En désaccord avec une personne, ne revenez pas sur le passé

Publié le 16 juillet 2009 par Sogbeb

CE QUE JE DIS

Comme nous l'avons appris, connaître le passé est important dans la construction de projets solides. C'est ainsi qu'Anatole France nous dit « Ne perdons rien du passé. Ce n'est qu'avec le passé qu'on fait l'avenir ». Mais lorsqu'il s'agit de gestion de désaccord, ce principe peut devenir contreproductif. C'est pourquoi, je dis « Lorsque vous êtes en désaccord avec une personne, ne traitez que la situation présente et ne revenez pas sur le passé. »


Que le soleil ne se couche pas sur votre colère -- La Bible.

Le passé est bien passé : à le remuer, trouve-t-on autre chose qu'amertume ? -- Jean Simard

POURQUOI JE LE DIS

« L'argent appelle l'argent », avait chanté et dansé la génération de mes aînés. De la même manière, le souvenir d'un désaccord appelle d'autres désaccords. Je m'en voudrais ici de vous exposer comment gérer ou prévenir un conflit. Il me plaît simplement d'insister sur le fait d'éviter d'évoquer un passé douloureux lorsque l'on veut vraiment juguler un désaccord. Et ce, pour plusieurs raisons dont je retiens trois principalement.

  1. Le conflit est inévitable dans les relations interpersonnelles proches

Le conflit fait partie des relations interpersonnelles proches. Lorsque nous vivons ou travaillons étroitement ensemble sur une longue période, il est inévitable que de temps en temps nous ayons des désaccords et que nous nous heurtions mutuellement. « Si tout va mal c'est parce que les gens se parlent. Si les gens ne se parlaient pas... ils ne se rendraient pas compte de leurs désaccords. », clame ironiquement l'illustrateur de BD belge Philippe Geluck. Comme le dit si bien un proverbe FON (au Bénin), « il arrive que les dents mordent la langue mais elles continuent de cohabiter. » Les différences de personnalité, de goût, de façon de vivre et d'aspiration conduisent souvent à des désaccords. En tout cas, « Quand, dans un État, vous ne percevez le bruit d'aucun conflit, vous pouvez être sûr que la liberté n'y est plus. » (Edouard Herriot). Les désaccords en eux-mêmes ne sont pas forcément destructifs. C’est la façon dont on les gère qui détermine à quel point ils le seront. N'avez-vous d'ailleurs pas remarqué que si nous arrivons bien à gérer les conflits avec quelqu’un, nous avons tendance à mieux nous rapprocher l’un de l’autre ?

  1. Rappeler le passé aggrave le désaccord

Je le disais dans l'un de mes précédents billets : il faut oublier pour se délier et avancer. En effet, lorsqu'on pardonne VRAIMENT, on en arrive à oublier vraiment le passé. Ainsi, si vous rappelez le passé cela veut dire que vous aviez accumulé des rancoeurs ou que vous aviez mal traité les désaccords précédents. Or il faut pardonner et régler les conflits au jour le jour : « Que le soleil ne se couche pas sur votre colère. », nous enseigne La Bible. Ce faisant, il est plus simple de régler les désaccords présents sans rappeler le passé. C'est ce que traduisent les propos de Saint Evremond : « A une douleur oubliée, il n'est pas difficile de faire succéder le sentiment de la joie. » Ainsi, avec un passé oublié, les désaccords présents se règlent plus vite pour plus de joie.

Le fait d’évoquer le passé garantit que même un petit conflit va dégénérer en guerre. « Laissons le passé être le passé. », nous enseigne le poète épique grec Homère. Car en réveillant de vieux démons, c'est comme si l'on retournait le couteau dans une plaie déjà béante. Il ne sert donc à rien d'évoquer les erreurs passées de l'autre ou les désaccords passés, car ils ne feront qu'envenimer la situation. Tel est le sens de l'interrogation du dramaturge québécois Jean Simard : « Le passé est bien passé : à le remuer, trouve-t-on autre chose qu'amertume ? »

  1. Ne traiter que la situation actuelle

L'évocation des désaccords passés, des blessures passées et des conflits antérieurs, n'apporte à la résolution de la situation actuelle que des circonstances aggravantes. C'est la raison pour laquelle l'Homme de lettres canadien Harry Bernard affirme : « Le passé appartient au passé. Il ne doit pas jeter son ombre douloureuse sur le présent. » Il faut donc se concentrer sur la situation actuelle pour mieux la désamorcer. Se contenter de ne traiter que la situation actuelle, c'est ne pas contre-attaquer, c'est parler certes du désaccord, mais en évitant de parler des échecs et des faiblesses de l’autre. Se contenter de ne traiter que la situation actuelle, c'est aussi ne pas attaquer le caractère de l’autre. Il s'agit donc de parler de son comportement fautif plutôt que de sa personnalité. Ainsi, il vaut mieux dire « C’est vraiment difficile de garder la maison propre quand il y a des papiers et des vêtements qui traînent partout » plutôt que d'attaquer : «Pourquoi je dois vivre avec un tel désordre ? »

Dans le même ordre d'idées, il faut éviter de jouer les prophètes pyromanes. Comme le dit l'Ecclésiaste, « Le sot multiplie les paroles. L'homme ignore l'avenir et personne ne peut lui révéler ce qui arrivera après lui ». A moins que vous ayez le don de prophétie, n’essayez pas de prédire les réactions de l’autre. Ce n’est pas parce qu’il a déjà réagi d’une certaine façon qu’il le fera forcément cette fois-ci. Donnons-lui l’occasion de réagir de la manière dont nous aimerions qu’il réagisse. Tout le monde est capable de changement positif. Nous n'en avons nullement le monopole. Accordons à l'autre le bénéfice du doute.

ALORS, pourquoi ne pas accepter d'oublier le passé, quand il le faut, pour mieux se délier et avancer dans la vie ? A quoi bon rappeler les mésententes passées si tu cherches à corriger un désaccord du moment ? Ne faut-il pas faire échec à ta capacité de mémorisation ou mettre ta sensibilité en veilleuse lorsqu'il s'agit de conflits passés ?

EN DEFINITIVE, acceptons d'oublier les désaccords passés lorsque nous allons à la table des négociations, afin de faciliter les pourparlers. Apprenons à écrire nos désaccords passés dans du sable, pour permettre au vent et à la mer de mieux les effacer de nos souvenirs et gravons dans la pierre nos moments d'accord et d'harmonie pour plus de bonheur.

LECTURE RECOMMANDEE

Oublier pour se délier et avancer

La parole enseigne, l'action entraîne.

A jeudi prochain, si Dieu le veut

Gbèton.