Carbone et fiscalité

Publié le 07 août 2009 par Jlhuss
[benjamin participait au débat sur la note “Le diable carbone “]

C’est moi qui reparlais de la vignette et je persiste. Quelque soit l’État, il a besoin d’impôts pour vivre (le degré d’imposition et de redistribution est - en gros - déterminé en fonction du choix de société que les citoyens ont voulu, du moins en démocratie)

On ne va pas ressortir la bonne vieille scie de la vignette qui était “pour les vieux”. C’était un argument politicien, mais un non sens en matière de comptabilité publique, puisqu’on range toutes les recettes d’un côté, et toutes les dépenses de l’autre.

De même qu’on essaye de faire les dépenses les plus nécessaires possibles, il semble logique de rechercher les recettes les plus adéquates (je parle “en général” et “dans l’idéal”, n’allez pas me cherchez des poux sur la tête avec la situation du moment ou du passé)

Celles-ci obéissent à divers paramètres:

- être relativement “justes”. L’IRPP est plus juste que la TVA, la CSG est moins injuste que les cotisations salariales (exemples parmi d’autres). Les taxes sur l’alcool sont plus logiques que sur les produits de base, etc.

- être incitatives ou dissuasives, pour qu’elles influent sur le comportement des citoyens, et cela pour le bien public. Si vous instaurez une vignette dont le montant est calqué sur le taux de rejet CO2+particules et sur le prix du recyclage du véhicule (l’éco participation) et que l’éventail des tarifs de la vignette va de zéro (ou tout comme) pour les moins de 100g/km à plusieurs milliers d’euros pour les Porsche Cayenne, d’une part vous changez les comportements - sauf pour quelques fondus du bulbe, mais ils payent cher le prix de leur déviation - d’autre part vous dégagez des recettes qui permettent éventuellement une vignette “négative”

Par exemple, le type guidé par on ne sait trop quel masochisme qui s’achèterait en 2011  une chaudière à fuel neuve  va payer une “vignette chaudière” et celui qui se paye une pompe à chaleur reçoit un prêt à taux zéro calculé de manière que les économies d’énergie ainsi réalisées payent peu ou prou les mensualités  de ce prêt. Economie, et non utilisation de produits fossiles (on ne pratique pas la rétroactivité intégral , sinon tout le monde changera son moyen de chauffage - ce qui ne veut pas dire qu’on n’instituerait pas une sorte de “prime à la casse” pour les moyens de chauffage non performants)

Tout est affaire de volonté politique et ce sera possible quand les partis classiques cesseront de déléguer l’écologie aux zozos verts (surtout autoproclamés “experts” ou “militants de la cause”), et de l’intégrer à 100% dans leurs programmes.

Les citoyens de maintenant sont bien trop “chauffés” - à mon sens” par les injustices fiscales démesurées t pour tolérer un système où seule la “ponction” se verrait, sans qu’on n’aperçoive le “pourquoi du comment” et les éventuels avantages.

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Citation de Guy

“au fait je n’ai rien entendu ou lu de nouveau sur les gros pollueurs industriels résponsables de 22% de la pollution ou les producteurs d’énergie 37 %…???
suivant la DRIRE.
…deux poids deux mesures comme d’hab.”

FAUX. D’abord, le protocole de Kyoto permet déjà de taxer les émissions carbones des industriels, avec la simple nuance que ceux qui disposent d’un bilan “positif” peuvent échanger leurs tonnes CO2 avec ceux qui ont un bilan négatif. Il y a même une bourse “CO2″ et des cotations quotidiennes (pourquoi croyez-vous que Volkswagen achète des dizaines de milliers d’hectares de forêts tropicales?) Et si le prix de la tonne CO2 s’est récemment effondré, c’est à cause de la récession mondiale et de la baisse d’activité.

Que ce système hautement capitalismo-financier me déplaise au plus haut point, que je lui préfère un autre plus simple: “tu pollues, tu raques”, c’est un fait. Mais le camarade Makhno vous rappellera mieux que moi que les canons sacrés de l’ultralibéralisme version financiarisée sont ceux qui régissent le monde en ce moment.

Il est facile de comprendre que si l’on taxait de manière unilatérale nos émissions industrielles de CO2 (de même d’ailleurs que nos émissions agricoles…), notre pays (ou l’UE si ça se décidait à ce niveau) deviendrait une gigantesque friche industrielle en moins d’une décennie et que le nombre de chômeurs quintuplerait - puisque la mondialisation est forcément “bienheureuse”. De même qu’il y a un dumping fiscal, il y a un dumping environnemental (Mittal ne s’est pas gêné pour faire du chantage au maintien de ses haut-fourneaux européens subordonné à une absence de taxe-carbone!).
Donc le protocole de Kyoto évidemment élargi (maintenant que les USA vont y adhérer et même aller au devant) est encore la moins mauvaise solution.

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Enfin: je ne nie pas l’épuisement des ressources fossiles (bien qu’à mon sens le danger numéro 1 soit celui de la mort de la planète quand le dégèlement du permafrost sera engagé de manière irréversible)

Je dis qu’il y a les réserves connues en cours d’exploitation (qui étaient souvent inconnues il y a quelques décennies)

les réserves encore inconnues.

Les processus de remplacement (ex: carburants liquides à base de charbon: la Wehrmacht roulait avec ça, ce n’est donc pas révolutionnaire; il faudrait juste rationnaliser les coûts de fabrication)

S’il n’y avait pas l’Autre Problème (réchauffement) on aurait quelques décennies devant nous. Et regardez les bouquins de sciences ou même les manuels scolaires d’il y a quelques décennies! Qui peut sérieusement dire qu’on pouvait prévoir le monde d’aujourd’hui en les parcourant? En 1960, selon eux, l’indice de puissance absolue pour un pays, c’était la production de charbon et la capacité à fabriquer de la fonte et de l’acier. En 1970, à peu près personne n’avait prévu la révolution informatique, du moins sous la forme qu’elle a prise. Idem, personne ne peut prévoir le monde de 2030 - d’autant plus que les évolutions vont en s’accélérant toujours.

Dans quelques décennies on aura - à coup sûr - la pile à hydrogène et vraisemblablement la fusion ce qui repoussera le manque de disponibilité de l’énergie aux calendes grecques. 

Le problème n’est pas l’épuisement des ressources fossiles, bis repetita, le problème c’est le RÉCHAUFFEMENT. Et ça, ça presse et ce sera irréversible.

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PS: pour la “taxation des piscines” évoquée de façon liminaire, je sais, c’est marginal et accessoire. Mais je suis fatigué de payer pour des pignoufs qui imposent à la collectivité des moyens de production pour des besoins futiles et accessoires. Comme on ne peut pas INTERDIRE, qu’on fasse raquer! Ou alors qu’ils la branchent sur le toit de leur baraque pour récupérer l’eau, après l’avoir filtrée et qu’ils la chauffent avec des panneaux solaires non subventionnés.

Benjamin