Le conte en banque

Publié le 18 juillet 2009 par Hortensia

Madeleine avait pour habitude de toujours prendre de nouvelles habitudes en matière de consommation. Elle était très contente d’avoir un salaire décent et de pouvoir s’offrir les divers coups de cœur qui s’offraient à elle. Elle était une habituée d’Ebay, de ventes privées point com, d’espace max, de fruit rouge, la redoute, les 3 suisses, darty, castorama, chaussures online, la mode à petits prix, coups de cœurs pas chers, gratis online et encore pleins d’autres sites qui lui permettaient d’étendre ses choses personnelles à moindre coût.

Elle n’avaient toujours que très peu de monnaie sur elle. En effet, elle dépensait tout avec sa carte bleue, bien sûr sur internet mais aussi en magasin, cinéma, restaurant, voyages, etc.

Sa vie était facile. Un jour elle eu un coup de cœur pour un petit appartement cossu en ville et alla vite à la banque demander le prêt qui lui faudrait. Le banquier, dans son costume de flanelle bleue, fit la moue. Son salaire, certes décent, ne lui permettait pour autant pas de bénéficier d’un taux alléchant. Coup de chance, elle eu à son travail une belle promotion et la voilà qui affichait désormais des revenus à plus de 4000 euros. Le prêt rêvé fut accordé, l’appartement acheté, et les dépenses continuèrent de bon gré.

Malgré toute cette facilité et cette vie bien remplie de divers objets achetés au gré de ses envies et de ses lubies, Madeleine sentait peu à peu une déchirure entraver sa vie. C’était comme si une entaille venait peu à peu découper ses petites joies, laissant place à un vide béant. Madeleine sentait parfois, puis de plus en plus souvent, les larmes envahir son quotidien quand avant, les achats écumaient si bien ses attentes.

Un de ses collègues, René, qu’elle connaissait et appréciait fort bien, lui tint un jour à peu près ce discours : ‘’Les achats sont une choses effroyables. La carte bleue est un monstre. Essaie, un ou deux mois durant, de tout dépenser en liquide et tu verras le prix physique des choses… ‘’

De nature ludique, Madeleine écouta René et le début du mois suivant, alla retirer 1500 euros qu’elle dépenserait à son gré. Elle cacha la carte bleue dans un coin noir d’oubli et commença ainsi sa nouvelle habitude.

Au début, elle fit comme avant. Puis, de voir tout cet argent partir dans les mains des autres, elle commença à plus réfléchir et du coup à moins avoir d’envies et de lubies.
Elle finit par beaucoup moins dépenser et qui plus est, n’acheter sur internet plus jamais rien, sauf très rare exception.

Un jour son banquier la convia à un rendez-vous. Il lui fit par de son inquiétude à ne pouvoir plus avoir de trace d’elle. Serait-elle entre les mains d’un nouveau tuteur ou d’une chose de ce genre ? Elle lui répondit simplement, sûre de son droit, que du tuteur, elle s’en était dégagée et que la banque, désormais, n’était plus présente à ses moindres faits et gestes. Le banquier resta coi et l’accompagna de mauvais gré mais forcé, jusqu’à la porte de sortie.

Nul ne sait aujourd’hui si Madeleine continua cette habitude. Connaissant la pression des habitudes de consommation, nous pourrions penser que non. Mais qui sait. Peut-être une fée s’est-elle enfin installée dans la vie de Madeleine; peut-être les nouvelles choses s’en sont-elles allées, dissipées par une vague soudaine d’envie ne plus consommer… ?

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