernement avait annoncé une revalorisation de 5% de l'allocation adultes handicapés pour les 800 000 bénéficiaires, soit un effort financier pour l'Etat de 300 millions d'euros.

Voilà pour la communication officielle. Mais dans le même temps, quatre informations indiquaient que le gouvernement cherchait à faire des économies :
- 17 millions d'euros en moins pour le Fonds d'insertion des personnes handicapées de la fonction publique.
- 50 millions d'euros en moins à l'Agefiph, fonds d'aide pour l'insertion professionnelle des handicapés.
- plafonnement des aides aux Esat qui préfigure une diminution des crédits (structures qui aménagent le rythme et les conditions de travail de salariés handicapés)
- refus du ministère de la Justice de payer l'amende de 7,6 millions d'euros au fonds l'insertion des personnes handicapées dans la fonction publique (FIPHFP), pour ne pas avoir embauché suffisamment d'handicapés.


La politique du gouvernement à propos du handicap est pour le moins ambigüe. Celle de la scolarisation des enfants handicapés l'est tout autant. Officiellement, le nombre d'élèves handicapés scolarisés est passé de 89 000 à 170 000 entre 2002 et 2009 et le gouvernement a augmenté le nombre d'auxiliaires de vie scolaire chargés d'accompagner les enfants handicapés. Mais selon Mediapart, une partie de cette politique est de l'esbroufe. Le gouvernement pratique une politique du chiffre tout en cherchant à faire des économies :

"Les contrats de l'éducation nationale demeurent très précaires, généralement à temps partiel, payés 600 euros et d’une durée maximale de six ans. D’ici décembre 2009, 1.300 auxiliaires de vie scolaire (AVS), arrivés au terme de leur contrat, prendront la porte. Le temps d’analyse qui permettait un retour sur les pratiques et des échanges avec le reste de l’équipe éducative et médicale a disparu.(...)

Dernier tour de passe-passe en 2006, pour pallier «un manque cruel d'accompagnants» selon Marie-Christine Philbert [membre d'une association], le gouvernement choisit de recruter mais sous un nouveau statut, encore plus précaire, celui des EVS. Tous statuts confondus (AVS et EVS), ils seraient aujourd’hui environ 22.000 équivalents temps plein chargés de mission d’accompagnement, selon Guillaume Bourget.

Une multiplication des contrats précaires qui permet au gouvernement d’afficher des chiffres rassurants : le nombre d'élèves handicapés scolarisés est passé de 89.000 à 170.000 entre 2002 et 2009. «De l’esbroufe», écarte d’un revers de main Véronique Airault [mère d'un enfant handicapé]. «Il suffit qu’un enfant soit scolarisé une heure par semaine pour qu’il rentre dans les statistiques. On a voulu faire croire que tout le monde était d’accord pour intégrer les enfants handicapés dans l’école mais on ne s’en est pas donné les moyens.»"