SMIC : "de solides constatations empiriques convergent" pour ne justifier que ... 11 centimes de l'heure d'augmentation !

Publié le 23 juin 2009 par Slovar

Le ministre du Travail a expliqué que la hausse du SMIC "garantit le maintien du pouvoir d'achat alors que l'on est dans une inflation nulle ou quasiment négative". En clair : C'est déjà pas mal et n'y revenez-pas !!!
Les français ne se font plus aucune illusion sur le train de vie de nos élites et leur vision de l'équité. Nous avons évoqué très récemment les travaux de René Dosières sur le train de vie de l'Elysée et le coût exorbitant du congrès de Versailles.
Le "faites ce que je dis mais pas de que je fais" est bien illustré par les propos de Rober Badinter : "Si le discours de NicolasSarkozy dure 50 minutes", cela "coûtera près de 5 000 euros la minute" "C'est certainement l'éloquence la plus chère que je connaisse..."
Les annonces du Chef de l'Etat, dont, l'emprunt national que Xavier Bertrand, était incapable de donner les modalités, chiffrer et même de donner une date de lancement ce matin sur Europe1 n'ont pu occulter l'annonce de la très faible hausse du SMIC.
Et pourtant cette annonce est fondamentale puisqu'elle concerne environ 3,4 millions personnes qui représentent à elles seules 14% des salariés.
Le Smic sera augmenté de 1,3 % le 1er juillet, ce qui représente une augmentation de 11 centimes de l’heure (8,82 euros, contre 8,71 actuellement). Le montant du Smic mensuel en Brut est donc fixé à 1321,02 euros à temps plein.
Pour déterminer le niveau de cette hausse, BriceHortefeux a expliqué que le gouvernement s'était appuyé sur un rapport d'experts indépendants qui mettait en garde contre "les conséquences graves sur l'emploi" qu'aurait pu avoir un effort supplémentaire. Le groupe de cinq économistes, choisis par le gouvernement pour quatre ans, estime que "les hausses du Smic ont été particulièrement soutenues depuis une quinzaine d'années", avec "des conséquences incontestablement défavorables".
Mais qui sont ces économistes choisis par le gouvernement ?
Liste complète des membres :
Paul Champsaur, ancien directeur général de l'Insee, président de l'Autorité de la statistique publique, est nommé président du groupe d'experts, et les économistes Gilbert Cette, MartineDurand (OCDE), Francis Kramarz, Etienne Wasmer sont nommés membres du groupe d'experts sur le salaire minimum de croissance, sur proposition de la ministre de l'Economie, de l'industrie et de l'emploi et du ministre du Travail, des relations sociales, de la famille, de la solidarité et de la ville. Ce groupe devra chaque année se prononcer sur l'évolution du Smic.- Arrêté du Premier ministre en date du 23 mai 2009, paru au JORF n° 0119 du 24 mai 2009.
Il est à noter que Gilbert Cette, est coauteur avec Pierre Cahuc et André Zylberbergen 2008 d'un autre rapport critiquant le niveau "élevé" du Smic et son application "uniforme" quel que soit la branche d'activité, l'âge ou la région du salarié.
Il est aussi à noter que la décision prise en 2009 par le groupe d'experts est absolument conforme ... au rapport de 2008 rédigé par MM Cette, Cahuc et Zylberbergen. Preuve que le groupe d'expert applique une stratégie de "liquidation " du SMIC dans sa forme actuelle en nous faisant croire que le résultat de sa décision est lié à la période de crise économique !!
Explications du gouvernement :
Dans un contexte de fort accroissement du taux de chômage, qui a atteint 8,7% au premier trimestre de 2009, le gouvernement estime qu'une hausse exceptionnelle du smic risquait d'avoir un "effet boomerang" sur l'emploi dans les PME. - Le Point
Quelle est la situation des salariés aux SMIC dans les PME ?
