Fruit d'Estonie: la ronce des tourbières

Publié le 10 juillet 2009 par Bouffioux

La plaquebière , appelée aussi « ronce des tourbière », « ronce petit-mûrier », « margot », « mûre blanche » ou encore « chicouté » (écrit aussi « chicoutai ») au Québec (Cloudberry en anglais), est une plante vivace, rampante du genre Rubus de la famille des rosacées pouvant atteindre une hauteur de 10 à 30 cm. Son nom botanique, Rubus chamaemorus, vient du grec chamai (à terre, petit) et du latin morus (mûre).
Les feuilles sont composées palmées à cinq folioles, trois folioles pour les rameaux florifères, réniformes, ou à 3 à 7 lobes arrondis et dentés. Les fleurs blanches, de 3 cm de diamètre environ, apparaissent en été et donnent, après pollinisation, des fruits composés qui ressemblent à des framboises. Ces fruits, composés de petites drupes (ou drupéoles) agglomérées, sont d'abord orangés ou rouge pâle, devenant translucides à maturité en automne. C'est à cette saison que le feuillage change de couleur et rougit fortement.
Localisation
La plaquebière pousse naturellement dans tout l'hémisphère nord, dans la zone comprise entre les latitudes 78° N et 55° N environ. On la trouve, à l'état très dispersé plus au sud jusqu'à 44° de latitude nord, principalement dans des régions montagneuses. En Europe, on la trouve principalement dans les forêts de Scandinavie, de Grande-Bretagne et d'Irlande, en Russie et dans les États baltes. De petites populations se trouvent également plus au sud, vestiges botaniques de la période glaciaire, notamment en Allemagne dans les vallées de la Weser, de l'Eider et de l'Elbe, où l'espèce est protégée. En Amérique du Nord, l'espèce est spontanée dans les forêts de la région du nord, légèrement peuplées, du rivage du Québec, dans les îles de la Madeleine situées dans l'estuaire du fleuve Saint-Laurent du Canada, mais aussi aux États-Unis d'Amérique en Alaska, dans le Maine, le Minnesota, le New Hampshire et l'État de New York). On la trouve également dans le nord de l'Asie (Chine, Japon (Hokkaïdo)) et en Sibérie.
La plaquebière croît en bord de marécages et dans les prés humides jusqu'à 1400 m d'altitude et exige des expositions ensoleillées en terre acide (pH compris entre 3,5 et 5). Elle peut résister aux températures froides bien au-dessous de -38°C, mais est sensible au sel et aux conditions sèches.
On la trouve donc en quantités importantes dans les tourbières d’Estonie (Murakas en estonien).
Pollinisation
À la différence de la plupart des mûres, la pollinisation des plaquebières nécessite une plante du sexe opposé (plante dioïque). Une large propagation s'opère grâce à l'ouverture des baies par les oiseaux et les rongeurs et l'excrétion des graines indigestes. La propagation se fait également par les rhizomes et par marcottage naturel sur d'amples parcelles de terre.
Malgré la demande en raison de sa réputation de mets délicat, la plaquebière est principalement une plante sauvage. Cependant, depuis le milieu des années 1990, elle fait l'objet d'un projet de recherche spécifique en Norvège, en coopération avec la Finlande, la Suède et l'Écosse, dans le but de parvenir à une production commerciale du Rubus chamaemorus : la Norvège importe de Finlande entre 200 et 300 tonnes par an de fruits de plaquebière . Depuis 2002, différentes variétés sont à la disposition des agriculteurs, notamment Apolto (mâle), Fjellgull (femelle) et Fjordgull (femelle).
La plaquebière peut être cultivée dans les zones arctiques au contraire d'un grand nombre d'autres plantes, particulièrement sur la côte nord de Norvège.
Utilisation
Typique des pays nordiques, son fruit mûr couleur jaune or est mou, juteux et riche en vitamines C. On peut évidemment le manger frais. Son goût âpre assez particulier évoque un peu la térébenthine, dû à son contenu élevé en acide benzoïque.
Dans les pays scandinaves et en Finlande (plante présente sue la pièce de 2€), ils sont souvent transformés en confitures, jus, tartes ou liqueurs, ou employées comme garniture de crèmes glacées. En Finlande, les baies sont aussi consommées de manière plus inventive, par exemple en accompagnement du « leipäjuusto » (fromage local, sorte de galette de fromage cuit). Au Canada, elles servent à aromatiser une bière spéciale et à faire de la liqueur.
En raison de son contenu élevé en vitamine C, le fruit est apprécié des marins du nord et par les Inuits américains comme protection contre le scorbut. Son contenu élevé en acide benzoïque agit comme un conservateur naturel.
Autres noms
• Canada : plaquebière, chicoutai (plus rarement, chicouté), bakeapple (à Terre-Neuve), aqpik (au Nunavik)
• États-Unis : cloudberry
• Suède : hjortron, multebär, myrbär, snåtterblomma, solbär
• Estonie : murakas
• Finlande : lakka, suomuurain, hilla, lintti, valokki
• Allemagne : Moltebeere, Multebeere, Multbeere, Torfbeere
• Italie : camemoro, lampone artico, rovo artico
• Norvège : molte, multe
• Saint-Pierre-et-Miquelon : plate-bière, ronce des tourbières.
• France:baies polaires
• Pologne: malina moroszka, moroszka
Vidéo (en anglais) sur le projet Northernberries

Sources
Wikipédia, Northernberries