Nicolas Sarkozy, le débiteur permanent

Publié le 25 juin 2009 par Juan
Lundi, l'unique annonce de Nicolas Sarkozy fut ce projet d'emprunt national pour financer la gestion de crise. A Versailles, le président français a eu beau défendre sa politique d'investissement, et tenter de distinguer le bon du mauvais déficit, rien n'y fait: Les caisses sont vides, et Nicolas Sarkozy tente un coup politique. Avec cet emprunt, Sarkozy emprunte aux ménages modestes ce qu'il ne peut plus leur prendre en impôt. On se rappelera que son paquet fiscal coûte quelques 10 milliards d'euros par an (et non 15, pour cause de ralentissement économique), sans parler des dégâts provoqués par la défiscalisation des heures supplémentaires sur l'emploi. Comme l'explique le socialiste Didier Migaud, Sarkozy cherche à "emprunter plus pour dépenser plus". Entre le second trimestre de 2007 (élection de Sarkozy) et la fin de 2009, la dette publique française aura augmenté de ... 380 milliards d'euros ! Avec cet emprunt, Sarkozy tente aussi un coup politique : il n'avait nullement besoin de faire annonce pour emprunter. L'Etat fait tous les jours appel au marché financier pour se financer. La dette publique excède déjà les 1 000 milliards d'euros. Quelques 50 milliards d'euros sont dépensés chaque année pour le seul service de la dette... Mais un emprunt national et "populaire" est surtout un coup politique. La réussite probable de sa souscription, si succès il y a, vaudra blanc-seing à sa politique dans sa communication gouvernementale. Mercredi soir sur France2, Fillon l'a bien volontiers reconnu : "Notre idée, c'est de solliciter les Français, en tout cas pour une part, parce qu'au fond, derrière cet emprunt, il y a l'idée d'associer la Nation à cet effort". Qu'importe si l'emprunt populaire coûte cher. Pour éviter l'échec d'une souscription insuffisante, il faudra être attractif... Enfin, le Monarque veut gagner du temps : l'heure de vérité, fiscale et financière, est pour bientôt. Sarkozy veut tenir jusqu'à l'élection présidentielle de 2012. Après sa réélection, il sera toujours temps de "purger" les déficits, plonger le pays dans une cure d'austérité. Limité à deux mandats (pour le moment), Nicolas II n'en aura cure. L'OCDE a revu ses prévisions économiques à la hausse. Elles restent médiocres : le PIB chuterait de 3% cette année, pour se redresser d'un timide +0,2% en 2010. En moyenne, la zone euro devrait perdre 4,9% de PIB en 2009. A compter de 2011, l'austérité sera quasi-nécessaire, selon l'OCDE:  "une fois que la reprise sera bien ancrée, il conviendra que le gouvernement mette en oeuvre un plan à moyen terme de réduction des dépenses et d'élargissement de l'assiette des impôts qui assurera la viabilité budgétaire." Emprunter pour dépenser comment ? Nicolas Sarkozy est resté évasif : son discours de Versailles brossait la quasi-totalité des sujets, même si la protection sociale fut le parent pauvre de cette revue: Nicolas Sarkozy et son équipe semblent considérer que les "amortisseurs sociaux" existants sont bien suffisants : la cases sociale a eue lieu, même si elle fut ralentie par l'ampleur de la récession depuis l'automne dernier (franchises médicales, suppression de la dispenses de recherche d'emploi, offre raisonnable d'emploi, etc). Sarkozy a d'ailleurs annoncé lundi qu'il souhaitait réduire encore les dépenses de l'Etat, et donc réduire les moyens des services publics. François Fillon a expliqué qu'il réunirait dimanche certains de ses ministres, pour un "séminaire" de réflexion sur le sujet. L'emprunt devrait être consacré à « dépenses qui généreront de la richesse »: biotechnologies, énergie du futur, santé, éducation. "A partir de la définition de ces priorités, on fixera le montant de cet emprunt"... Avec son nouveau (et pléthorique) gouvernement, Nicolas Sarkozy doit faire face à la crise sociale. L'OCDE prévoit notre chômage à 9,7% de la population active en 2009, puis 11,2% en 2010. L'organisme européen déconseille tout nouveau plan de relance, tant la situation financière du pays est déjà mauv