Banderille n°308 : Une idée d’emprunt

Publié le 28 juin 2009 par Toreador

Bloghémisphère sud

21 juin, c’est l’été ?

Non. C’est l’Hiver de la pensée politique, comme si les élections européennes avaient euthanasié les chroniqueurs. Pendant que certains de mes collègues vivotent en grignotant leurs marottes habituelles (l’énième non-rebondissement d’Hadopi pour Samuel, le énième article anti-islam de Criticus), que d’autres hibernent,  j’essaye désespérément de trouver dans l’actualité politique de quoi nourrir ma réflexion. Même Balladur en est réduit à parler de moowalk, c’est dire !

Il y a bien sûr eu le remaniement, très bien vendu par l’Elysée à la presse. En effet, on a plus parlé de l’arrivée d’un Mitterrand que de la non-venue d’un Allègre, alors que ce repli stratégique a sa signification.C’est un Thriller qui finit bien ?

On a également oublié de noter que l’entrée de Lellouche au Quai d’Orsay fait du ministère des affaires étrangères un repaire de néo-conservateurs. Bad.

Mais passons.

Tout l’monde se lève pour la Dette, la Dette !

Car il reste au fond du sac de provision une carotte rachitique : le fameux emprunt.  Tout cela est quand même assez baroque. Le gouvernement annonce un grand emprunt national, sans pouvoir le chiffrer, puis explique ensuite qu’il servira à financer des priorités que l’on va définir.  Lorsque vous voulez devenir propriétaire, vous commencez d’abord par déterminer où vous voulez vivre avant de négocier un prêt, non ?

Tout cela donne l’impression qu’on veut dépenser et relancer à n’importe quel prix. Or, cet emprunt aura un prix : il va accroître l’endettement public, grever les ressources de l’Etat (avec un déficit qui équivaut déjà à la moitié de ses revenus actuels) et y fine se terminer par une hausse d’impôt pour payer les intérêts du dit emprunt.

Le dernier article de Malakine décrypte assez bien les insuffisances françaises en termes de stratégie. Très pertinemment, il s’interroge à haute voix sur l’absence de priorités au niveau national, après 2 années de présidence. En réalité, il n’y a pas besoin de pseudo-concertation en bois pour savoir où investir : les nanotechnologies, la recherche, les investissements dans le Sud périphérique européen, l’armement nucléaire, les énergies renouvelables et alternatives, voire même l’agriculture dans un monde où le coût de transport des marchandises serait dixtuplé. Complétez la liste et nous ferons gagner de précieux mois à M. Fillon.

Mais ce que Malakine choisit d’oublier, c’est que le gouvernement ne réalise pas une opération de stratégie, mais une opération de communication. Dans l’imaginaire politique français, l’emprunt national a bonne presse, grâce à Pinay. Lorsqu’on sort le mort « emprunt » on pense à « redressement national » et plus largement à « contrat entre l’Etat et la Nation ».

Problèm – Emprunt est aussi synonyme d’endettement : je propose qu’on labellise donc le futur produit « Produit de Surendettement National« . Nous verrons s’il a autant de succès…

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