Mais que fait la police ???

Publié le 02 octobre 2007 par Ellie Page

Cette fois, la coupe est pleine.

Un nouveau portefeuille a disparu de la salle des maîtres d'une école de la ZUP.

C'est le troisième à ma connaissance.

Toujours le même mode opératoire, depuis celui qui s'envola il y a 18 mois d'un sac posé en vitesse dans un bureau du rez-de-chaussée d'un établissement du quartier.

Quand ce genre de chose arrive, on panique, on tremble, on se dit que c'est pas possible, qu'on a dû l'oublier quelque part. Puis on se jette sur le téléphone pour faire opposition. Attention, faut connaître le numéro de sa carte bleue, et pour porter plainte, il faut connaître le nombre de chèques volés, avec les numéros bien sûr !

Bonne chance...

Après, on s'invective soi-même de sa négligence. Puis on repasse dans sa tête le film de la journée, on cherche incessamment QUI a bien pu faire ça. Les visages, les noms tournent dans votre tête. Qui a bien pu violer l'intimité de votre porte-monnaie ? qui a pu déchirer et jeter les photos de vos enfants ? qui connaît désormais votre groupe sanguin et s'en fout éperdument ?

C'est à cause de cette idée fixe qu'un matin du mois d'août, révéillée par un coup de fil du commissariat de Châteauroux, j'ai bondi sur l'occasion de SAVOIR.

La police s'est adressée à moi pour avoir le numéro de mon conseiller bancaire, car ma banque a eu la bonne idée de passer tous ses numéros en 0 800, avec code perso je vous prie. Sans cette heureuse initiative, je n'aurais jamais eu de nouvelles de la démarche.

Donc, là, le chargé d'enquête m'explique sa requête, et moi de lui demander quand même et du pourquoi et du comment. Il m'explique que les dossiers des chèques volés qui ont fait l'objet d'opposition commencent à arriver sur son bureau (je le sais bien, à chaque fois, je suis obligée d'envoyer des copies de ma déclaration de vol aux différents services de contentieux... à mes frais bien sûr). Donc si les dossiers arrivent, les originaux des chèques, eux, restent en banque. Or, il faudrait que la police les ait pour vérifier les signatures et réunir des preuves contre le suspect.

C'est là que ça fait TILT. Alors, c'est que vous avez un suspect ???!!!

Mais ouiiii, me répond-on. Et même, si ça peut vous intéresser, on peut vous montrer des photos, ça pourrait peut-être vous rappeler quelqu'un.

Cette proposition est fortuite. jamais il ne serait venu à l'idée de l'inspecteur de me demander mon avis avant.

Dont acte.

Je me précipite donc au commissariat. On me montre des photos. Hélas, jamais vu la tronche de ces filles-là. Car la suspecte est une femme. Elle n'a pas 25 ans, et déjà trois bambins en bas-âge. Elle procède en entrant au culot dans les écoles, les maisons de retraite, même les urgences de l'hôpital, bref dans tous les endroits où il y a des vestiaires et dérobe les moyens de paiement dans les sacs.

Ensuite, elle se précipite chez divers commerçants et fait ses courses. Je connais la totalité des articles qu'elle a achetés à Carrefour avec un de mes chèques : il y avait des sous-vêtements, du shampoing, des DVD... pour 270 euros. En une soirée, le vol ayant eu lieu à 17 heures, la coquine avait eu le temps de dépenser aussi 300 euros à Décathlon et 250 à Cache-Cache. En se servant de ma CNI et de mon permis avec photo puisqu'il faut deux pièces d'identité pour ce genre de sommes. Sans que personne ne se doute de rien (?)...

Il paraît que cette activité est fructueuse car on estimait il y a plus d'un an la valeur des biens ainsi acquis à 200 000 euros. Oui, vous avez bien compté les zéros : deux cent mille euros !

J'espérais donc qu'on allait, grâce à moi^^, arrêter cette voleuse.

Malheureusement, en octobre suivant, elle subtilise encore un portefeuille dans une autre école du quartier. Cette fois, elle effeuille littéralement tout le chéquier flambant neuf, à hauteur de 6000 euros tout de même en allant jusqu'à se faire délivrer du liquide dans des agences excentrées du Crédit agricole (pas de chance, la collègue avait à la place de son permis de conduire égaré une attestation provisoire, sans photo...) La malheureuse collègue en question a d'ailleurs été convoquée au commissariat et rudement interrogée, car des commerçants de départements voisins (eh oui, la voleuse commence à être un peu trop connue sur Châteauroux) avaient évidemment porté plainte contre elle à titre personnel, pour chèque sans provisions. Or, au bureau A du commissariat de Châteauroux, on ne sait pas que ma collègue a porté plainte pour vol au bureau B... Pas de chance, pas de compétence...

Cependant, il ressort des bavardages policiers que c'est bien toujours cette même jeune maman en poussette, qui serait l'auteur du vol d'octobre 2006.

Vous vous dites que si on le sait, qu'après un coup comme ça, et avec un cumul tel qu'il dépasse désormais les 200 000 euros, elle doit tout de même être derrière les barreaux, la gredine.

Le problème, c'est justement qu'elle a  des enfants. Et qu'on ne peut pas les lui retirer "comme ça". Il faut que ça soit grave. Que les chèques on est pas sûrs que c'est elle qui les a signés ... (et les empreintes digitales, et les empreintes génétiques, p** elle est où la police scientifique ??? pas à Châteauroux en en tout cas!)

GRAVE COMMENT ???

Cette semaine, un nouveau portefeuille a disparu d'une école. Toujours le même mode opératoire. Préparez-vous à faire du chiffre, messieurs les commerçants.

Mais c'est peut-être ça au fond : elle fait marcher le commerce la bougresse ! elle a pas peur du surendettement, elle fait même bouger la poste, et les assurances, et les marchands de photos d'identité...

Et j'en passe.

Et la police, elle a pas envie de l'arrêter ? Pourquoi ???