"Blood : The Last Vampire"

Par Loulouti


En 2000 les cinquante minutes de "Blood : The Last Vampire" produit par Mamoru Oshii (réalisateur à ses heures de "Avalon") ont ébloui le monde entier. Le long métrage d’animation mélangeant 2D et 3D a pris place au rang d’œuvre culte.

Il fallait vraiment du coffre pour mettre en chantier un long métrage avec des comédiens en chair et en os. Malheureusement le film de Chris Nahon n’est pas réussi même s’il comporte des qualités mal exploitées.

Vietnam, 1970.Saya (Gianna Jun) est une combattante de l’ombre qui tue de manière impitoyable les buveurs de sang. La jeune femme a des origines mystérieuses. Elle travaille pour une organisation clandestine dont l’un des représentants est Michael (Liam Cunningham). Saya infiltre une base américaine sous l’apparence d’une jeune lycéenne pour traquer des monstres menés par la redoutable Onigen (Koyuki).

Ce qui frappe d’entrée est le parti pris de Chris Nahon : nous plonger immédiatement au cœur de cette histoire comme si le metteur en scène voulait gagner du temps. La durée du long métrage est relativement courte (1heure 25 minutes) et "Blood : The Last Vampire" ressemble à une course contre la montre mal ficelée.

Il en résulte une impression de manque. Les situations, les personnages et l’intrigue n’ont pas le temps de se mettre en place. L’action prime et c’est très louable pour ce genre de films mais j’aurai tant aimé que l’ensemble ait plus d’épaisseur, plus de moelle.

Les perpétuels affrontements au sabre entre Saye et des créatures hideuses comblent mal un certain vide scénaristique. Sur un plan général le film est à la croisée de deux genres bien particuliers : un film d’arts martiaux et une œuvre qui se veut fantastique. Mais cette union de catégories cinématographiques, opportunes par ailleurs, donne l’impression d’être bancale.

La réalisation en elle-même pose problème. On a l’impression de se trouver dans un univers clipesque. Les plans nerveux se succèdent au même titre que d’inutiles ralentis. Chris Nahon hache son film et son travail finit par nous taper sur le système.

Sur un plan technique le long métrage aurait pu être réussi mais un certain nombre d’éléments à charge viennent plomber la technologie mise en place ici.

Les combats sont plaisants à voir sauf leur rendu est massacré par l’utilisation abusive des câbles. J’avais le sentiment de me trouver dans une production Hong Kongaise de seconde zone qui copierait ses glorieux aînés.

Les combats sont très nombreux. De nombreux membres sont tranchés, des têtes sont coupées et le sang coule à flot. Le tout aurait du être plaisant à voir. Sauf que la charte graphique mise en place pour traduite visuellement l’hémoglobine qui gicle ici ou là est très loin d’être réussie. J’ai même eu la sensation que nous étions restés au stade de la prévisualisation (sorte de modélisation intermédiaire un peu plus poussée entre les premières esquisses et le rendu final). Que ce sang est moche.

Mais le plus gros défaut technique concerne les créatures que Saya pourchasse. Les monstres sont vraiment ratés. On a presque envie de rire tellement leur aspect est hideux. Dans ce domaine ci, il y avait aussi la possibilité de réussir quelque chose de grandiose. Mais le travail a été massacré (faute de moyens,  de temps ?).

Quel dommage. "Blood : The Last Vampire" avait, et continue à avoir, un énorme potentiel. Le sujet recèle un nombre incroyable de possibilités et des développements envisageables. Chris Nahon n’a visiblement pas pris possession du matériau d’origine avec suffisamment d’autorité. Il n’a pas su imprimer sa marque sur le film.  

Je ne vais pas passer chaque élément en revue avec des "si" en guise d’introduction mais l’œuvre aurait gagné en lisibilité avec des choix tranchés, des effets spéciaux dignes de ce nom et un casting plus judicieux. La réussite dans ce domaine est Gianna Jun qui joue juste et qui impose sa froide détermination tout au long du film.

"Blood : The Last Vampire" aurait du être un long métrage de qualité.

Aurait du…