"L'attaque du métro 123"

Par Loulouti


Pas facile de réaliser le remake d’un de l’un des classiques du cinéma des années 70. Et pourtant Tony Scott s’en sort admirablement bien avec son film "L’attaque du métro 123" qui revisite à sa manière l’œuvre de Joseph Sargent, "Les pirates du métro" qui voyait s’opposer il y  a 35 ans les incontournables Robert Shaw et Walter Matthau.

Il faut savoir par exemple que les noms des personnages de l’opus de 1974 (Mister Brown ou Pink) ont inspiré Quentin Tarantino pour "Reservoir Dogs"

Ryder (John Travolta) et ses acolytes prennent en otage les passagers de la rame "Pelham 123" du métro de New York et réclament 10 millions de dollars de rançon. Walter Garber (Denzel Washington), rétrogradé simple contrôleur au PC nu métro de NYC pour une sombre histoire de pots de vin touchés, devient l’interlocuteur des malfrats. Les autorités, représentées pas le Maire de la ville (James Gandolfini), ont une heure pour rassembler l’argent sinon un otage sera abattu.

Je pense que je peux affirmer que nous connaissons toutes et tous le style de Tony Scott. Ses longs métrages sont nerveux, plein de rythme et de rebondissements. "L’attaque du métro 123" ne déroge pas à la règle. Son film est un condensé d’action mais avec juste ce qu’il faut pour nous emballer. Nous n’avons pas le droit à une surenchère de pyrotechnie. Les cascades sont opportunément disséminées ça et là pour prendre le pas sur le suspense et la tension quand c’est nécessaire.

Cependant le film nous en donne pour notre argent et se révèle très passionnant. Un bon et gros divertissement pas forcément nécessaire sur une année entière de cinéma mais plaisante et distrayante.

Indubitablement l’œuvre de Tony Scott a cet accent de thriller psychologique qui voit une pression s’installer très rapidement et qui ne s’achève que dans les toutes dernières minutes du film. Le meilleur moyen de restreindre le champ d’action des personnages est de les enfermer dans un lieu clos. Tony Scott à l’habitude de procéder ainsi.

Dans "U.S.S Alabama" l’exiguïté d’un sous-marin nucléaire américain lanceur d’engins avait déjà permis à une très forte opposition et à des tensions incroyables d’éclater entre Gene Hackman et…Denzel Washington. Dans "L’attaque du métro 123" le schéma est quelque reproduit. L’immobilisme, l’obscurité, l’étroitesse restreignent forcément le champ des perspectives et font naître des situations de crise.

Le scénario se révèle plus fin que le résumé du film ne voudrait le laisser entendre. Nous voyons surgir la crise financière et la spéculation boursière là où nous nous y attendons le moins. L’idée est excellente et fait mouche.

Tony Scott est intelligent dans le traitement de ses personnages. Le pivot du long métrage n’est pas un héros mais un type ordinaire, ayant certainement une mauvaise action à se reprocher, qui se trouve au mauvais endroit et au mauvais moment. Mais l’homme va puiser au fond de lui des ressources insoupçonnées et sait utiliser un vécu professionnel dense pour contrecarrer les plans des malfaiteurs. Le fait que l’action se déroule dans la ville de New York, dans un contexte post 9/11, rend les choses plus simples. Les figures héroïques sont peut être passées de mode, le temps des gens simples est certainement arrivé.

Denzel Washington fait comme à son habitude étalage de son habituelle classe et d’un jeu d’acteur sans fautes de goût. James Gandolfini campe un maire empreint d'un cynisme gentillet avec beaucoup d’assurance.

Mais l’attrait de "L’attaque du métro 123" réside surtout dans la performance de John Travolta. Certains diraient qu’il surjoue ou qu’il en fait des tonnes mais moi j’ai particulièrement apprécié son rôle de "Bad guy" de service à l’étrange personnalité. Le bonhomme est à la fois un frapadingue, un pervers et un astucieux voleur.

"L’attaque du métro 123" vous permettra de passer un excellent moment à coup sûr. Sans en faire des tonnes, Tony Scott capte son auditoire sans difficulté.

Je me suis régalé.