Une improvisation poétique d'Umar TIMOL.

Par Ananda

venez

embourbés dans ces destins qui descellent les nuits

venez

empêtrés dans la mémoire des pestilences et du verbe avorté

venez

quand le songe assigne le déclin des envoûtements


venez

quand la terre opale fomente un peuple de soleil orné d’un trop grand obscur

venez

quand les monstres foulent les creux ( ou est-ce les crevasses ) de vos gangrènes

venez

quand la blessure entrouvre tout cœur qui n’a pas encore osé la mort

venez

quand les mots vagabondent à l’entre-jouissance des os et de la mer

venez

engoncés dans les vestiges d’un minuit qui assermente la vengeance et déflagre l’amour

venez

enroués dans les aléas de ces corps qui éconduisent les transparences de la pierre mortuaire

venez

encensés par les rythmes d’une parole énoncée par des larmes qui pourissent

venez

il n’y aura en ce lieu que la contrainte du vertige

il n’y aura en ce lieu que les soumissions de la vacuité

il n’y aura en ce lieu que l’insolence brutale des affamés

il n’y aura en ce lieu que le bleu des racines et le rouge de vos veines blessées

il n’y aura en ce lieu ni langage ni ébauche de langage seulement le serment de l’absence

venez

quand les abîmes décrètent la panoplie des vers

venez

quand les boursouflures des fleurs fanent des épis de syllabes

venez

quand le sang pluriel macule ces murs qui érigent une trop grande haine

venez

il n’y aura en ce lieu que les éboulis du silence

on ne vous réclamera

que la sentence du dévoiement

venez

poings déliés

mains mêlées aux tumescences de la folie

venez

poings déliés

mains mêlées aux ouvrages de la pénitence

venez

poings déliés

mains mêlées aux constellations qui archivent nos misères

venez

impunis

car vous semez dans sa chevelure encore vaine les semences des écarlates

venez

car il n’y aura en ce lieu que le fragment d’un bleu qu’un innocent convoite

et qu’il a oublié

VENEZ

umar