Le lien entre pesticides et Parkinson se confirme!

Publié le 19 juin 2009 par Grainedesoleil


Une étude épidémiologique de l'Inserm et de l’Université Pierre et Marie Curie (Paris 6) montre que l’exposition professionnelle aux pesticides double quasiment le risque de survenue de la maladie de Parkinson parmi les agriculteurs. Ces résultats confirment ceux d'études précédentes qui ont montré une association entre la survenue de la maladie de Parkinson et une exposition professionnelle aux pesticides.
"Ils sont également plus précis" explique Alexis Elbaz, directeur de recherche de l'Unité Neuroépidémiologie de l'Inserm. "Nous démontrons l'existence d'un lien (une relation dose-effet) entre le nombre d'années d'exposition et l'augmentation du risque de développer cette pathologie. Et ce principalement en ce qui concerne les insecticides de type organochlorés". La maladie de Parkinson est la deuxième maladie neuro-dégénérative la plus fréquente, après la maladie d’Alzheimer. On admet que, dans la plupart des cas, elle trouve son origine dans une combinaison de facteurs de risque génétiques et environnementaux.
Ces résultats ont été obtenus après analyse et interrogatoire d'agriculteurs retraités rattachés à la Mutualité sociale agricole (MSA). Les chercheurs, avec la collaboration de médecins du travail, ont étudié un groupe de 224 patients atteints de la maladie de Parkinson, qu’ils ont comparé à un groupe de 557 personnes non malades, toutes affiliées à la MSA, de même âge et sexe et habitant dans le même département.
L’exposition aux pesticides durant toute la vie professionnelle des participants a été reconstituée de manière très détaillée à l’occasion d’entretiens avec des médecins du travail de la MSA. Un grand nombre d’informations ont ainsi été recueillies, telles que la surface des exploitations, le type de cultures et les pesticides utilisés, le nombre d’années et la fréquence annuelle d’exposition, ou encore la méthode d’épandage.
Les résultats montrent que les patients atteints de la maladie de Parkinson avaient utilisé plus souvent des pesticides et pendant plus longtemps que les cas témoins. Parmi les principales familles de pesticides, les chercheurs ont mis en évidence chez les hommes atteints un risque jusqu’à 2,4 fois plus élevé que chez les témoins pour les insecticides de type organochloré. Cette famille de pesticides qui regroupe par exemple le lindane et le DDT a été largement utilisée en France entre les années 1950 et 1990 et se caractérise par une persistance dans l’environnement de nombreuses années après l’utilisation.
"Ces résultats concernent une population bien précise, les agriculteurs, précise Alexis Elbaz. Ils ont été exposés une grande partie de leur vie à des doses élevées de pesticides dont effectivement des insecticides organochlorés. On ne peut toutefois pas exclure l’implication d’autres types de pesticides moins fréquemment utilisés. De même qu'il est également impossible d'établir des conclusions au niveau de la population générale où l'exposition n'est pas du tout la même." Des études complémentaires seront nécessaires pour répondre à cette question.
Joël Ignasse
Sciences-et-Avenir.com
19/06/09