LE GUIN Ursula - Le sorcier de Terremer: Iffish eh !

Par Livrement

Titre : Le sorcier de Terremer (Terremer, tome 1)
Auteur : Ursula LE GUIN
Note : 3. Livre sympa mais...


Ged, tout jeune apprend les rudiments avec sa tante, dans un petit village de Gont. A la suite de son terrible exploit: créer un brouillard pour repousser les assaillants, il se retrouve sous la tutelle d'Ogion, grand sorcier. Ce dernier décide de l'envoyer à l'école de magie de Roke où il sera formé. Bien loin de se douter de la déchirure et de l'Ombre qu'il délivrerait, contre toute attente, Ged se bat en duel avec un autre élève. De cette terrible erreur, Ged deviendra une proie permanente et devra sauver sa peau.
A la lecture, il m'est difficile de m'attacher à un personnage principal présomptueux et à l'histoire de par le style d'écriture très rapide. Certaines scènes sont éblouissantes mais elles ne permettent pas au train que souhaite prendre Ursula Le Guin de rester en gare. Sans recul et sans profiter des rencontres, le lecteur se place en simple visionneur passif. Le point positif et général restera le concept de magie créé par Le Guin dans lequel l'être humain se doit d'apprendre la magie, de la contrôler: elle n'est pas innée ni une force naturelle. Le livre repose essentiellement sur la connaissance du véritable nom des choses et des êtres.


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Critique approfondie

Sur l'île de Gont, Ged, jeune garçon apprend les rudiments du Noble Art. Un puissant sorcier répondant au nom d'Ogion le prend alors sur son aile. Il juge alors les connaissances de notre jeune cabris comme insuffisant et l'envoie à l'école de magie de Terremer, sur l'île de Roke afin de se parfaire. A la suite d'une anicroche avec un élève, Ged quelque peu présomptueux délivre une Chose du Royaume des Ténèbres. Sa propre vie étant en danger en permanence, Ged se retrouve bien malgré lui une proie sombrement traquée.
¨˜"°º•  Terremeriens
Le décor que plante l'univers de Terremer, s'appuie sur un monde océanique : il est composé d'un archipel d'une centaine d'îles. Nous pouvons séparer d'ailleurs ce monde en plusieurs parties: la civilisations hardique, la terre des dragons, celles des barbares kargades et enfin les îles sauvages. Ursula Le Guin nous entraine d'un monde médiéval fantastique complètement indépendant de notre propre monde.
Ged, surnommé l'Epervier par Ogion relève, de mon point de vue, de certains orgueil et jalousie. Il demeure quelque peu impatient, et se révèle bon élève. Cependant, j'ai beaucoup de mal à m'attacher à ce personnage que je trouve même indifférent. Tout lui réussi et il n'est pas rongé de remords. Comment s'enticher d'un jeune homme impétueux qui se vautre dans la réussite? Même dans son "malheur", il s'en trouve chanceux. Finalement, je considère que Ged paie très peu pour ses erreurs... Notons par ailleurs que son caractère s'affirme tout au long du texte et il devient plus humble dans son rôle de futur-sorcier-compétent-et-humain.
Vespe et Jaspe sont les deux élèves que Ged fréquentera le plus à l'école de magie de Roke. Pour moi, le coté binaire de Vespe = ami, Jaspe = ennemi est trop visible et facile. Ces deux personnages limite indissociables ne donneront aucun relief dans l'histoire, et je suppose (?) que cet aspect prendra plus d'importance dans les tomes suivants.
La Chose du Royaume des Ténèbres, connue sous le petit nom de l'Ombre se révèle magnifiquement forte. Plus que tout au monde de Terremer. Sauf que de mal en pis, sa force diminue au point de ne devenir plus rien. Traqueuse et traquée, son rôle reste superficiel dans le Sorcier de Terremer.
¨˜"°º•  Absolument contesque

