Une marque de passage de Compagnon charpentier au château de Durtal (49).

Par Jean-Michel Mathonière

Gentiment signalé par un habitué du site, Bernard Gasté, un graffito du château de Durtal (49) représentant un compas, une équerre, une bisaigüe entrelacés et accompagnés des lettres triponctuées S G, d'une part, et V L S D S, d'autre part.

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Marque de passage d'un Compagnon charpentier du Devoir de Liberté au château de Durtal. © Photographie de Philippe Brunetaud.

Il s'agit sans aucun doute d'une marque de passage par un Compagnon charpentier du Devoir de Liberté. Si les outils entrelacés désignent incontestablement un Compagnon charpentier (la besaigüe est l'outil emblématique de la profession), ce sont les lettres qui permettent, en cette occurrence, de dire qu'il s'agit d'un Compagnon du Devoir de Liberté et non d'un Compagnon Passant Bondrille.

En effet, la ligne de lettres triponctuées du dessous doit s'interpréter comme signifiant : Vivarais (ou autre nom de province commençant par V, par exemple Valentinois) Le Soutien De Salomon. Ce surnom est typique des « Indiens », les Compagnons charpentiers du Devoir de Liberté qui se réclament de Salomon comme fondateur mythique.

Les lettres S et G disposées de part et d'autre de l'emblème sont les initiales du nom d'état civil de ce Compagnon. Un Compagnon charpentier des Devoirs saura-t-il nous aider à identifier celui-ci ? Il faut ici rappeler que les Indiens sont nés vers le début du XIXe siècle et qu'après des décennies de luttes acharnées au milieu du XIXe avec les Bondrilles, ils ont fusionné avec la majorité de ceux-ci en 1945, formant ainsi l'actuelle société des Compagnons charpentiers des Devoirs.

De fait, cette marque de passage date assez probablement d'entre 1850 et 1950 (grosso-modo, pour simplifier la fourchette), et elle aura certainement été réalisée lors d'une restauration des charpentes de ce château datant pour sa part des XVe, XVIe et XVIIe siècles.