J’ai eu confirmation que la revue Brèves littéraire détenait les droits de mon texte que pour la première publication seulement, donc je peux maintenant le produire ailleurs à mon bon vouloir.Je vous partage donc ici l'un de mes deux textes, celui déja publié, le plus court : Les dernières pensées d’un homme résigné à son sort devant les marches de sa potence. Que Dieu ait son âme.
Dans quelques secondes, il ne sera d’aucune utilité de connaître mes rêves de jeunesse, les rançons de gloire auxquelles j’aspirais et les coups de cœur qui me stimulaient, car le temps s’égrène minutieusement et j’attends patiemment la corde autour du cou.
Planté debout, droit comme une tige, je constate avec résignation la loi du non retour. Si je fais marche arrière, je m’en mordrai les pouces jusqu’au sang. Alors, aussi bien en finir promptement et sceller l’issue du match. Mon passé me tire révérence et il n’y a plus qu’un pas à franchir pour passer l’arme à gauche et vendre mon âme au diable.
Le nœud se resserre sur ma gorge et je vois défiler ma vie : les partys d’enfer, les tournois de hockey, ma Mustang 67, mon maski du lac Ouareau et les chaudes soirées Combo Sandra et Jenny. Tous ces moments d’euphorie ne font plus le poids. Je me rends à l’évidence, mon auto-exécution est un mal nécessaire et la rédemption m’attend à l’autel des repentants.
Le suspense tire bientôt à sa fin, je m’entends acquiescer. Je troque avec mon ange les gages du sacrifice et je ne résiste plus. Le plancher se dérobe sous mes pieds et je me lance dans le vide.
Le pari est tenu. Je passe de vie à trépas. Les musettes résonnent et les disciples retiennent leur souffle. Devant moi, avec son visage de marbre, le cerbère de Dieu se dresse et proclame solennellement :
- Vous pouvez maintenant embrasser la mariée.