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Par Adelap @adelap10








Il s'agit toujours d'une rencontre, d'une rencontre qui pourrait se faire
ou qui ne s'est jamais faite… Alexandra, appareil au poing, traque les êtres,
les objets, les lieux au moment de leur rencontre, mais surtout avant, après
et évoque même quelquefois uniquement la probabilité d'une rencontre.
Du marché couvert en attente de ses premiers clients, insolitement vide,
à ces stands de jeux de forains qui semblent se passer des enfants
pour s'amuser... de ces lits vides qui transpirent l'amour sans qu'on ait besoin
de voir ni les corps ni les visages de leurs occupants. Ils sont partis d'ailleurs,
peu importe où. Ils nous ont laissé le meilleur...
D'autres rencontres, d'autres vies… Des couples formés dans cette salle de bal,
nous ne saurons rien. Quelques objets abandonnés nous rappellent leur présence,
mais le temps de la fête est révolu et les murs seulement gardent le souvenir
du bon temps. De ce repas avec papa-maman, nous n'imaginerons que les bruits
de la vaisselle, les mains crispées jouant avec la salière, les silences…
Lieux témoins d'une rencontre improbable, fictive, ou une non-rencontre.
Des rues vides, des troquets fermés, des chiens errant seuls.
Que serait la vie sans nous ? désir d'humanité. Preuve par le manque
de la nécessité de l'homme. Objets conçus, utilisés, façonnés par l'homme.
A jamais dépendants et à jamais cherchant à vivre par eux même,
tels des Pinocchios sortis de l'atelier de Gepetto. A ce point humanisés qu'ils
en ont presque une âme. Un fauteuil, une tasse, un jeu d'enfant, un banc dans
le square, témoin de rencontres, mais aussi des douleurs, des cris, et...
de solitude. Ce banc sur lequel on aime s'asseoir à deux ou plus mais sur lequel
on s'allonge toujours tout seul....
Alexandra est une Gepetto. Faire vivre les objets et les lieux seuls,
tout en rappelant à quel point ils sont humains, à quel point ils ne vivent
qu'à travers nous… Plus elle cherche à nous éviter, plus elle nous trouve…
Alexandra de Lapierre a travaillé longtemps comme graphiste
et directrice artistique pour l'Édition. Elle en a gardé cette boulimie de l'image,
ce goût pour le mélange des genres et des styles. Couleur, portrait, extérieur,
paysage, Noir&Blanc, mode, quotidien, concert, ses photos se regardent
comme on feuillette un magazine avec toujours ces petites histoires
qu'elle nous laisse le soin de réinventer...
C. Faou-Cresson

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