Escapade en Vanoise : toute une aventure !

Publié le 17 juillet 2009 par Apakhabar
Véritable invitation au dépaysement, le Parc national de la Vanoise nous plonge dans un environnement préservé, à la découverte de la faune et de la flore sauvage des montagnes ainsi qu'à la contemplation de paysages à couper le souffle. Voici le récit d'une escapade en Vanoise, qui, durant deux jours, non sans quelques efforts, a créée une véritable rupture avec notre quotidien. Je prendrai le temps de vous apporter de nombreux détails, bien conscient que vous (mes lecteurs) n'avez pas forcément le temps ou l'occasion de vivre une telle experience.
Il est six heures du matin et le réveil sonne. Il est temps de se préparer pour le départ. Nous avons passé la nuit dans un chalet à 1600 mètres d'altitude à Aussois, dans la vallée de la Maurienne. C'est non sans difficulté que nous sortons alors qu'il fait environ 5°C dehors, et guère plus à l'intérieur. Certains nous prendraient pour des fous de nous lever plus tôt que les jours de travail alors qu'on est en week-end. Mais mieux vaut partir "à la fraiche" pour ne pas trop souffrir de la chaleur lors de l'ascension vers notre objectif : la Pointe de l'Observatoire (3015 m).
Afin de ne pas commencer notre marche sur le bitume, nous décidons d'avancer un peu en voiture jusqu'à 2000 m d'altitude, au barrage de Plan d'Amont, sur les hauts du village d'Aussois.
Nous croisons quelques autres randonneurs matinaux, sourires aux lèvres dans l'attente de pouvoir apercevoir une marmotte ou quelque autre animal sauvage.
Nous entamons donc notre randonnée et apercevons, par delà l'épais mur de la retenue, un lac majestueux alimentée par une chute d'eau. Les pins nous apparaissent à contre jour sur ce fond de carte postale sur laquelle on voit les scintillements des rayons du soleil sur le lac à l'eau d'un vert profond. Notre chemin fait le tour de cette étendue limpide tout en montant progressivement. Soudain, en contre-bas du sentiers, nous observons une marmotte qui fait le guet sur un rocher plus haut que les autres. Elle n'est ni surprise ni effrayée et semble avoir l'habitude du passage des randonneurs. Quelques mètres en amont, nous apercevons un jeune marmottons, déjà moins sûr de lui et plus inquiet de ce qui bouge dans les parages.
Après avoir contourné le lac et pris un peu d'altitude, nous arrivons sur un grand plateau verdoyant et très humide : le Fond d'Aussois. Nous traversons à présent cet alpage au fond duquel se trouve le refuge qui sera le notre pour la nuit suivante. Sur notre route, nous croisons quelques fermes d'alpage, un oratoire et quelques ruines. Ces constructions sont entièrement bâties avec des matériaux trouvés sur place : des pierres pour les murs, des troncs d'arbre pour la charpente et des lauzes pour la couverture. Elles sont ainsi complètement intégrées au paysage et apporte une petite valeur ajoutée à notre vision déjà subjugué par cet environnement fascinant.
Il est neuf heures du matin et nous arrivons tranquillement au refuge du Fond d'Aussois qui nous accueille chaleureusement, comme ce n'est pas forcément toujours le cas dans les refuges d'altitude. Nous prenons un café en terrasse, au soleil, et sommes tenté de rester dans les transats. Mais nous n'avons marché que deux petites heures et la Pointe de l'Observatoire nous demandera encore plus de deux heures de marche pour environ 700 mètres de dénivelé.
Avant de reprendre l'effort, nous décidons de laisser quelques affaires au refuge afin de monter moins lourd, ce qui ne posa aucun problème à notre sympathique gardien de refuge. La véritable ascension peut commencer !
Alors que je m'attarde à observer et photographier la flore sauvage qui est d'une diversité étonnante, mon co-équipier de randonnée fait le grimace et me fait comprendre qu'il aimerait monter plus vite pour aller voir des bouquetins. Je lui suggère donc de grimper en tête car je n'ai pas l'intention de renoncer à ma passion de la photo. Il m'attendra finalement plus haut, au Col d'Aussois, ce qui me permettra de vaquer à mes clichés.
Si certains ne vont en montagne que pour atteindre le sommet ou dans un quelconque autre but, je considère pour ma part que cet espace mérite d'être contemplé dans son ensemble et qu'il faut aller à son rythme pour en profiter pleinement.
