par monts et par vaux

Par Richard Gonzalez

(Glen Helen, Northern Territory, Australie, le 10 août 07)


On m'a un jour demandé, ici même, pourquoi je voyage. Un faisceau de raisons plus ou moins conscientes explique ce besoin. Une raison parmi les plus évidentes est d'aimer découvrir. Découvrir sans fin la vie. Plus je voyage, plus je m'aperçois de la difficulté d'appréhender la complexité du vivant à l'aune de notre regard civilisé. J'aime me perdre dans ce foisonnement jusqu'à ressentir l'ivresse de la dilution.

Selon le biologiste Edward Wilson, "Nous avons besoin de voyager librement dans des espaces n'appartenant à personne et protégés de tous, dont les horizons sont les mêmes que pour nos lointains ancêtres". Voyager rapproche ainsi de nos racines spirituelles. La nature humaine est plus profonde, plus vaste, plus unie au vivant que ces balises posées par notre civilisation ne nous le laissent entendre. Je reste persuadé que se cache, quelque part et partout, la réponse à un notre ultime mystère, le sens de la vie de l'Homme.

Voyager rend humble. Allons-nous en retrouver notre modestie originelle, au pied des glaciers de Patagonie, au bord des steppes immenses de Mongolie. Considérer une fois pour toutes que les montagnes sont insurpassables, prendre le temps de glorifier leur évidente beauté avant de sceller à leur sommet notre supposé génie technologique. Voyager, comme aimer, voyager avant que l'appauvrissement de la vie sur Terre ne nous condamne à l'errance ou à la fuite...