La révolte iranienne se joue aussi en ligne

Publié le 25 juin 2009 par Forrestgump54

Grève générale, vidéos des manifestations, mort de la jeune Neda tuée par un sniper… depuis les élections contestées du 12 juin en Iran, les opposants ont investi le web où vraies et fausses informations se mêlent.
« J’allais dire à Masood qu’ils utilisent de faux pistolets pour nous effrayer quand des gens se sont mis à crier à l’agonie / Nous étions sur la rue Nosrat et à cet endroit, rien pour nous couvrir / Nous avons couru aussi vite que nous avons pu dans la direction opposée, et en même temps les connards de basidjs ont commencé à frapper les gens qui fuyaient »
Dans la nuit de samedi à dimanche dernier, peu d’informations filtrent des rassemblements qui se tiennent à Téhéran malgré les menaces explicites de l’ayatollah Ali Khamenei lors de la prière du vendredi. Sur twitter, « change for Iran » raconte dans une succession de messages lapidaires comment lui et son ami Masood on pu échapper aux tirs place Azadi, dans un récit publié ligne par ligne sur le site – un témoignage impossible à vérifier.
Au même moment commence à se propager sur le web une vidéo enregistrée sur un téléphone portable montre la mort d’une jeune femme, les yeux grand ouverts.
Quelques heures plus tard, le visage de cette jeune femme morte les yeux ouverts aura un nom : Neda Soltani, étudiante de philosophie de 26 ans, tuée samedi à 17h par un tir de sniper et devenue un symbole du martyr pour la lutte des Iraniens qui réclament la vérité sur leurs votes du 12 juin.
Sur les radios ou les fils de dépêches à l’extérieur du pays, personne ne fait encore état de morts après cette journée. Le lendemain on apprendra qu’entre 12 (télévision officielle iranienne) et plusieurs dizaines (CNN) de personnes ont été tuées dans les rues de Téhéran.
Dans le flux des informations diffusées en direct sur le fil iranelection sur twitter, les récits de la soirée arrivent et se complètent, par bribes, se mêlent aux vraies et fausses informations, contredites, démenties, ou relayées. Mir Hossein Mousavi, un des candidats malheureux qui cristallise la colère des Iraniens est tantôt donné pour mort, tantôt pour arrêté. Les démentis se succèdent et les auteurs des rumeurs sont traqués.
En style télégraphique, les dernières déclarations de Mousavi sont relayées et se diffusent quasi instantanément par le réseau, jour après jour. « Mousavi : nous travaillons à une grève générale, si vous avez une expertise, aidez-nous ». Conseils, avis sur la situation, dernières informations également. « Conseil : gaz lacrymogène – couvrir bouche/nez – retirer les habits gazés immédiatement – laver visage/intérieur de la bouche/yeux/nez au plus vite ». « Sodium metabisulfite Na2S2O5 mélangé à de l’eau (5% solution) soigne les CS gaz lacrymogène. Laver yeux avec. » « Confirmé : émeutes à Shiraz ». Ou encore cet appel récurrent « vous êtes les médias, témoignez et gardez espoir ».
Pendant la campagne, les partisans de Mousavi avaient commencé à diffuser vidéos, messages et symboles de sa campagne (comme la couleur verte). Depuis l’élection, le réseau s’est élargi à tous les contestataires. Sur les forums en perse pour la plupart. Avec traductions sur les sites internationaux avec un objectif impérieux : en l’absence de journalistes, sortir l’Iran de son isolement.