Un peu essoufflés, nous nous retrouvons donc au col avant la dernière étape vers cette Pointe de l'Observatoire, but ultime de notre périple. Là, nous nous arrêterons quelques minutes pour observer un jeune bouquetin mâle. Il est bizarre... En fait, on dirait que ses cornes ont grandis bien plus vite que son corps et il parait ainsi disproportionné. Il doit avoir lui aussi l'habitude de voir des humains car il n'est pas effrayé et nous pouvons l'approcher à environ cinq ou six mètres. Nous l'intriguons, il nous observe comme des bêtes sauvages. Étonnamment, nous nous fixons les yeux dans les yeux comme si chacun de nous cherchait à savoir lequel se lasserait en premier. Il renoncera avant nous et se dirigera vers les falaises. La rencontre avec un animal sauvage (en liberté bien sur) est toujours un moment intense, d'émotion. Je ne me l'explique pas, c'est ainsi...
Plus que cents mètres de dénivelé avant le sommet ! Nous poursuivons l'aventure et atteignons enfin ce point de vue remarquable sur les glaciers de la Vanoise mais aussi sur de nombreux sommets. Cette pointe qui nous paraissait si haute, si raide et inatteignable vue d'en bas n'était finalement pas si difficile à gravir. Les derniers mètres sont tout de même assez vertigineux, et nous avons d'ailleurs croisé une randonneuse en pleine crise d'angoisse, effrayée par la verticalité de cette montagne. Soutenue par son époux, elle finira par arriver en haut fière d'elle, fière de s'être surpassée et de pouvoir contempler ce paysage grandiose.
Il est midi et la faim se fait ressentir. Nous nous trouvons alors un endroit à l'abri du vent pour "casser la croute". Rien de tel qu'un bon bout de pain avec du jambon sec et du fromage de pays pour nous requinquer. Comme dirait l'autre : "le gras, c'est la vie !", surtout en montagne.
Ce repas fût le moment d'une petite réflexion sur notre vie quotidienne faite de télévision, de téléphone portable, d'internet, ... En montagne on a rien de tout ça, on est déconnecté du monde. Peut-être que c'est également ce qu'on vient chercher en venant plusieurs jours en altitude, en plus du dépaysement et de la découverte d'un nouvel environnement. Il faut dire qu'on est tellement stressé et blasé par notre train train de tous les jours qu'on a besoin de se retirer un peu de se monde là. Sur ces "bonnes" paroles dont je vous passerai tous les détails, nous refermons nos sacs à dos et réffléchissons à l'aide de notre carte IGN à la suite de notre itinéraire.
Il n'est alors que treize heures et nous ne souhaitons pas rejoindre le refuge de suite, craignant l'ennui. Nous optons alors pour l'Aventure; ou l'inconscience selon les points de vue. Nous décidons de longer les crêtes vertigineuses pour approcher au maximum du glacier de la Masse, tout celà hors sentier à travers les blocs de roche. En contre-bas, sous environ 300 mètres de vide, nous devinons un énorme éboulement de la montagne qui aurait créé cette falaise et aurait accumulé ces énormes rochers qui nous semblent minuscules vus d'en haut. Nous apercevons en bas un groupe de chamois se déplaçant sur un énorme névé.
Nous arrivons à une brèche et il nous sera impossible d'aller plus loin. Là, nous sommes au pied de la Pointe de l'Échelle, immense monticule de rocs noirs sertis de gros nuages gris, assombrissant la montagne de plus bel. Tel Frodon devant la porte du Mordor, je suis à ce moment là impressionné par ce décor austère, sa noirceur et sa roche fragmentée presque menaçante. Le temps devenant incertain, nous prenons la direction du refuge, toujours hors sentier. A mon habitude, je ralentirai mon camarade, afin de faire des photos.
Après quelques incertitudes sur la viabilité du chemin emprunté, nous regagnons le refuge ou nous allons apprécier l'apéritif. Mon collègue reconnaitra par le plus grand des hasards une connaissance de Fac avec qui nous boirons un verre tout en échangeant sur nos occupations.
Il est maintenant dix neuf heures et le cuisinier du refuge nous invite à passer à table. Un grand moment de convivialité se prépare. En effet, nous sommes installé à une tablée de 13 personnes et les plats nous arrivent en milieu de table. Il faut alors servir tout le monde et c'est l'occasion d'entamer la conversation. Nous discutons alors de notre origine géographique, des randonnées que nous avons fait pendant la journées, des animaux que l'on a pu observer ou encore de nos projets pour le lendemain. Des jeunes et moins jeunes peuvent alors discuter entre eux simplement, amicalement ; chose qui n'est pas forcément courante dans la "vrai vie". Nous finîmes même par nouer une certaine complicité avec un couple de quinquagénaire lyonnais forts sympathiques qui n'avait nulle part ou dormir, tout comme nous qui n'avions pas réservé notre place à temps.
