[C'était mieux avant !] : CAN, le rock en mutation

Publié le 02 août 2009 par Pekingo
"Can were our clarion call, our initition to our future" - Thurston Moore (Sonic Youth)
Le krautrock (musiques expérimentales allemandes des années 70) a ressurgi au milieu des années 90, grâce entres autres au livre du passionné Julian Cope (Krautrock Sampler). De ce mouvement, on en retiendra deux tendances : les longues contemplations électroniques, dites « kosmic » (Tangerine Dream, Cluster, Klaus Schulze, Harmonia), et le rock psychédélique répétitif, dit « motorik » (Can, Faust, Amon Düül II, Ash Ra Tempel, Neu !). Parmi tous ces groupes, Can affichait très vite sa différence en arrivant à combiner répétitions et chaleur organique. Leur musique moderne (encore pour aujourd’hui) se base sur trois éléments indissociables et fondateurs : la recherche, la transe, et le groove.
Des expérimentations sur les structures libres des morceaux, les textures sonores, le traitement des bandes et l’utilisation des synthétiseurs ; une transe par des rythmes répétitifs rapides ; et un groove de tous les instants qui emmènent l’avant-garde vers la lumière. De cette approche organique, Can y élabore des compositions en spirales infernales, en y mettant la batterie constamment en avant.
La maturité prématurée du groupe teuton ne vient pas de nulle part : les 4 membres piliers sont quasiment tous musicologues. Le bassiste Holger Czukay, professeur de musique et élève de Stockhausen ; le claviériste Irmin Schmidt, directeur d’orchestre et compositeur primé au conservatoire ; le guitariste et violoniste Michael Karoli, ancien élève de Czukay ; et le batteur de jazz Jaki Lebeizeit, passionné de musiques ethniques. Ensemble, avec 2 chanteurs successifs (Malcolm Mooney et Damo Suzuki), et influencés par le rock anglo-saxon, ils injectent dans leur rock sous acides de l’avant-garde, tout en y accordant une place majeure aux mélodies.
Aujourd’hui, de nombreux musiciens de tous horizons se réclament de l’influence de Can : légendes du rock (David Bowie, Joy Division), rock expérimental (Brian Eno, Public Image Limited, Sonic Youth, Radiohead), trip-hop (Portishead), hip-hop (Kanye West, qui a repris Sing Swan Song), ainsi qu’une multitude de DJ's (Aphex Twin en tête). Leur avance de plusieurs décennies n’est plus à démontrer, il ne reste plus qu’à se laisser hypnotiser.
Grâce à un enregistrement en autarcie (le groupe possédait son propre studio), à leur maitrise de la science musicale et à leur ouverture aux musiques du monde, leur style ne cesse d’évoluer, du rock primitif de Monster Movie au rêve tropical de Future Days. A partir de demain, toute la semaine sera consacrée à une rétrospective des 5 premiers et meilleurs albums de Can, tous essentiels dans leur genre.
François.