la fabrique du mur de l'Atlantique à Tréguennec

Publié le 10 août 2009 par Micheltabanou



Près de Tréguennec, cet été, je me suis longtemps demandé ce qu’était cette construction. Je devinais bien qu’elle était issue de cette déviance absolue de la pensée nazie et que son but n’était en rien destiné à promouvoir les droits de l’homme ! Mais aucune explication, aucun balisage, aucun panneau pour m’orienter et résoudre mon interrogation. Le secours d’internet m’ a été nécessaire  pour me révéler ce que je craignais…


…Au cours de l'année 1942 l'organisation TODT et l'armée allemande commencent l'installation de cette usine destinée à pourvoir en galets les constructions en béton du mur de l'Atlantique. La matière première était extraite d'un cordon littoral qui s'étendait sur environ 12 kilomètres, avait 100 mètres dans sa plus grande largeur et dépassait souvent 5 mètres de hauteur. Cette digue naturelle, quoique très entamée, existe encore. Elle s'appelle l'Ero Vili, du breton ero, chaussée, et vili, galets. Des wagonnets, roulant sur des rails posés à même la crête de l'Ero Vili, étaient chargés et remorqués vers une grande casemate qui leur servait de rampe pour basculer leur contenu dans des wagons-tombereaux par l'intermédiaire de trémies. Une ligne de chemin de fer spéciale fut construite pour relier cet endroit à Pont-L'Abbé et rejoindre le circuit ferroviaire national. Durant trois ans, le chantier travaille jour et nuit, emploie plus de quatre cents ouvriers, une cinquantaine de soldats, et expédie quotidiennement de six à dix convois de galets dont certains comportent jusqu'à cent wagons. On estime à 1 million de tonnes le matériau charroyé. Il est utilisé pour la construction des bases sous-marines et des blockhaus de la plus grande partie du système défensif allemand sur les côtes françaises. À partir de 1943, l'organisation TODT employa un concasseur pour réduire les gros galets, et le maréchal Rommel vint visiter les installations au début de l'année 1944.


Je trouve indigne pour la mémoire des victimes qu’aucune mention ne soit faite sur le site pour informer le randonneur, le vacancier. Est-ce pour ne pas « blesser » le touriste allemand que l’on cherche à cacher cette plaie encore ouverte sur notre territoire. Je suis un européen convaincu mais n’accepte pas que cette défiguration, cette lèpre architecturale, industrielle et mortelle du nazisme ne puisse faire l’objet de cet obligatoire travail de mémoire. Sur ce lieu régna le travail d’esclaves et retentit encore aujourd’hui si on y prête attention le son cinglant des coups de schlague et les vociférations meurtrières des gardiens. Je me suis senti au cœur d’un dispositif monstrueux : tous les galets extraits ici ont bâti ce mur de l‘Atlantique, ce mur bâti pour empêcher mon peuple de se libérer du joug imposé par la meute hitlérienne.

 Il nous faut savoir ne pas oublier, il nous faut savoir expliquer, il nous faut savoir prévenir afin qu’aujourd’hui et demain l’ignominie abjecte nés d’esprits totalitaires et dépourvus d’humanité ne puissent reproduire cette déviance extrême. La lande de Tréguennec et l’Ero Vili millénaire méritaient mieux que cette irruption barbare de la lie nazie. Heureusement que l’océan, à quelques pas de là, les dunes franchies, peux nous restituer l’impression d’un infini où le rêve est encore permis et donner à certains vacanciers la bonne conscience de profiter de leurs loisirs…