L'inspecteur Harry et l'hygiène

Publié le 10 août 2009 par Mtislav
Dirty Harry sévissait à l’écran. On était en 1971 pour le premier opus. Don Siegel était à la réalisation, Clint campait l’inspecteur Harry Callahan aux prises avec un tueur en série, Scorpion. Ses méthodes expéditives laissaient penser que jamais le spectateur progressiste ne se laisserait aller à des sentiments affectueux pour un tel personnage. 
Ted Post a pris le relai (Magnum Force) puis James Fargo (The Enforcer) puis Buddy Van Horn (L’Inspecteur Harry est la dernière cible). Entre temps, Clint lui-même a mis en scène Le Retour de l’inspecteur Harry (Sudden Impact) au début des années 80.
James Ellroy nous a régalé au début des années 80 de ses romans au style extraordinaire sans pour autant échapper aux yeux de certains au soupçon quant à ses accointances idéologiques. La propre vie d’Ellroy constitue la matière de Ma Part d’ombre, enquête sur la mort de sa mère qui se confond avec celle sur le Dalhia Noir, célèbre affaire criminelle des années 50 dont Ellroy s’était déjà inspiré dans le premier volume du Quatuor de Los Angeles
Quand Michael Connelly a publié Les Egouts de Los Angeles au début des années 90, on pouvait penser qu’il y avait comme une odeur de plagiat dans l’air tellement les points communs étaient nombreux entre l’histoire personnelle d’Ellroy et la prose de Connelly. Mais l’inspecteur Harry Bosch nous séduisait sans nous laisser reprendre notre respiration au cours d’une quinzaine de volumes publiés à un rythme affolant. L’écriture est sans doute beaucoup moins originale que celle d’Ellroy mais peu importe, on peut suivre Harry résoudre ses affaires, mépriser les règles, se saouler, arrêter de boire et de fumer, recommencer, multiplier les aventures douloureuses et les histoires d’amour uniques avant de parvenir à se soigner douloureusement pour l’unique et dernière fois. Mais ça recommence...
Entre temps, les auteurs nordiques nous ont colonisés. Mankell nous a proposé un inspecteur plus âgé aux prises avec l’alcool et un syndrome de dépression a transformé la poursuite des tueurs en série en cure familiale et psychanalytique. C’est par hasard que je suis tombé sur Jo Nesbø. Au mois de juin, j’avais bien aimé L'homme chauve-souris et par hasard, je retrouve son héros dans L’Etoile du diable
Son inspecteur Harry se soûle, ne respecte pas les règles puis se soûle à nouveau. Il ne doit pas beaucoup se laver. Il faut lire le début de L’Etoile du diable et ce parcours étincelant d’une goutte de sang à travers l’architecture d’un bâtiment. A noter aussi la plus nauséabonde preuve matérielle de l’histoire du polar. 
Harry Hole - hole veut dire trou en anglais - est vraiment bien nommé. 
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