L'Ossétie du Sud souhaite s'allier avec la Russie

Publié le 01 août 2009 par Theatrum Belli @TheatrumBelli

Le dirigeant de l'Ossétie du sud, a affirmé, samedi 1er août, souhaiter l'union entre sa population et la Russie et a également exhorté cette dernière à déployer plus de soldats et d'armes.

"Le but de ma vie, mon but politique, est d'unifier mon peuple", a dit le président sud-ossète, Edouard Kokoity, lors d'un entretien accordé à Reuters à Tskhinvali, la capitale de l'enclave rebelle géorgienne. "Nous bâtirons notre Etat, qui s'inscrira dans une alliance avec la Russie, (...) et je n'exclus pas qu'un jour nous fassions partie de la Russie. Le peuple d'Ossétie du Sud aspire à être uni à la Russie".


La Géorgie a attaqué l'Ossétie du Sud dans la nuit du 7 août 2008 pour en reprendre le contrôle, suscitant une contre-attaque immédiate de l'armée russe qui s'est avancée en Géorgie proprement dite avant de se retirer. Moscou a ensuite reconnu l'enclave en tant qu'Etat indépendant. Les pays occidentaux ont condamné la reconnaissance de l'Ossétie du Sud par Moscou, et le reste du monde, à l'exception du Nicaragua, considère toujours l'enclave comme une région géorgienne. De fortes tensions persistent un an après le conflit de cinq jours.

Ce samedi, l'Ossétie du Sud a accusé les forces géorgiennes d'avoir procédé à des tirs de mortiers en direction de son territoire. La Russie a prévenu Tbilissi qu'elle se réservait le droit de recourir à la force pour défendre les civils. La Géorgie a démenti que des tirs aient eu lieu et accusé la Russie d'"intentions agressives". Les Sud-Ossètes avaient lancé une accusation analogue jeudi et un journaliste de Reuters avait entendu deux fortes explosions en provenance de Tskhinvali, mais sans pouvoir en déterminer la cause.

La Russie a pris en charge la surveillance des "frontières" de l'enclave aux termes d'un accord conclu en avril et qui, selon Edouard Kokoity, prévoit aussi le déploiement de 3.700 soldats russes dans la région. "La présence de troupes russes est insuffisante sur le territoire de l'Ossétie du Sud", a déclaré cet ancien lutteur âgé de 44 ans. "Je pense que sur notre territoire cela inclut aussi le fait de disposer d'armements plus sérieux". Il a refusé d'indiquer combien d'effectifs supplémentaires et quels types d'armes la Russie serait censée déployer. Moscou compte également ouvrir une autre base militaire dans la région, a-t-il dit.

Les tensions perceptibles entre Sud-Ossètes et Géorgiens à l'approche du premier anniversaire de la guerre font penser à des diplomates que le risque d'un nouveau conflit armé est réel. "Je ne veux pas de guerre, je ne veux même pas y penser", a déclaré Edouard Kokoity. "J'ai pour priorité de stabiliser la région, pas de laisser éclater une nouvelle guerre."

L'Ossétie du Sud et l'Abkhazie, autre région géorgienne, ont rompu avec les autorités de Tbilissi au début des années 1990, alors que s'effondrait l'Union soviétique. Ethniquement distincts des Géorgiens, les Sud-Ossètes parlent une langue proche du farsi et disent avoir été séparés contre leur gré de la population d'Ossétie du Nord, région intégrée à la Russie.

Les voitures arrivant de Russie en Ossétie du Sud - seul moyen officiel d'entrer dans l'enclave située à 160 km au nord de la capitale géorgienne - sont accueillies par une affiche proclamant que "l'Ossétie est indivisible". En outre, 98% des Sud-Ossètes sont titulaires de passeports russes. Le russe est leur langue véhiculaire, le rouble russe leur monnaie. Pour Edouard Kokoity, la Russie n'est pas encore prête pour l'unification "parce que cela implique une très grave accusation d'annexion territoriale". "Si l'Ossétie est unifiée, je quitterai l'arène politique pour de bon", a-t-il dit.

Source du texte : NOUVEL OBS