La sinueuse et improbable diagonale du fou

Publié le 25 juin 2009 par Ressol

Une définition réputée chinoise parvenue dans une traduction française ŕ mes oreilles étonnées : " Une enfant demande sa route ŕ un vieillard rencontré sur son chemin. La réponse confidentielle du vieil homme nous échappera. L’enfant poursuit sa route en fredonnant une chanson".

Cette illustration coopérative du bonheur, qui ne préjuge pas des prochains hectomčtres des deux piétons voguant vers leur destin respectif, ascendant et descendant par rapport ŕ la ligne de partage incertaine de la maturité adulte, vaut bien l’évocation " Et la statue d’un geste de béton armé indique le droit chemin" empruntée ŕ Jacques Prévert pour l’article précédent ŕ vous proposé.

A la faveur du solstice d’été et du basculement vers le raccourcissement des jours, plusieurs obligations conduisent les C.I.C.S.TE Arcure Art. 17 et Les Ateliers d’Algebrista ŕ un rapport d’étape, sinon ŕ une fin de partie provisoire, pour évaluer le chemin parcouru durant 36 mois avec le soutien du Conseil Régional de la Région Rhône-Alpes pour mettre en marche sur un micro-territoire de 120 communes, de prčs de 200000 habitants la démocratie participative que nous voulions documentée ou documenter. La perspective des élections régionales en 2010 stimule autant la collectivité territoriale Région Rhône-Alpes que le C.I.C.S.TE Arcure Art. 17 et Les Ateliers d’Algebrista pour une évaluation participative de cette diagonale du fou justifiée par les Droits de l’Enfant, par les obligations des adultes sans lesquelles les Droits de l’Enfant restent dans le déclaratif et le travail d’histoire et de mémoire sans lesquels les patrimoines ( particuličrement les savoirs) seraient en déshérence.

Les savoirs qui s’élaborent avec nos parcours de vie et les balisent, empruntent des chemins éclectiques, plus ou moins fréquentés avec quelques belles rencontres et d’autres plus calamiteuses. Plusieurs associations, dont certaines internationales font des récits de vie leur objet social et cette mise en espace des parcours et questionnements donnent ŕ la démocratie des couleurs qui brisent le silence avéré des petites gens, l’écriture étant le privilčge des gens instruits ( souvent diplomés) qui font profession et statut social de ses diplômes et capacités. Depuis les pionniers de l’éducation ŕ la liberté, dont les chrétiens au nombre desquels nous comptons les prętres ouvriers, le joug des servitudes a été un peu secoué et ce processus se poursuit sous le couvert et les masques des médias rugissants d’autres comptines.

Les savoirs dont ceux de l’ESS n’ont de sens que par des témoignages de vie (travail de mémoire) et par un travail d’histoire avec des recherches documentaires, des institutions et la culture savante plurielle ( sujette ŕ débat et interprétation) des historiens et des géographes car comme le vent, les histoires circulent et changent d’allure (vitesse, températures et formes) pour faire la Grande Histoire toujours revisitée par des timides et ou des téméraires. Reste quelques certitudes, l’humanité pas vraiment sortie de la barbarie peut mieux faire et au sein des Droits humains fondamentaux, les Droits de l’Enfant ne seront pas superflu pour le "développement durable et solidaire".

Nous pourrions discuter du bien-fondé des "mots-valises" " développement " , " durable ", " solidaire", ils sont et s’accomodent d’une valise en carton ou du top de la bagagerie de luxe sécurisée qui peut flotter sortie des soutes des avions de ligne disloqués au fond de l’Atlantique, chacun/ chacune configurera sa valise et son contenu suivant son histoire personnelle, ses moyens et sa volonté d’ętre utile ŕ soi-męme, ŕ ses proches et aux " autres".

L’horizon de cette aventure de curiosité partagée peut se définir comme celui parfaitement utopique de la Décennie de Culture de Non-violence et de Paix de l’Unesco, initiale de 2001 - 2010, puis son renouvellement 2010 - 2020, dont la non moindre étrangeté semble sa confidentialité autant que son affichage public restreint sans doute difficilement captable par le marketing prédateur des groupes industriels et financiers. Tous les raccourcis simplistes de définition et de portrait du " pacifisme" et de la "non-violence" les disqualifient comme marginaux et démobilisateurs dans un monde de "gagneurs" rajoutant une couche protectrice contre ce virus dangereux, celui de vouloir la paix et cependant vouloir le débat et le conflit des idées, ce qui n’est pas la guerre armée et męme économique hard que nous connaissons , amorale ou immorale ? La compétition ne s’accomoderait pas de la coopération ou plus exactement l’émulation ne serait pas un moyen terme et un palier avant la lutte fratricide connue depuis la nuit des temps. Enjeux, la nature et le périmčtre de coexistence des humains (individus ou groupes) entre eux, ou dit autrement quel est le périmčtre pertinent pour envisager "le progrčs humain" ? La domus, la chacuničre, le hameau, le quartier, la commune, l’intercommunalité, la communauté urbaine, le département, la région ou l’interrégion, l’Etat-bastion, la Fédération ou la Confédération d’Etat, le continent ou la plančte terre ? En l’état de nos moyens technologiques et encore aussi des talents manuels graphiques, tous ces niveaux territoriaux sont pertinents, aucun isolé n’est satisfaisant soumis ŕ nos imaginaires autant qu’ŕ nos perceptions rationalisées, ŕ nos mobilités et ŕ nos intelligences collectives et individuelles. L’interterritorialité des enjeux croisés des développements ( de l’enfance ŕ la vieillesse, des sciences et des techniques, du micro-local au mondial et planétaire) nous impose une pondération de nos désirs de croissance et de sécurité individuelle ou micro-collective dépourvus de sens communs. La renonciation, réputée hâtive et souvent caricaturée pour des choix écologiques, ŕ la recherche et aux technosciences débridées, remet en scčne la limite et la frontičre du soutenable et de l’insoutenable. Sans doute aucun, le droit ŕ l’objection de conscience devenu pour certains objecteurs de croissance, s’invite au débat.