Les salariés payés au minimum légal travaillent majoritairement dans des petites entreprises : dans les sociétés de moins de 10 salariés, la part des salariés au Smic atteint 30%, et près de 60% des "smicards" travaillent dans une entreprise de moins de 50 salariés, selon le ministère de l'Emploi. Ils sont nombreux dans les hôtels, cafés et restaurants, secteur dont près de la moitié des 517.000 salariés (46,1%) sont payés le minimum légal. Mais la palme revient à la restauration rapide et aux entreprises de propreté, où respectivement 66,5% et 60,9% des employés sont au Smic horaire (8,71 euros brut), et pour la plupart à temps partiel.- Europe1
La CGPME est d'ailleurs particulièrement sensible sur le sujet et pousse des hauts cris dès que le mot SMIC est évoqué. C'est elle notamment qui est censée représenter le mieux les TPE/PME et qui ne cesse de clamer sa représentativité et le manque de moyens financiers de ses adhérents.
La CGPME de Jean-François Roubaud a publié ses comptes 2008 sur Internet. Le document, très court, ne présente qu'un bilan et un compte de résultat simplifiés, non consolidés.
Les cotisations des adhérents progressent de 2,3 %, à 1,5 million d'euros. Mais elles ne représentent que 17 % des recettes (sur un total de 9 millions), contre 62 % au Medef. Le plus gros des ressources de la CGPME (80 %, contre 32 % au Medef) provient du financement du paritarisme par les fonds de la formation professionnelle (Agefos et Fongefor) et du 1 % logement. Les actifs de la CGPME sont constitués, pour l'essentiel, du siège de la Défense, évalué à 1,4 million d'euros, et d'un portefeuille financier valorisé à 0,9 million d'euros.- Les Echos
En réaffectant certaines sommes de la formation professionnelle et du 1% logement perçus pour le fonctionnement de la CGPME, on pourrait probablement donner un coup de pouce aux petits salaires Monsieur Roubaud ! Surtout que la TVA à 5,5% devrait permettre de mieux payer les salariés des adhérents restaurateurs et hotelliers de la CGPME ...
Du côté du MEDEF, Madame Parisot continue de clamer que l'augmentation des bas salaires en France fait fuir les entreprises et qu'un SMIC par branches ou pas de SMIC du tout serait favorable à l'emploi ! Mais on affiche toujours le plus grand silence sur l'échéance de : l'affaire UIMM qui mettait à jour les quelques 19 millions d'euros en liquide ont été retirés des caisses de l'UIMM entre 2000 et 2007. Car depuis mars 2009, on sait que la présidente du Medef, Laurence Parisot, a été déboutée de ses poursuites en diffamation contre Daniel Dewavrin, un ancien président de l'Union des industries et des métiers de la métallurgie (UIMM affirmait que ). Ce-dernierLaurence Parisot était au courant «depuis longtemps» de l'existence de retraits de fonds suspects au sein du patronat de la métallurgie. - Rue89
Et si on retrouvait les 19 millions d'Euro "égarés, ça pourrait être un bon début pour financer quelques augmentations de salaires, Madame Parisot !!!
Deux bonnes pistes pour améliorer les relations sociales et le pouvoir d'achat qui n'ont pourtant pas été étudiées par le gouvernement.
Par contre, les experts nommés par le gouvernement ont tranché : Ils jugent également que "le coût du travail au niveau du Smic est aujourd'hui l'un des plus élevés des pays de l'OCDE" et que "de solides constatations empiriques convergent pour affirmer qu'un coût du Smic élevé évince du marché du travail les travailleurs les plus fragiles". En outre, les politiques de soutien au revenu du travail à travers la PPE (Prime pour l'emploi) et le RSA(Revenu de solidarité active) leur "apparaissent plus appropriées pour réduire les inégalités des revenus du travail (...)".
Il est à noter que MM Champsaur, Cette, Wasmer et Mme Martine Durand n'ont jamais essayé de vivre avec 1321,02 euros mensuel brut. Mais puisqu'ils recommandent la piste du RSA, c'est qu'ils considèrent que le SMIC est encore un "avantage scandaleux" réservé à des privilégiés qui refusent le changement et les règles incontournables de la mondialisation ...
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Lasserpe