  Ce cycle "classique" est un des plus importants et des plus populaires d'Ursula Le Guin. Ecrit durant la fin des  années 60's et le début des années 70's, nous pouvons y noter un certain décalage.
Revenons sur le concept de la magie. Il est appréciable de voir qu'Ursula Le Guin interprète et propose une vision calibrée de cette dernière. A Terremer, la magie, ça s'apprend. Elle est surtout rationnelle: il faut apprendre à maitriser ses pouvoirs. Le Guin en propose même une logique presque scientifique, elle n'est pas considérée comme force surnaturelle (voire innées comme dans certaines oeuvres littéraires); il faut que l'humain fusionne avec la magie. Cela peut s'expliquer par une maitrise des éléments naturels. La donnée la plus importante de cet ensemble est la connaissance du véritable nom des choses et des êtres. C'est pourquoi l'apprentissage y est primordial.
Le style narratif est très dense. L'écriture est rapide, du type des nouvelles: le personnage veillit de beaucoup (11 ans en 10 chapitres), les actions quand elles ne sont pas survolées se déroulent en une demi-douzaine de pages. On aimerait tant en apprendre plus sur son apprentissage à l'école, ou sa rencontre avec le couple de seigneurs... La lecture en devient désagréable, nous n'avons pas le temps de s'installer dans l'histoire, de profiter des aventures et de prendre un peu de recul.
Finalement, Terremer repose sur le principe de "contes": la réalité est un peu bancale: certains faits sont inexplicables. On peut alors se demander si le pacte avec le lecteur est réellement tenu puisque certains éléments deviennent invraisemblables et ne favorisent pas un univers cohérent.
Pourt moi, l'histoire est tout simplement trop rapide. Le gentil est TRES fort et gentil, bien sûr. Mais tout lui réussit: les aventures en deviennent tellement lisses. Que ce soit l'opposition si claire du bien au mal, ou les sentiments éprouvés par le personnage principal, il n'en demeure pas moins qu'ils sont autant de points négatifs du livre. Malgré tout, la carte du "épique" n'est pas réellement au rendez-vous... et j'apprécie énormément. Je n'ai jamais pris plaisir à lire les batailles et même pire, c'est en m'y forçant. Les rencontres avec l'Ombre restent mes passages préférés où l'œil quitte le numéro de page et boit comme du petit lait les lignes écrites. Je résumerai qu'il manque une certaine substance au roman pour que je m'y attache et l'apprécie. Le manque de crédit n'avantage pas l'histoire (espérons que les autres romans suivants rattrapent le tout).
Selon le livre "J'écris des contes et des nouvelles" de Louis Timbal-Duclaud, nous avons:
(Merci et Arutha et El JC)
Le héros : Ged
Le mandant : Ogion
L'objet : La connaissance / La puissance / La magie
L'adjuvant : Vesce
L'ennemi : L'ombre
¨˜"°º•  Autres bidules
Ursula Le Guin, née en 1929 d'un père anthropologue et d'une mère écrivain (parait-il, c'est important). Elle réalise des études dans le domaine "littéraire" et propose une thèse sur les idées de la mort dans la poésie de Ronsard, qui, plus tard, lui ouvrira les portes pour des publications de littérature imaginaire. Ses oeuvres sciences-fictives seront plus connues, mais Terremer, de fantasy, lui fera une joie d'être connue et appréciée par ses lecteurs et remportera même en novembre 2002 un World Fantasy Award.
J'ai eu la malchance d'avoir dans les mains la troisième édition, par Robert Laffont. J'avoue que je n'accroche pas du tout: c'est même un ratage en force pour moi. Elle aurait été réalisée par Jackie Paternoster, une artiste très contreversée...
Côté adaptation, Robert Lieberman a réalisé un téléfilm "Terremer, la prophétie du sorcier", en 2004. En 2006, c'est Gorō Miyazaki (fils de Hayao Miyazaki, l'illustre) qui se tente à un film d'animation "Les Contes de Terremer".
Terremer est composé des livres suivants :
. Le Sorcier de Terremer (tome 1)
. Les Tombeaux d'Atuan (tome 2)
. L'Ultime Rivage (tome 3)
. Tehanu
. Les Contes de Terremer (recueil de nouvelles)
   1. Le trouvier
   2. Rosenoire et Diamant
   3. Les os de la terre
   4. Dans le Grand Marais
   5. Libellule
. The Word of Unbinding et La règle des noms (préquelles)
¨˜"°º•  Extraits
¤ Les créatures revinrent à l'attaque: bête difformes venues d'époques lointaines, bien avant l'oiseau, le dragon ou l'homme. Le jour les avait oubliées depuis longtemps...
¤ Cette chose n'avait pas de corps, elle était aveugle au soleil, c'était une créature d'un royaume sans lumière où il n'existe ni lieu ni temps. Elle devait ramper et le poursuivre à tâtons à travers les jours et les océans du monde, et ne pouvait prendre une forme visible que dans les rêves et les ténèbres. Pour l'instant, elle n'avait pas de substance, pas d'être que la lumière pût éclairer, comme le chant la Geste de Hode: L'aube crée et la terre et la mer, des ombres elle tire des formes, et renvoie les rêves au royaume des ténèbres.

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La lecture de ce livre s'est réalisée dans le cadre du Cercle d'Atuan.
Retrouvez les critiques des membres: (Disponibles au fur et à mesure de leur publication)
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