Chômage le dimanche ou RSA pour jeunes ?

Publié le 10 juillet 2009 par Juan

Une gaffe chez Lagarde, un Nicolas caché derrière Carla, une loi sur le chômage dominical, et un RSA pour jeunes... tout va bien, partez en vacances l'esprit tranquille.
Lagaffe Lagarde
Jeudi 9 juillet, le président d'EDF a semé le trouble. Il a réclamé une augmentation de 20% des prix de l'électricité étalée sur 3 ans. Pierre Gardonneix avait justifié sa demande par le besoin d'investissement de son groupe. Faut-il donc que les usagers d'EDF financent le développement international d'EDF ?
La ministre de l'économie exprime sa surprise: "Le gouvernement n'est absolument pas lié par les appréciations qui sont fournies par Pierre Gadonneix. C'est une chose qu'avec le ministre de l'Industrie Christian Estrosi nous examinerons ultérieurement. Quand on veut des étoiles, on demande la lune". Mais elle ajoute que des "hausses de tarifs seront nécessaires." Quelques heures plus tard, Christine Lagarde modère ses propos, inquiète d'une polémique naissante ; la ministre se veut prudente. Avec Jean-Louis Borloo, elle publie un communiqué précisant qu'aucune décision ""tant sur l'opportunité d'une éventuelle hausse que sur son niveau" n'a été prise. l'honneur est sauf.
Sarko, maître-joueur
Le président s'amuse de la pseudo-désorganisation du jeu politique en France qui ne profite qu'à lui. Un éditorial du Figaro s'intitule "A gauche, c'est la jungle." On peut y lire que les Verts "ont flairé la bête malade. Depuis le scrutin européen, le regard des Verts sur le Parti socialiste a changé." A lire ce billet, on roirait entendre la voix off d'un documentaire animalier. "Le PS ne se sent pas la force d'ouvrir deux fronts à la fois : le combat contre l'UMP et le combat contre les Verts. Sans compter le MoDem, qui ne désespère pas de se refaire une santé après la gifle du 7 juin. La bête blessée va-t-elle réagir ? Pour l'instant, nul signe annonciateur d'une contre-offensive. Julien Dray parle d'une «machine à bout de souffle» et Michel Rocard d'un parti «en hibernation comateuse». À gauche, le mâle autrefois dominant se met à compter ses rivaux." L'ambition politique est bien loin. La Sarkofrance est un zoo et Sarkozy est son Roi lion.
Sarko, maître chanteur
Le débat sur le travail dominical se poursuit à l'Assemblée Nationale. On découvre peu à peu l'ampleur des dégats du projet de loi écrit par Nicolas Sarkozy, défendu par un député-godillot. En procédant ainsi, le texte n'a pas besoin d'être soumis au Conseil d'État ou au Conseil économique et social. de même, aucune consultation des organisations syndicales ou de consommateurs n'a été effectué.
Cette loi est d'un enjeu crucial pour le président français. La validité du slogan "Travailler Plus pour Gagner Plus" ne tient qu'à un fil, l'extension du travail dominical. A lire les débats parlementaires, on comprend que la définition de ces "zones touristiques" où tout sera permis, sans volontariat salarié, est bien floue.
La commission des Affaires Sociales avait déjà adopté quelques "améliorations" non prévues dans le texte initial, comme cet amendement de Martine Billard (ex-Verte) prévoyant la compensation de la privation du repos dominical "par une rémunération au moins égale au double et par un repos compensateur équivalent en temps", un autre instituant l'obligation pour le préfet de "retirer les autorisations d'ouverture dominicale sur demande de la majorité des établissements intéressés", ou encore un dernier protégeant les demandeurs d'emploi refusant de travailler le dimanche de toute radiation de la liste des demandeurs d'emploi. Restent que les débats furent vifs, et l'opposition offensive:

"Pour que ces zones commerciales soient ouvertes et puissent fonctionner le dimanche, les transporteurs devront travailler le dimanche, les banques, les convoyeurs de fonds, les entreprises de maintenance devront travailler le dimanche, les garderies devront fonctionner le dimanche, les services publics devront être ouverts le dimanche : le voilà, l’engrenage !"