L'hébergement d'altitude étant complet, le gardien des lieux nous propose après le repas de dormir dans l'ancien refuge, qui ne dispose d'aucune commodité (pas d'eau ni d'électricité ni de chauffage). Nous acceptons volontiers ce toit qui sera tout de même moins froid que le plafond étoilé. Nous rejoignons donc notre hébergement de fortune avec le couple de lyonnais, avec qui nous irons nous brosser les dents dans la rivière, tout en riant du caractère insolite de notre aventure nocturne. Fatigués par nos journées de marche respectives, nous ne tardons pas à nous endormir. Tandis que nous dormons encore, vers 3h30 du matin, les premiers randonneurs , les plus chevronnés, se lèvent pour faire l'ascension des plus hauts sommets de la Vanoise comme la Dent Parrachée (3797 m).
Après une nuit fraiche et humide, nous nous levons vers six heures du matin, pour partir à l'assaut d'un autre sommet plus haut que le premier : le Rateau d'Aussois (3130 m). Avant cela, nous prenons notre petit déjeuner au refuge "moderne" avec les compagnons que nous avions laissé la veille au soir. Vient alors le moment de nous dire aurevoir et de partir vers nos itinéraires respectifs.
Nous quittons alors le refuge et passons devant la maison de Violette et Bouton d'Or, les deux cochons élevés sur place qui seront engraissés tout l'été avec les restes de repas des hôtes afin de faire un gros gueuleton en fin d'été. Quel triste sort pour ces animaux forts sympathiques qui accourent vers nous lors de notre passage pour nous saluer ; à moins qu'ils n'espèrent juste quelques denrées de notre part...
Nous retraversons le grand plateau du Fond d'Aussois sur lequel nous avions trépassé la veille et apercevons le lac de Plan d'Amont que nous avions également vu la veille. Nous ne le recontournerons pas et prendrons un sentier en amont en direction du Col de la Masse (2923 m). Nous sommes cette fois-ci bien plus chargé que la veille, n'ayant pu laissé nos affaires en lieu sûr cette fois-ci. La montée est bien plus raide également et l'on sent nos jambes plus lourdes de part notre précédente ascension. De ce fait, je ferai moins de "pauses photos" afin de ne pas rompre le rythme de marche.
Arrivé au Col de la Masse, nous sommes impressionnés par la verticalité du parcours restant. En effet, le Râteau d'Aussois n'est pas balisé et est à peine tracé par endroits avec pour quelques cairns pour seuls points de repère. Il ne s'agit alors plus d'une simple randonnée pédestre mais d'une ascension où nous devrons nous hisser de blocs en blocs à la force des bras et des jambes. Notre sac à dos de près de 15 kilos semble alors en peser le double alors qui déplace notre centre de gravité plus en direction du vide. Nous grimpons alors sans nous arrêter sur 200 mètres de dénivelé afin de rejoindre le sommet. Nous nous intérrogeons tout de même sur la difficulté qui nous attend pour redescendre. Plus nous grimpons et plus le vent est froid et fort, et nous sommes contraint de nous habillé plus chaudement.
Nous atteignons enfin le sommet alors que la couverture nuageuse se fait de plus en plus dense. Nous sommes transit par le froid, et c'est plutôt normal dans la mesure où il fait là haut environ 3°C à midi. Nous prenons quelques photo du paysage grandiose que nous découvrons en arrivant, mais ne tarderons pas à déserter le sommet qui nous paralyse. Nous comprenons alors pourquoi certain alpinistes égarés sont retrouvés congelés. Ca fait réfléchir tout de même...
Nous amorçons ensuite une descente sportive avec un arrêt pour manger au Col d'Aussois, puis continuons en trottinant tout du long en direction de la voiture. Nous recroiserons en route des cabris (bébé bouquetins) et étagnes (femelle bouquetin).
Ainsi se termine notre aventure, aussi insignifiante ou impressionnante soit-elle ; je vous laisse en débattre et en juger.
J'espère que ce partage d'expérience vous donnera envie d'en faire autant car cela vaut vraiment le coup d'être vécu. A vous de choisir un itinéraire à votre portée, il y en a pour tous !
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A bientôt pour de nouvelles aventures sur www.apakhabarnews.com !