Tous avec Nino

Publié le 02 août 2009 par Gabnews
Mara Tremblay est venue rendre hommage à Nino Ferrer en dépit d’une hernie discale cervicale. Photo Pierre-Paul Poulin
Sur la scène de la Place des festivals, bondée, on aura savouré – vraiment savouré – l’oeuvre de Nino Ferrer. Le pari n’était pas gagné pour le metteur en scène Yann Perreau. Les chansons de Ferrer se déclinent en deux temps: une demi-douzaine d’immortelles pop-bonbon (Mirza, Les Cornichons, Le Téléfon) que tout le monde connaît et de formidables chansons empreintes de sensibilité (C’est irréparable, L’arbre noir, Les morceaux de fer) très méconnues du grand public. D’où la difficulté de maintenir l’intérêt.
Aucun problème, finalement, tant les artistes se sont investis. Comme sur le disque hommage Allo Nino, la version du Téléfon d’Isabelle Blais est un peu molle et elle le fut en ouverture. Mais Mara Tremblay – venue chanter en dépit d’une hernie discale cervicale (lire notre autre texte à ce sujet) – a fait frissonner avec une version touchante de Le Sud.
L’explosion
Parmi les participants, deux d’entre eux ont transcendé l’oeuvre de Ferrer dans ce qui fut pratiquement des contre-emplois. Damien Robitaille, avec sa grosse moustache noire, a électrisé tout le monde avec une livraison brûlante de Je voudrais être un Noir, en étant plus James Brown que James Brown.
Quant à Monsieur Mono, il a survolé – presque au sens propre du terme – la grande scène avec une dynamitée Alexandre. Et il a été encore plus fort avec la sublime et déchirante C’est irréparable, plus tard dans le programme, en chantant à genoux la phrase «Je t’aime!» Frissons garantis.
Si Mara Tremblay a fait preuve de ténacité en venant chanter, on peut dire la même chose de Catherine Major, enceinte à exploser dans sa robe blanche moulante. Sa version de La Rua Madureira était d’autant plus formidable qu’elle interprétait avec passion une chanson de nostalgie, alors que son bedon rond regardait vers l’avenir. Formidable contrepoint.
Et que dire de l’intensité de Marie-Pierre Arthur à la contrebasse durant La Maison près de la fontaine, de la puissance de Martin Léon avec Les Morceaux de fer et de la fougue d’Inès Talbi avec Mirza et sa ligne de basse plus proche de Batman. Quand tout le monde est venu conclure avec Les Cornichons et des tas de ballons, on se disait que l’Italien qui chantait en français avait eu droit à un hommage d’une rare justesse.
Extrait de l'article "De vibrants hommages aux légendes du passé" Écrit par Philippe Rezzonico, pour Rue Frontenac, le Samedi, 01 août 2009