La fondation d´Eurabia

Publié le 26 juin 2009 par Drzz

Le 4 octobre 2005, le prof. Ekmeleddin  Ihsanoglu secrétaire général de l’OCI s’adressa à l’Assemblée parlementaire européenne à Strasbourg et rappela que l’OCI est la plus grande organisation internationale après l’ONU[1]. Council of Europe, www.cof.in; disc_Ihsanoglu.

L’Islam, poursuivit l'orateur, avait établi les fondations des droits et de la dignité de l’homme, affirmé la suprématie des valeurs de justice et d’égalité entre tous les êtres. L’islam avait enseigné depuis des siècles les principes qui devinrent par la suite la base de la législation internationale du droit humanitaire. Etant donné ces points communs avec l’Occident, Ihsanoglu plaida pour un dialogue ouvert et critique. Cet échange permettrait de corriger les racines de ces malentendus et conflits et de parvenir à une convergence d’opinions  conduisant à un Pacte de Réconciliation historique. Afin de réaliser ces objectifs, le secrétaire général de l’OCI proposait aux Européens les étapes suivantes:

1.   Conférer à l’Islam en Europe une reconnaissance officielle égale à celle des autres principales religions des Etats européens, ce qui développerait la confiance et l’harmonie interconfessionnelle.

2.   Réviser les syllabus éducatifs à tous les niveaux, des deux côtés, particulièrement dans des disciplines clés telles que l’histoire, la philosophie, les sciences humaines et sociales dans le but de présenter une vue équilibrée des autres cultures et civilisations.

3.   Etablir un véritable dialogue interculturel au niveau local, national, régional et international et dans tous les médias, dans les actualités, les œuvres littéraires et même les caricatures.

4.   Promouvoir la tolérance et encourager le débat avec l’intelligentsia et les médias concernant leurs responsabilités dans la suppression des préjugés.

5.   Développer des campagnes pour stimuler et disséminer le respect pour la culture, le pluralisme religieux et la diversité.

6.   Considérer la racine des causes du terrorisme y compris les conflits politiques.

7.   S’efforcer d’engendrer un sentiment positif d’appartenance et de citoyenneté responsable parmi la jeunesse musulmane en Europe et lui donner plus de motivation afin qu’elle participe aux courants dominants de la vie publique.

8.   Poursuivre et punir la discrimination raciale et les actes de violence dans le cadre d’une législation appropriée.

9.   Renforcer par des directives du Conseil européen, la législation existante sur les crimes haineux et le traitement inégal et discriminatoire adopté.

Pour implanter ces mesures destinées aux musulmans immigrés dans les pays européens, l’orateur proposa une action commune et une coopération structurée entre le Conseil de l’Europe et l’OCI.

En trois ans, bien que les Européens ne le savent pas, toutes les mesures proposées par Ihsanoglu sont appliquées dans le cadre de la coopération entre l’Europe et l’OCI qui conseille et agit par l’intermédiaire des nombreux réseaux de dialogues euro-arabes. Ceux-ci récupèrent tous les anciens leaders européens responsables de la situation actuelle et désavoués par leur peuple, les Prodi, les Blair, les Védrine, les Mary Robinson, repêchés par leurs amis de l’OCI auxquels ils ouvrirent généreusement les portes de l’Europe.

Dans son Rapport, le Secrétaire général Ihsanoglu réclama la solidarité de l'OCI, organe représentatif du monde musulman, avec les minorités musulmanes vivant dans les Etats non membres de l’OCI (c'est-à-dire les pays non musulmans) et avec les ONG et les organisations de la société civile (§5).

La Conférence de l’OCI programma un plan d’action sur dix ans fixant la politique interne de l’Oummah universelle et sa politique extérieure avec les nations. Ce plan promouvait le raffermissement de la solidarité islamique pour permettre aux musulmans de parler d’une seule voix en politique internationale

Le Communiqué final d'action décennal recommandait la mise à contribution des médias pour promouvoir et soutenir les causes de l'Oummah et les valeurs de l’islam.[2] L'OCI s'engageait à être solidaire des minorités musulmanes et des communautés immigrées dans les pays non musulmans. Elle devait coopérer avec les organisations internationales et régionales pour garantir leurs droits dans ces pays étrangers; à cette fin elle recommandait une action étroite avec le gouvernement des Etats accueillant sur leur sol des communautés musulmanes[3]. Le dialogue des religions devait être poursuivi conjointement avec la participation des organes de l’OCI spécialisés dans le dialogue des civilisations et des religions.

Activités de l’alliance des Civilisations :

Cette dernière initiative, mais aussi toutes les autres entérinent les demandes de l'OCI formulées par Ihsanoglu et le programme de la conférence de la Mecque en 2005. Rien n’est dit sur les pays musulmans et  l’on peut supposer que le racisme, et les incitations à la haine y sont inexistants. On remarque que les initiatives proposées ci-dessous sont exactement celles réclamées par Ishanoglu:

1.   Dialogues interculturels et interconfessionnels

2.   Mise au pas des média

3.   Enseignement des religions dans les écoles.

4.   Programmes gouvernementaux, universitaires et de la société civile visant à responsabiliser les immigrants musulmans aux Etats-Unis et en Europe.

