Plaidoyer pour les décideurs du Québec

Publié le 03 juillet 2009 par Chiendegarde

Avec le départ de François Legault de la vie politique québécoise, on compte une nouvelle manifestation, pour ne pas dire simplement une victime, de l’enlisement du débat public et de la lente agonie des décideurs. Las de voir les choses stagner, ce député du Parti québécois n’a pas senti une marge de manœuvre suffisante en tant que serviteur de l’État pour faire « bouger les choses ». Qu’on soit d’accord ou non avec ses prises de position passées, ceux qui rêvent d’un Québec où la volonté d’une poignée d’hommes et de femmes peut mettre en branle de grands projets moteurs doivent en être attristés… et tous les observateurs intéressés par le sujet devraient tenter de comprendre pourquoi les grandes idées sont devenues des cages à homards. Il n’y a plus lieu d’en douter quand, du tac au tac, le président d’une grande centrale syndicale comme la CSQ sent le besoin de bien enterrer les dernières remarques de l’ex-parlementaire, qui exprimait pour l’occasion les raisons de sa démission.

Qu’est-ce que M. Legault a dit pour mériter une telle volée de bois vert ? Que le Québec était sur un déclin tranquille, qu’il fallait peut-être envisager de toucher à quelques « vaches sacrées »… un message signifiant qu’il faut de plus en plus de temps, d’énergie et de patience pour arriver à des résultats, et qu’il est toujours plus difficile d’accomplir des projets qui plaisent à la population et lui procurent des services de qualité. On n’aurait pas pu s’attendre de l’ex-député qu’il dépose une thèse de doctorat pour qu’on ait les détails de sa pensée. Il a utilisé une formule forte mais peu précise pour exprimer son idée, il n’a pointé personne du doigt, du moins pas nommément… C’était sans compter sur les plus braves soldats de l’escouade permanente de la justice sociale qui allaient chanter en choeur que M. Legault est un néo-libéral (stigmate à la mode) qui ne cherche que la productivité et le profit et ne voit pas que les employés des services publics se tuent à l’ouvrage. Outre le fait que poser une étiquette pour rejeter sans appel tient du simplisme le plus bête, les deux visions qui se sont affrontées ne sont pas complètement différentes, contrairement à ce qu’aiment à penser les bonzes de la solidarité. Au contraire, certains de leurs constats pointent dans la même direction. Ce que le Chien de garde croit, c’est que ce débat d’idéologues doit prendre fin pour prendre une tournure plus constructive si on veut cesser d’être une société qui se contente de moins.

Dans la majorité des problèmes ou situations, ceci explique cela. Par exemple, le Québec est de moins en moins capable de réaliser ses projets et, en même temps, ses services publics sont de qualité inférieure à ce qu’ils étaient. Y a-t-il un point de rencontre entre ces deux observations ? Probablement, puisque dans les deux cas, nos pratiques ont mené à des reculs. Dans les deux cas, la qualité des services publics et le développement économique et social, on conclut que les résultats ne sont pas au rendez-vous. Pour reprendre un exemple cher à M. Parent, si on pouvait dire il y a une trentaine d’années que les employés des secteurs de la santé et de l’éducation réussissaient à maintenir un bon équilibre entre le temps et l’énergie consacrés d’un côté et l’accomplissement de leur travail de l’autre, c’est qu’il y avait des résultats satisfaisants. Ce n’est pas un sacrilège de le dire, à moins qu’on conçoive les choses de façon tellement étroite que même les mots nous font peur désormais !

En refusant de repenser les interventions de l’État et en nous situant constamment dans la logique d’affrontement, on ne s’est pas rendu service. On s’est enfoncé d’un cran quand on s’est réfugié dans de grandes idées abstraites, ou plutôt des blocs d’idéologie, afin de se disputer le titre de champion de la vision à suivre. Pour remédier à cette réalité consternante, le Chien de garde pense qu’il est temps de se dire, partout et dans tous les milieux, cette petite phrase toute simple : les problèmes en lien avec l’intervention de l’État ne sont jamais exclusifs les uns des autres.

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