(...)
"Quelle entreprise ouvrant le dimanche ou désirant le faire va engager un salarié qui précisera lors de son entretien d’embauche qu’il ne veut pas travailler le dimanche ?
Quel maire considérera que son territoire ne mérite pas d’être classé zone touristique ? Avec le développement du tourisme vert, du tourisme rétro-littoral, du tourisme culturel, du tourisme industriel, du tourisme sportif, un très grand nombre de nos communes voient leur population gonfler significativement avec ces afflux de touristes. Engrenage toujours !
Comment croire, enfin, qu’un arrêté préfectoral traçant une ligne en vertu de laquelle, à un ou deux kilomètres de distance, les règles de la concurrence seront totalement différentes et l’on pourra gagner là le double d’ici en faisant le même métier, pourra tenir longtemps ? Le mimétisme jouera fatalement en faveur d’un alignement sur l’ouverture maximale."
M. Dominique Souchet

"On peut aussi s'étonner que ce texte, qui est manifestement une volonté personnelle du chef de l'État – il ne s’en cache pas – prenne aujourd'hui la forme d'une proposition de loi. Là aussi, tout le discours sur la revalorisation du Parlement qui nous est servi depuis quelques mois montre surtout que la prétendue initiative parlementaire – nous sommes malheureusement obligés de l’appeler ainsi – est en fait là pour satisfaire aux souhaits les plus chers du chef de l'État !" François de Rugy (Vert)


Ces débats feraient presqu'oublier l'échec écolo du G8. Les grands de ce monde et les quelques pays émergents n'ont pas réussi à se mettre d'accord sur des engagements fermes et significatifs contre le réchauffement climatique. En revanche, l'arrivée tardive de Carla Bruni-Sarkozy a les honneurs de la presse transalpine. Après sa tribune dans The Guardian, elle en a publié une autre dans la Stampa, toujours en faveur de la lutte contre le sida. A-t-elle une quelconque légitimité autre que son mariage présidentiel ? Non. Bienvenue à la Cour. Carla est à Nicolas ce que Lady Die était au Prince Charles. Un argument médiatique.
Hirsch sort son RSA pour jeunes
Lundi, Martin Hirsch avait présenté à Nicolas Sarkozy son "livre vert" sur la jeunesse. Le Haut Commissaire aux Solidarités Activité avait hérité de la jeuness, aux détriments du patron de casion Bernard Laporte au début de l'année. Constat préliminaire: «Quand on regarde les vingt dernières années, on voit que soit il n’y a pas eu de politique de la jeunesse structurée […] soit il y a eu des mesures qui enfermaient les jeunes dans des sous-dispositifs». Après "190 heures" de débats au sein d'une commission de 80 membres, le haut commissaire à la jeunesse a listé ses 57 propositions. En l'absence de calendrier concret et de pistes de financement, le projet a déçu. Parmi les mesures phares mises en exergue par le gouvernement, citons :

  • "Réintroduire le sujet de "la politique de la jeunesse" dans l'agenda politique." (du concret !)
  • "Créer un service public de l'orientation compétent pour l'orientation tout au long de la vie." (avec quels moyens quand on réduit le nombre de fonctionnaires chaque année ?)
  • "Prendre en charge tous les jeunes jusqu'à 18 ans et non plus jusqu'à 16 ans" (une proposition contradictoire avec l'avancement de l'âge de l'apprentissage à 14 ans)
  • "Favoriser la transmission intergénérationnelle au sein de l'entreprise" (avec quels moyens ?)
  • "Accéder à l'autonomie financière" (plutôt qu'abaisser l'âge minimal d'accès au RSA, la commission recommande de créer un "système équivalent au RSA complément de revenu, le cas échéant à partir d'une durée minimale de travail et de cotisations sociales", sans préciser s'il doit s'adresser à tous les jeunes ou seulement aux étudiants).


Ami sarkozyste, où es-tu ?