L’habitat traditionnel Khmer, et déboisement.

Publié le 29 mai 2009 par Notretour

Au Cambodge la maison Khmer est l’un des principaux bien de la famille, elle est le symbole de la richesse sociale et participe à la vie communautaire du village.

“L’habitat traditionnel khmer représente une coutume de vie des khmers depuis la création de la société il y a deux mille ans. La maison construite en bois  sur pilotis et la toiture en tuile, constituant un ensemble chargé de symboles, apparait donc comme l’expression d’un système complexe de marquage social et culturel de l’espace, et comme une solution technique au besoin de protection, d’organisation, et d’identification de la famille ou de la ville, d’une unité minimale de production, et constitue le résultat d’un travail familial et collectif.” Davuthea KEO.

Il existe 5 typologies de maisons faisant varier divers éléments: la forme du toit, la position de l’escalier, la présence d’une véranda et le nombre de colonnes de face et de profil. De manière générale la maison Khmer est toujours construite sur pilotis pour plusieurs raisons, et particulièrement car le Cambodge est un pays tropicale, donc souvent inondé. Les habitants considèrent insalubre une maison posée sur le sol, l’air ne pouvant circuler entre les lattes du plancher et cela permet de respecter la dualité terre-eau. L’escalier menant à la véranda ou bien à la pièce principale a toujours un nombre impair de marches ce qui interdit l’entrée des esprits malfaisants.

Le plan de la maison ne suit pas nos critères de confort d’occidentaux, pas de salle de bain ni de WC, la cuisine est tout juste séparée, et seulement dans les maisons plus aisées il existe des chambres séparées pour les parents et les grands enfants. La véranda ainsi que  la pièce principale de la maison servent de lieu de réunion et de rencontre pour la famille et les voisins, ce sont des maisons ouvertes. Sous les pilotis, c’est aussi un lieu de vie et de travail, stockage du matériel agricole et emplacement du métier à tisser. C’est un lieu frais ou il fait bon discuter. Le mobilier des maisons est sommaire, voire inexistant. Il n y a ni tables ni chaises, le repas se prend sur une natte au sol et dans des plats communs. La cuisine se fait sur le sol avec un petit feu. Les lits sont de petits matelas rembourrés de capoque naturel ou bien ce sera juste une natte, il y aura toujours une moustiquaire. Sur les colonnes de la véranda sont accrochés des hamacs et souvent sous la maison il y une grande plateforme en bois permettant de s’y assoir à plusieurs. Le grenier est une annexe très importante permettant de stocker le riz, principale alimentation.

“La maison cambodgienne signifie un abri matériel et spirituel et doit s’insérer dans un univers animé
d’esprits, d’où l’existence de plusieurs cérémonies et gestes communautaires.” Davuthea KEO. Il faut respecter l’accord de l’animal mythologique, le Naga, symbole de la prospérité. Ainsi la construction d une maison s’inscrit dans de nombreux rites orchestés par l’Achar, qui est le doyen du village c’est celui qui connait et enseigne les rites ancestraux.

Les matériaux utilisés pour la construction dépendent du niveau de vie de la famille, ce sont évidement des matériaux naturel et récoltés localement. Les pilotis sont en bois dur, ainsi que la structure de la maison. Le plancher peut-être en grandes lattes de bois que nous considérons comme précieux ou bien plus modestement en claie de bambous. Il en est de même pour les parois extérieures de la maison qui peuvent être aussi en palmier tressé. Le toit peut être recouvert de tuile ou bien en chaume de palmier.

L’utilisation de trop de bois entraine de grave pprobleme de déboisement. On peut traverser des étendues désertes  et sèches sur des centaines de kilomètres et apercevoir au loin l’ancienne jungle. Toutes les maisons de villages construites aujourd’hui utilisent ce bois avec des planches mesurant jusqu’à 7 mètres par 30 cm de large. Beaucoup plus grave est l’ utilisation de ce bois pour des meubles vendus très bon marché et en quantités effrayantes, ainsi que la construction de grands complexes ne se souciant nullement de cette question, puis il y a bien sur l’exportation. Dans les guest houses a 5 dollars US la nuit, les portes des chambres sont en bois massif, sculptées dans la masse. Un luxe inabordable en Europe. Le prix du bois ici défie toute concurrence, il est bradé. C est un problème politique bien épineux et personne ne se prononce réellement sur le sujet, et pour cause: l’état du Cambodge a attribué des terres aux gouverneurs régionaux qui se hâtent de raser tous les arbres afin de les revendre.

Le Cambodge se trouve confronté a ce probleme de construction pour les habitations locales, les proprietaires n’ayant pas les moyens de  choisir d’autres matériaux. Par contre  nous avons les moyens de choisir quand nous achetons des meubles en grande distrubution et ne pas soutenir ce systeme.