Joseph François Dupleix (2/5)

Publié le 27 juillet 2009 par Olivia1972

Echanges commerciaux et culturels à Pondichéry

Les activités dominantes sont d'une part la filature et le tissage du coton – avec des métiers annexes, comme la blanchisserie et la teinturerie – d'autre part le commerce. Européens et Orientaux participent également à celui-ci et les activités négociantes sont fréquemment accompagnées d'échanges culturels.



Un exemple particulièrement étonnant de ces échanges est donné par Ananda Rangapouillé, important négociant hindou dont la demeure est conservée à Pondichéry. Il rédigea durant plus de vingt ans son journal : c'est une source exceptionnelle pour la connaissance de l'histoire de la ville, à la fois par la personnalité du rédacteur et par sa position sociale. En effet il est dubash, autrement dit courtier, intermédiaire commercial entre les Français et les Hindous, passant les commandes de marchandises pour l'Europe auprès des producteurs locaux ou des commerçants de l'intérieur du pays, faisant des avances du tiers environ du montant du prix, puis versant le complément au fur et à mesure des livraisons. Ces opérations sont réglées par des contrats écrits, rédigés par le courtier, approuvés à la fois par les vendeurs hindous et les acheteurs européens. Le courtier est en outre le représentant des habitants auprès du gouverneur, chef de la colonie française. Ainsi Ananda Rangapouillé rencontre-t-il quotidiennement le gouverneur Dupleix, son contemporain, pour lequel il a beaucoup d'admiration : «Lorsqu'on voit l'énergie, l'ardeur et le courage de M. Dupleix, écrit-il, et qu'on les compare à ceux des Anglais, on s'aperçoit que ceux-ci se sont évanouis comme la nuit et la rosée disparaissent à l'aspect du soleil éclatant. ». Son journal est donc une source de première main pour la connaissance des formes de l'expansion française dans l'Inde au milieu du XVIIIe siècle.

Ananda Rangapouillé nous livre des détails intéressants sur la personnalité de Dupleix qu’il juge « autoritaire, emporté » et confirme la haine viscérale qu’il éprouvait pour La Bourdonnais qu’il traitait de « chien ».

Dupleix nommé à Chandernagor

En 1730 Dupleix est nommé Superintendant des Affaires Françaises à Chandernagor qu’il releva de la ruine. Sous son administration la ville prospère et devient plus importante. On trouve dans un article publié par la « Revue des deux Mondes » en 1845 un article très intéressant sur les ambitions de Dupleix en ce qui concerne Chandernagor : « Après dix années de stage, le jeune conseiller fut nommé directeur du comptoir de Chandernagor dans le Bengale, dépendant du gouvernement général de l'Inde française. Dès que Dupleix sortit de tutelle, son génie parut. L'influence de la métropole était depuis longtemps perdue dans ces contrées; à peine en conservait-on le souvenir. Dupleix la releva soudain il fit renaître, comme par magie, le nom français dans l'Indostan. Il n'avait trouvé à Chandernagor ni une habitation commode ni un bateau bien construit. En peu d'années, deux mille maisons en brique sortirent de terre, et quinze vaisseaux furent lancés en mer. Ce n'était pas assez; les soins d'une administration sage ne suffisaient pas à son activité. Jusqu'alors on s'était borné au commerce officiel de la compagnie; il n'y avait pas, dans des voyages si bornés et si peu fréquents, les éléments d'une haute prospérité commerciale; on ne pouvait demander un tel résultat qu'aux spéculations particulières appelées commerce d'Inde en Inde, ou, en d'autres termes, au cabotage sur une grande échelle. Personne n'avait osé le tenter. Dupleix n'hésita pas ».

En 1739, Dupleix a une idée géniale : solliciter du Grand Mogol le titre de Nabab qu'il obtient suite à des événement politiques. Devenu Nabab, Dupleix ne fait plus une politique de marchand européen, mais une politique de nabab, qui consiste à créer des troubles dans le pays et à profiter du désordre pour s'agrandir.

En 1741 il épouse Jeanne Albert de Castro veuve de l’un de ses amis Jacques Vincent, conseiller de la Compagnie. Cette métisse intelligente, au fort caractère, fut connue par les Indiens sous le nom de « Joanna Begum » et se montra d’une grande utilité pour son époux dans les négociations avec les princes locaux. Elle mourra en 1756 et Dupleix se remaria en 1758.

 
A SUIVRE