Il est six heures du matin et le réveil sonne. Il est temps de se préparer pour le départ. Nous avons passé la nuit dans un chalet à 1600 mètres d'altitude à Aussois, dans la vallée de la Maurienne. C'est non sans difficulté que nous sortons alors qu'il fait environ 5°C dehors, et guère plus à l'intérieur. Certains nous prendraient pour des fous de nous lever plus tôt que les jours de travail alors qu'on est en week-end. Mais mieux vaut partir "à la fraiche" pour ne pas trop souffrir de la chaleur lors de l'ascension vers notre objectif : la Pointe de l'Observatoire (3015 m).
Afin de ne pas commencer notre marche sur le bitume, nous décidons d'avancer un peu en voiture jusqu'à 2000 m d'altitude, au barrage de Plan d'Amont, sur les hauts du village d'Aussois.
Nous croisons quelques autres randonneurs matinaux, sourires aux lèvres dans l'attente de pouvoir apercevoir une marmotte ou quelque autre animal sauvage.
Nous entamons donc notre randonnée et apercevons, par delà l'épais mur de la retenue, un lac majestueux alimentée par une chute d'eau. Les pins nous apparaissent à contre jour sur ce fond de carte postale sur laquelle on voit les scintillements des rayons du soleil sur le lac à l'eau d'un vert profond. Notre chemin fait le tour de cette étendue limpide tout en montant progressivement. Soudain, en contre-bas du sentiers, nous observons une marmotte qui fait le guet sur un rocher plus haut que les autres. Elle n'est ni surprise ni effrayée et semble avoir l'habitude du passage des randonneurs. Quelques mètres en amont, nous apercevons un jeune marmottons, déjà moins sûr de lui et plus inquiet de ce qui bouge dans les parages.
Avant de reprendre l'effort, nous décidons de laisser quelques affaires au refuge afin de monter moins lourd, ce qui ne posa aucun problème à notre sympathique gardien de refuge. La véritable ascension peut commencer !
Alors que je m'attarde à observer et photographier la flore sauvage qui est d'une diversité étonnante, mon co-équipier de randonnée fait le grimace et me fait comprendre qu'il aimerait monter plus vite pour aller voir des bouquetins. Je lui suggère donc de grimper en tête car je n'ai pas l'intention de renoncer à ma passion de la photo. Il m'attendra finalement plus haut, au Col d'Aussois, ce qui me permettra de vaquer à mes clichés.
Si certains ne vont en montagne que pour atteindre le sommet ou dans un quelconque autre but, je considère pour ma part que cet espace mérite d'être contemplé dans son ensemble et qu'il faut aller à son rythme pour en profiter pleinement.
Ce repas fût le moment d'une petite réflexion sur notre vie quotidienne faite de télévision, de téléphone portable, d'internet, ... En montagne on a rien de tout ça, on est déconnecté du monde. Peut-être que c'est également ce qu'on vient chercher en venant plusieurs jours en altitude, en plus du dépaysement et de la découverte d'un nouvel environnement. Il faut dire qu'on est tellement stressé et blasé par notre train train de tous les jours qu'on a besoin de se retirer un peu de se monde là. Sur ces "bonnes" paroles dont je vous passerai tous les détails, nous refermons nos sacs à dos et réffléchissons à l'aide de notre carte IGN à la suite de notre itinéraire.
Il n'est alors que treize heures et nous ne souhaitons pas rejoindre le refuge de suite, craignant l'ennui. Nous optons alors pour l'Aventure; ou l'inconscience selon les points de vue. Nous décidons de longer les crêtes vertigineuses pour approcher au maximum du glacier de la Masse, tout celà hors sentier à travers les blocs de roche. En contre-bas, sous environ 300 mètres de vide, nous devinons un énorme éboulement de la montagne qui aurait créé cette falaise et aurait accumulé ces énormes rochers qui nous semblent minuscules vus d'en haut. Nous apercevons en bas un groupe de chamois se déplaçant sur un énorme névé.
Nous arrivons à une brèche et il nous sera impossible d'aller plus loin. Là, nous sommes au pied de la Pointe de l'Échelle, immense monticule de rocs noirs sertis de gros nuages gris, assombrissant la montagne de plus bel. Tel Frodon devant la porte du Mordor, je suis à ce moment là impressionné par ce décor austère, sa noirceur et sa roche fragmentée presque menaçante. Le temps devenant incertain, nous prenons la direction du refuge, toujours hors sentier. A mon habitude, je ralentirai mon camarade, afin de faire des photos.
Après quelques incertitudes sur la viabilité du chemin emprunté, nous regagnons le refuge ou nous allons apprécier l'apéritif. Mon collègue reconnaitra par le plus grand des hasards une connaissance de Fac avec qui nous boirons un verre tout en échangeant sur nos occupations.
Après une nuit fraiche et humide, nous nous levons vers six heures du matin, pour partir à l'assaut d'un autre sommet plus haut que le premier : le Rateau d'Aussois (3130 m). Avant cela, nous prenons notre petit déjeuner au refuge "moderne" avec les compagnons que nous avions laissé la veille au soir. Vient alors le moment de nous dire aurevoir et de partir vers nos itinéraires respectifs.
Nous retraversons le grand plateau du Fond d'Aussois sur lequel nous avions trépassé la veille et apercevons le lac de Plan d'Amont que nous avions également vu la veille. Nous ne le recontournerons pas et prendrons un sentier en amont en direction du Col de la Masse (2923 m). Nous sommes cette fois-ci bien plus chargé que la veille, n'ayant pu laissé nos affaires en lieu sûr cette fois-ci. La montée est bien plus raide également et l'on sent nos jambes plus lourdes de part notre précédente ascension. De ce fait, je ferai moins de "pauses photos" afin de ne pas rompre le rythme de marche.
Arrivé au Col de la Masse, nous sommes impressionnés par la verticalité du parcours restant. En effet, le Râteau d'Aussois n'est pas balisé et est à peine tracé par endroits avec pour quelques cairns pour seuls points de repère. Il ne s'agit alors plus d'une simple randonnée pédestre mais d'une ascension où nous devrons nous hisser de blocs en blocs à la force des bras et des jambes. Notre sac à dos de près de 15 kilos semble alors en peser le double alors qui déplace notre centre de gravité plus en direction du vide. Nous grimpons alors sans nous arrêter sur 200 mètres de dénivelé afin de rejoindre le sommet. Nous nous intérrogeons tout de même sur la difficulté qui nous attend pour redescendre. Plus nous grimpons et plus le vent est froid et fort, et nous sommes contraint de nous habillé plus chaudement.
Nous amorçons ensuite une descente sportive avec un arrêt pour manger au Col d'Aussois, puis continuons en trottinant tout du long en direction de la voiture. Nous recroiserons en route des cabris (bébé bouquetins) et étagnes (femelle bouquetin).
Ainsi se termine notre aventure, aussi insignifiante ou impressionnante soit-elle ; je vous laisse en débattre et en juger.
J'espère que ce partage d'expérience vous donnera envie d'en faire autant car cela vaut vraiment le coup d'être vécu. A vous de choisir un itinéraire à votre portée, il y en a pour tous !
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A bientôt pour de nouvelles aventures sur www.apakhabarnews.com !