Dans l’histoire de l’ESS en France et dans un contexte élargie des libertés publiques associées ŕ la notion de Défense Nationale, réside une étrangeté qui mérite d’ętre revisitée. Le premier Secrétaire d’Etat ŕ l’Economie Sociale, Jean Gatel avait comme locaux d’hébergement des locaux de la Marine Nationale. Etant moi-męme passé par la case engagement dans la Marine Nationale comme mécanicien d’aéronautique dans la MN, ma visite ŕ Hugues de Varine au Cabinet de Jean Gatel en ces locaux, avait suscité un étonnement. Député de la Circonscription du Vaucluse Nord (Orange - Valréas) Jean Gatel n’était un inconnu pour votre serviteur, co-fondateur de la Maison des Enfants ŕ Valréas en 1982. La suite de la carričre politique de Jean Gatel le conduit ŕ un Secrétariat d’Etat ŕ la Défense et avec la bataille interne au sein du PS et un passage remarqué de Jean-Pierre Chevénement ŕ la Défense Nationale et ŕ l’Education Nationale, arrive la fin de la conscription et la professionnalisation de l’armée française. Avec la dissolution du Service National, la fin des objecteurs de conscience qui étayaient la vie associative par quelques convictions fortes et pas nécessairement alignées sur les composantes prioritaires du bipartisme. Avec le bonne excuse de la saine gestion ( une armée de métiers), gain avec moins de questionneurs pugnaces identifiables comme tels (les objecteurs) et le tarissement de ces foyers de rebelles que furent certaines associations d’éducation populaire. Professionnalisation de la vie associative et dillution du bénévolat dans le paquet " citoyenneté active" tous azimuts, y compris l’entreprise devenue maintenant citoyenne. Et les citoyens "consom’acteurs" !

Les gains sociétaux de ce grand chambardement ne sont pas restrospectivement probants, les déficits de socialisation, d’identification systématique de non acquisitions des savoirs et des outils élémentaires utiles ŕ l’autonomie, un temps de vie ( masculin pour l’essentiel) faisant un peu de remédiation entre le rural et l’urbain. Cette sommaire rétrospective tout ŕ fait subjective mais documentée, dévoile les coűts cachés de ces réformes politiques et politiciennes justifiées par la "bonne gestion" ; ils s’affichent en pleine lumičre ( la République du centre). Ne demandons pas aux enfants et aux jeunes d’assumer seuls les conséquence de cette casse qui ne peut vraiment pas ętre attribuée ŕ " la droite" seulement. Cet héritage construit avec des majorités réputées alternatives avec une large cohabitation n’a pas fait vraiment une place démocratique aux non-alignés. Posé le problčme, quel chemin prendre ? Lla nécessité d’un choix avec d’éventuels suggestions ou recommandations d’un vieillard "sage" attardé sur le chemin.

Une écoute fine et attentive qui ressemble bien ŕ l’énigme des propos sans doute chuchottés par notre vieillard chinois ŕ l’oreille de l’enfant, peut-ętre une formule počtique et philosophique qui inspire cette déraisonnable confiance en soi comme en son destin et en ceux qui y interfčrent.

En représentation graphique, avec l’Art Contemporain, la Galerie Angle ŕ Saint-Paul-Trois-Châteaux nous offrait par un artiste en résidence un jeu de société remarquable , une installation " work in progess" oů chaque visiteur complétait dans une salle blanche constellée de points comme un ciel sans lune ( ni vieille lune), par un segment dessiné de sa main tracé d’un point ŕ un autre, complétait des liens arborescents depuis les tracés des précédents visiteurs. Cet univers aux liens en expansion nous embarquait dans nos représentations formelles ou informelles de notre choix personnel du moment, micro ou macro du vivant, des filiations ou des maillages de réseaux de toute nature, y compris technos de l’information depuis les jeux de pistes les plus primitifs jusqu’ŕ Big Brother, en passant par la rumeur.

Ce petit exercice de reliance, petit échauffement des neurones, pour restituer en des termes lacunaires, administratifs et comptables un périple de 36 mois qui fera l’objet d’une publication sous statut coopératif ouvert ŕ des candidats correcteurs de sa description et apporteurs d’autres regards et parcours de vie pas plus que cela altruismes, simplement socialisés comme déjŕ plusieurs productions documentaires en témoignent. L’ESS si elle revendique d’ętre une utopie, elle se décrit par des pratiques dans la vie réelle par des acteurs qui y trouvent une place pour eux-męmes et pour le bien commun. Ce qui est un moindre mal pour une économie dont les"givaros" avaient fait une machine particuličrement destructrice du "travail" en faisant travailler un argent virtuel. L’argent ne faisant pas seul le bonheur, l’argent virtuel pour payer le " travail" réel pose problčme, par contre la " gratuité" du don et du contre-don ouvre d’autre perspective en plus du salariat et du paiement ŕ la tâche.

Sans doute sur ce site des offres de visites guidées par des rédacteurs plus compétents que celui de ce blog, compléteront l’exploration de cette économie plurielle.