Plein Soleil de René Clément

Par Abarguillet

  


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Tom Ripley ( Alain Delon ) a été chargé par un riche industriel américain, Greanleaf, d'aller chercher son fils Philippe ( Maurice Ronet ) en Italie, où il mène une vie oisive en compagnie de Marge ( Marie Laforêt )  sa maîtresse et de quelques fêtards richissimes. Ripley se joint à eux, mais ne peut s'empêcher d'éprouver une profonde jalousie et envie à leur égard. Philippe, qui commence à deviner les véritables sentiments de Tom, l'humilie devant Marge. Au cours d'une croisière en Méditerranée où Tom et Philippe sont seuls, Tom le tue et jette son corps à la mer. Revenu sur la terre ferme, ce dernier imite partout la signature de Philippe et contrefait sa voix au téléphone, afin de se faire passer pour lui et obtenir de l'argent. Cependant un ami devine le stratagème, tant et si bien que Tom l'assassine en laissant croire que c'est Philippe l'auteur du crime. Puis il retrouve Marge et devient son amant après l'avoir persuadée que Philippe l'a oubliée. Il est prêt de triompher en s'étant approprié la fortune et la considération, lorsque la mer rejette le corps de Philippe et, qu'à la suite de cet événement, il est démasqué et confondu... 

Plein soleil réalisé en 1959 a fait l'objet d'une nouvelle version en 1999 et s'impose aujourd'hui encore comme l'une des oeuvres majeures du cinéma français, proche du Psychose d'Alfred Hitchcock de par sa structure qui se partage en deux parties séparées par un meurtre et par sa thématique générale où l'on voit le centre d'intérêt se porter sur l'un des personnages, puis sur l'autre, et montre comment un homme condamné en arrive à bâtir lui-même sa propre prison. Thème de l'enfermement qui multiplie les correspondances visuelles de la boucle au cercle et dresse une dimension véritablement poétique à cette oeuvre maîtresse de René Clément. En effet, l'intérêt de ce film réside dans son pouvoir de suggestion, cela grâce à des images savamment allusives qui retentissent fortement et ouvrent une dimension symbolique complexe et enrichissante. C'est que le réalisateur entend révéler les contradictions de ses personnages et la gémellité qui existe entre eux, l'un vivant au crochet de l'autre, au point que l'on assiste ensuite, de la part de Tom Ripley, à un véritable dédoublement, voire même à une usurpation, de la personnalité. Faire exister un mort et exister à la place de ce mort, c'est ce que Ripley parvient à réaliser dans un premier temps jusqu'à ce que le piège de la fatalité se referme sur lui, car le destin n'oublie jamais.


  


Les épithètes les plus laudatifs n'exprimeraient qu'incomplètement ce que cette oeuvre a de parfait dans sa composition, la beauté de ses images dues à la caméra d' Henri Decaë, qui a utilisé le procédé Eastmancolor de façon prodigieuse, la musique de Nino Rota ( dont le nom reste associé aux films de Fellini ) excellente comme toujours, et au jeu des acteurs, tous remarquables. Alain Delon, alors âgé de 24 ans, trouve là l'un de ces plus beaux rôles, tant il a su s'incarner dans le personnage de Tom Ripley et lui donner consistance ; Marie Laforêt, aux yeux d'aigue-marine, y faisait, quant à elle, des débuts prometteurs et Maurice Ronet, que l'on retrouvera auprès d'Alain  et de Romy dans La Piscine, il est, comme à son habitude, très juste et d'une froideur calculée dans cet homme gâché par l'argent et la vie facile. Un chef-d'oeuvre qu'on ne se lasse pas de revoir et qui prouve combien le cinéma français a imprimé une marque profonde dans le 7e Art.

Lire l'article que j'ai consacré à René Clément en cliquant  sur son titre :
René Clément et le cinéma d'après-guerre

Pour prendre connaissance de ma critique au sujet du film  La Piscine, cliquer  ICI