En langage moins sibyllin cela signifie conférer aux immigrants musulmans des postes de responsabilité politique nulle part appliquée en Islam pour les indigènes non musulmans sans même parler d’immigrants.

Alliance des Civilisations, GHN : Groupe de haut niveau, étude du Rapport du GHN

Dans le secteur des migrations, le GHN préconise des mesures visant à réduire «l’aliénation sociale de la jeunesse immigrée» en Occident. Il promeut la lutte en Europe contre le racisme, la xénophobie et la discrimination contre les communautés immigrées. L’UE devrait fournir aux immigrés du travail, un logement, les services sociaux, de santé, de l’éducation et autres. Elle devrait favoriser l’apparition d’un leadership communautaire immigré et de groupes représentatifs «d’associations et de réseaux qui pourraient servir d’entités représentatives pour s’engager dans des dialogues multiculturels et interconfessionnels avec d’autres communautés ou avec des agences gouvernementales».[1] Des récompenses sont même prévues pour les sociétés qui auraient le mieux réussi à combattre la discrimination. Quels seraient les critères d'évaluation de cette réussite? combien de ministres ou de présidents musulmans à la tête des Etats européens? Et qui distribuerait les récompenses? L'OCI ?

De plus les leaders européens et américains devraient faire la promotion des cultures des immigrés musulmans:

Les universités et les centres de recherche américains et européens devraient étendre leurs recherches dans les domaines des importantes contributions économiques, culturelles, et sociales apportées par les communautés immigrées à la vie américaine et européenne. De même, elles devraient promouvoir les publications provenant du monde musulman concernant un éventail de sujets propres à l’Islam et au monde musulman.

Une telle recherche soutiendrait ceux qui, dans les secteurs politiques et des médias, recherchent des données bien fondées sur les rôles intégraux joués par les communautés immigrées. [2]

Le GHN recommandait aux dirigeants occidentaux de vanter dans des déclarations publiques, les immigrés afin de réduire leurs sentiments d’aliénation. Cette démarche permettrait le «débat concernant les politiques d’intégration tout en réduisant au minimum le spectre des sentiments racistes et xénophobes qui les assombrit ». Le Rapport explique:

 Développer une campagne médiatique pour combattre la discrimination au travers de messages continuels sur les immigrés, mettant en valeur les avantages de la diversité du pays, les contributions des immigrés et le danger des stéréotypes est crucial. La campagne média devrait également mettre l’accent sur le fait que tous ceux qui vivent dans le pays ont le droit d’exiger et d’obtenir de bons services, de se plaindre au sujet de la discrimination, et de rechercher la réparation appropriée.[3]

Ces mesures ne sont évidement pas envisagées pour les Européens victimes de violences ni pour les minorités non musulmanes dans les pays musulmans. En fait ces programmes qui planifient à tous les niveaux la ‘déconstruction’ des sociétés d'accueil occidentales sont déjà appliqués et supervisés par la Commission dans les Etats membres de l'Union.

Alléchés par «les récompenses» promises aux sociétés qui défendraient le mieux les droits et les cultures des immigrés, de nombreux gouvernements européens et des partis politiques promurent des Européens issus de l'immigration à des fonctions influentes. Le plan pour la diversité en France ou la discrimination positive annoncé par le président Nicolas Sarkozy s’insère dans cette stratégie.  

Assurément si les qualités et les compétences motivent ces nominations, elles seraient justifiées, mais si elles obéissent aux demandes de l'OCI assorties d’une récompense, elles sont inacceptables. Des individus appartenant à des minorités religieuses, juifs, Arméniens, orthodoxes, protestants, ou catholiques dans des majorités protestantes ou l’inverse, accédèrent à des fonctions politiques dans les gouvernements européens. Mais ces distinctions leur étaient attribuées sur la base de leurs compétences et non à la demande d'une organisation supranationale telle l'OCI, qui en outre se proclame la protectrice des intérêts de tous les musulmans de la planète et la garante de leur fidélité au Coran et à la Sunna auxquelles tous les musulmans doivent adhérer. Assertions dont se scandalisent nombre d’entre eux.

Ces recommandations et ces récompenses du GHN obéissent aux injonctions des oulémas réunis à la Mecque. Elles répondent à leurs préoccupations quant aux droits politiques et humains des minorités musulmanes et  des «défis auxquels elles étaient confrontées dans leur pays de résidence» (voir p.37 §12). Ces penseurs avaient relevé la nécessité d’accélérer et de coordonner les efforts pour sauvegarder le patrimoine culturel des musulmans dans les Etats non musulmans. L'OCI s’érigeait en protectrice de leurs droits culturels et religieux et de leur identité culturelle (§49).